Quand la chance vous sourit, le miracle est possible. Les Verts, qui savent maintenant ce que c’est de porter le lourd fardeau de super favoris, ont en eu pour leurs frayeurs avant d’en profiter pour rester en vie. Voir désormais cette CAN 2015 avec plus de sérénité. De meilleures intentions.
«Adversaires» … à la pelle
Un statut de «super favori» à confirmer, le syndrome du premier match (l’Algérie n’a plus connu le goût de la victoire en début de tournoi depuis pratiquement l’édition d’Alger qui l’a vu- un vrai signe du destin ?- remporter son seul et unique titre majeur à l’échelle continentale), un terrain ne permettant finalement pas (de l’avis même du sélectionneur national à la fin de la partie) la conservation du ballon, des conditions climatiques (chaleur suffocante) extrêmes et une condition physique pas encore au point : cela fait beaucoup d’adversaires à la fois pour une Equipe nationale algérienne vérifiant au passage que ce n’était pas (ce ne sera pas) facile et la suite de la compétition (ils en sont conscients maintenant que la compétition a commencé et qu’un titre, comme dirait Bougherra, rejoint par l’ensemble du groupe, se joue sur le terrain et pas dans les colonnes des journaux) sera des plus rudes. Sans oublier que, pour cette entrée en matière problématique, il y avait un adversaire sud-africain qui a fait plus que de la résistance en dominant copieusement les trois quarts de la partie une fois le premier quart d’heure passé et qui a vu les coéquipiers de M’Bolhi, heureusement dans son jour et qui a joué au sauveur en annihilant deux occasions franches, sauvant ainsi son équipe d’un vrai naufrage à partir du moment où tout a commencé à aller de travers, rentrer dans leurs petits souliers. A battre de l’aile dangereusement et à jouer avec les nerfs de leur public. Beaucoup d’adversaires en une seule sortie. Cela a assurément pesé énormément sur la production des Verts qui passeront, à plusieurs reprises, n’eut été la super forme et la concentration maximale de son dernier rempart qui répondra présent lorsqu’il le fallait en sortant pas moins de trois buts tout faits, à côté de la correctionnelle. Une lourde défaite sans que personne n’ait trouvé à redire.
Loin du compte
Un onze méconnaissable et une des plus mauvaises, sinon la plus mauvaise, prestations depuis au moins quatre ans. Avec une défense très approximative, par moments dépassée par les évènements, comme absente sur certains rushs rondement menés par des Bafana-Bafana bien dans leur rôle d’outsiders et dont le moindre des mérites est d’avoir, sentant les Algériens largement à leur portée et comme écrasés par la foultitude de défis à relever en une seule partie, pris le match à leur compte. Pris l’initiative du jeu devant l’étrange passivité d’un Onze algérien ayant perdu son football et inhabituellement amorphe. Qu’ils sauront déjouer. Et bien. Malmèneront tant et si bien (notamment après le but, consécutivement à un lumineux mouvement offensif et un joli travail collectif, devant une incroyable absence de la défense verte, de Phala, cinq minutes après une pause-citrons qu’on souhaitait salutaire) qu’on pensera au pire, la soirée virant au cauchemar avant que la chance ne s’en mêle, les Algériens, K.O debout, remerciant à la fois le Ciel, la barre transversale de M’Bolhi et le malheureux Ranti, qui s’en voudra pour le reste du tournoi d’avoir trop levé son tir sur le penalty accordé fort logiquement par un arbitre ivoirien (Due Numandiez) assez généreux au passage pour avoir choisi le jaune au lieu du rouge, et donc la double sanction lorsqu’il sortira le carton de circonstance. Déjà un genou à terre deux minutes auparavant lorsque l’irréprochable M’Bolhi, en vrai Rais, découragera à lui seul les virevoltants attaquants «Jaune et Vert» en se montrant intraitable sur sa ligne, maître de sa surface de vérité et qui fera plus que retarder l’échéance (comme lorsque, coup sur coup, il imposera son talent à la 17e mn, après pourtant une sortie hésitante avant de rectifier le tir et de pallier les lacunes de son arrière-garde, ou à la 22e quand il s’illustrera à nouveau en déviant de justesse le tir puissant du capitaine Fulman, puis de faire appel à sa vista en sortant le grand jeu devant Vilakazi à qui il chipera le ballon des pieds et, enfin, permettant ainsi au tableau d’affichage de rester en l’état avant le retour aux vestiaires pour la mi-temps, dans le prolongement de l’action et devant le même joueur qui avait une autre balle de but, de sauver la mise alors que sa défense était à nouveau aux abonnés absents permettant ainsi d’éviter le pire et à ses camarades de se rassurer avant de revenir progressivement dans une partie qu’on sentait en train d’être perdue.
Chanceux comme pas possible
Un résultat qui ne tenait plus qu’à un fil. A la chance que sera, comme le soulignera avec un retour gagnant des Fennecs dans les débats, ce tournant majeur du match, quand Gourcuff, jusque-là en panne de solutions et voyant son équipe à la dérive, revient en «vie» avec le cadeau inespéré de Ranti chargé, sur penalty, de doubler la mise et de «tuer» le match. Un bon quart d’heure où l’on verra un Onze algérien dans le tempo avant de disparaître et de s’enliser, le cauchemar, l’enfer même avec ces longs moments d’approximation dans les trois compartiments du jeu et rendus insoutenables par ces «blancs» terribles de la défense colmatés par un M’Bolhi des grands soirs. Puis la lumière.
Le paradis carrément quand la chance (la marque des grands, le jeune Bentaleb, qui faisait sa toute 1ère apparition en phase finale de CAN, dira et on veut bien le croire, pour résumer la production des siens, que «Gagner après avoir mal joué est la marque des grandes équipes») virera au vert et sonnera la révolte de l’attaque algérienne avec la complicité (ça fait partie du jeu) du défenseur Hlatshwayo qui, gêné par Belfodil, trompera (66e) l’infortuné Darren Keet, qui aura le réflexe inouï, avant cette égalisation algérienne, de s’interposer devant Slimani dont la «Madjer» est détournée miraculeusement. Une belle parade qu’il ne rééditera pas aux 71e et 82e minutes quand les Verts prennent l’avantage à la marque (2-1) consécutivement à un bolide de Ghoulam dans les six mètres qui le fusille d’une terrible frappe du gauche, et font le trou (3-1), se mettent définitivement à l’abri en signant un succès miraculeux, le centre- avant du Sporting de Lisbonne, profitant d’une autre bourde pour mettre fin au signe indien qui le poursuit depuis ses débuts en phase finale de la CAN.
Pas de casse et des idées
La chance aura finalement constitué l’arme fatale des joueurs à Gourcuff ? A voir la tournure prise par les évènements en 1ère période où ils ont été transparents, les Verts en redemanderont sur la route de la qualification au prochain tour devant les deux gros écueils que constituent le Sénégal et le Ghana, les deux teams ayant développé, à l’occasion, des arguments autrement plus convaincants que cette formation sud-africaine dont le mérite, au-delà d’avoir malmené la bande à Brahimi (il nous doit une revanche pour la suite de la compétition qui sera autrement plus compliquée), aura été de les faire tellement douter.
D’en montrer certains défauts et sûrement beaucoup de limites que devrait penser, dans l’urgence (dans les 72 heures) avant le test ghanéen de vendredi, à corriger en alignant un onze autrement plus percutant en attaque et moins approximatif en défense. Un peu à l’image de ces 25 dernières minutes qui sonneront le réveil (tombé du ciel, toutefois) des Feghouli et consorts que permettront les changements opérés par Gourcuff et dont la conséquence première est d’avoir permis plus de fluidité dans le jeu, moins de perte de ballons, une meilleure homogénéité et de maîtrise dans l’entre jeu.
Cela donnera un succès peut-être chanceux mais qui aura le don de donner des idées au sélectionneur. Une victoire et des enseignements. Beaucoup de leçons. On prend. Surtout qu’il n’y a pas, derrière, de la casse. Une victoire bonne pour le moral. On oubliera vite que les Verts ont mal (très mal même) joué et on ne retiendra que les trois points et une 1ère place du groupe qui permet de voir venir.
A. A.