Par Ali El Hadj Tahar
La prolifération mondiale du coronavirus est le reflet d’une mondialisation globale qui agit sur tous les secteurs à la fois : politique, économique, écologique, environnemental, sanitaire…
La mondialisation, dominée par l’idéologie néolibérale et libérale, est elle-même devenue une pandémie à laquelle seuls résistent quelques États, dont ses hommes et femmes ont choisi un système socio-économique non libérale ou néolibérale, à l’exemple de Cuba, du Venezuela, de l’Iran… Ces derniers subissent pressions, embargos, déstabilisation et boycott, quand ils ne sont pas carrément bombardés, comme la Libye, la Syrie ou l’Irak. La pandémie du coronavirus est donc une des conséquences d’un système capitaliste qui, sur le plan sanitaire, est en train de dévoiler sa défaillance criarde au vu du nombre des cas de contamination, aux États-Unis, Italie, Espagne, France, Allemagne, Angleterre, où les plus vulnérables meurent par manque de moyens de lutte contre le covid-19, et ces pays persistent à refuser l’aide de Cuba, pays expérimenté, en matière de lutte contre les épidémie et les soins, et le maintiennent sous embargo, décrété depuis 60 ans. Si on n’est pas d’accord avec cette analyse, que des spécialistes sont en train d’étayer par de nombreux exemples, on ne peut rejeter la thèse de la liaison entre le Covid-19 et l’environnement. Lundi, en écoutant Bonatero qui n’a rien à voir avec les épidémies mais avec les plaques tectoniques et les astres, on apprend que les virus aiment la pollution. S’ils ont proliféré à grande vitesse c’est parce que Hubei est numéro 1 en la matière puisqu’elle est le poumon économique de la Chine, tout comme la Lombardie, la région la plus industrialisée d’Italie. En tout cas, c’est ce qu’affirme Vincent-Henri Peuch, directeur du Service européen de surveillance atmosphérique, Copernicus, qui dit que « la recherche sur le Covid-19 se penche sur une possible transmission par les particules en suspension », affirmant que «Le virus pourrait être transporté par la pollution».
C’est aussi dans ce sens que va Rob Wallace, un célèbre biologiste de l’évolution, dont l’idée est que le projet néolibéral est organisé autour de la surexploitation des richesses naturelles de la planète et de la course vers la surconsommation, d’où la destruction systématique des forêts en plus de l’utilisation outrancière de pesticides et autres produits chimiques, pour plus de production, pour plus de plus-value, ont briser l’équilibre écosystème, par la mort d’une bonne partie d’ insectes, d’ animaux et de plantes, réduisant la biodiversité à une peau de chagrin. En conséquence, dit-il, « nombre de ces nouveaux agents pathogènes, jusqu’alors tenus en échec par des écologies forestières en évolution constante, sont désormais libres, et menacent le monde entier». C’est ce que soutient aussi Sucre Romero, un aborigène BriBri du Costa Rica qui est le co-coordinateur de l’Alliance Mésoaméricaine des Peuples des Forêts : 25% des médicaments utilisés sur terre ont pour origine les forêts, dit-il, or les incendies et les déforestations sont une menace planétaire.
Par le maintien du système libérale et néo-libérale, l’Homme creuse ainsi sa propre tombe, par un mondialisme qui crée l’instinct consumériste, la gloutonnerie, la surconsommation, le gaspillage, l’addiction aux nouveautés et à la diversification des produits superflus de toutes sortes que nous mettons instinctivement dans notre panier, sans nous demander ce qu’ils ont coûté à la nature, pour, qu’au bout d’un temps, ils partent dans les poubelles. Les actionnaires des firmes les plus polluantes ne sont pas plus responsables que ceux des moins polluantes qui nous droguent de publicité pour changer de modèle, acheter toujours du neuf, jeter la vieille télé, les vieilles voitures même au nom de l’écologie, comme si l’environnement se réduisait à la quantité de CO2. Le système économique mondial n’est-il pas la première menace pour la survie de la planète et donc de l’humanité ?
Système dont ses représentants, à l’exemple du président brésilien, Jair Bolsonaro, n’hésitent pas à donner le feu vert à la déforestation de l’Amazonie, jusqu’à ne pas annoncer le confinement contre le Covid-19, qui frappe fortement les Brésiliens, dont ceux des régions les plus vulnérables. La nature nous accable pour chaque objet inutile et superflu que nous mettons dans notre couffin. Le virus n’est-il pas une sorte de vengeance de la nature qui nous enferme chez nous afin de moins polluer, voire ne plus polluer?
A. E. T.