La corruption n’est pas un inconvénient isolé dans la vie d’un peuple, d’une nation. C’est un véritable fléau dévastateur qui s’est répandu sur toute la planète. On peut résumer son origine par le pourboire, puis le « pot de vin » avant que le monde n’assiste à la perversion du pouvoir causée par la puissance de l’argent. Dans notre société, la corruption peut être datée non pas au carbone 14, mais par la mémoire collective magnifiquement rappelée, d’ailleurs, par Keltoum, la vedette du film « Le Vent des Aurès » de Lakhdar Hamina. Tout au long du film, à la recherche éperdue de son fils arrêté par l’armée coloniale et porté disparu, la vieille femme, avec à la main droite un petit couffin et à la main gauche un poulet pour l’offrir au responsable qui lui ramènerait son fils. L’offrande, en nature, était une pratique populaire courante, avant l’indépendance. Pour amadouer ou demander la protection d’un Caïd désigné par l’administration coloniale. Un rituel qui s’ajoutait à l’impôt prélevé par ce même Caïd sur les récoltes et l’élevage des paysans. S’est également ajouté une autre notion bien plus ancienne. Celle du « Beylik » de l’époque Ottomane et qui désignait un territoire placé sous l’autorité du Bey. De fil en aiguille, le terme est devenu synonyme de la propriété de l’État. Non celle du peuple. C’est cette représentation mentale toxique, aux profondes racines qui cause des torts aux Algériens dans la gestion de leurs biens communs. Pour changer cette mentalité, la lutte sera forcément longue. Elle passe inévitablement par l’école. Mais pas que puisque la cellule familiale et la société civile ont une part importante dans l’éducation de l’enfant, l’adulte de demain. C’est tout le mérite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de penser à protéger les générations futures, contre la corruption. C’est cet engagement présidentiel qui s’est exprimé, samedi dernier, lors de la signature d’une convention entre le ministre de l’Éducation nationale, M. Mohammed Seghir Saâdaoui, et la présidente de la Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption (HATPLC), Mme Salima Mousserati. Un engagement palpable, œuvre de tous les jours et dans toutes les directions. Ses premiers fruits ne verront le jour que dans une génération au moins. Tebboune active sincèrement et réellement à une Algérie nouvelle, débarrassée des séquelles de l’ignorance, de la colonisation et de l’esprit féodal qui a suivi. C’est un engagement de plusieurs secteurs de l’État. À l’Éducation nationale et la Haute Autorité contre la corruption, devront s’ajouter d’autres intervenants. Des sociologues, des psychologues voire des psychiatres. Les femmes et les hommes de la culture et des arts. Sans oublier les médias. Tout en rappelant les différentes facettes de cette lutte. La prévention et la sanction seront menées en parralèle. Comme les programmes de lutte qui sont conçus pour le court, moyen et long terme. C’est un fléau. Pas une mince affaire !
Zouhir Mebarki