Des signes qui ne trompent pas. En suivant simplement l’actualité, on peut dire que l’Algérie prépare un défilé militaire à l’occasion du 70e anniversaire du 1er Novembre 1954. L’importance de l’évènement tient à la reprise des défilés militaires interrompus dans notre pays durant plus de trois décennies. Ce n’est qu’en 2022 à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance, que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, Chef suprême des Forces armées et ministre de la Défense nationale, a décidé la reprise des défilés militaires. C’est une première pour le 1er Novembre. Les invitations officielles transmises aux chefs d’États confirment que le 70ème anniversaire du 1er Novembre 1954 sera célébré comme il se doit. Les annonces de changements de programme des vols des transports aériens pour la période du 23 octobre au 1er novembre prochain, indiquent que l’espace aérien national doit être libéré durant cette période pour les répétitions et le défilé prévus. Une célébration inédite avec défilé militaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Un moment de grandes émotions. Entre ce qu’étaient les moyens militaires lors de la « nuit de la toussaint » (dixit le journaliste français Yves Courrière) et ceux de l’Armée nationale populaire aujourd’hui, c’est la nuit et le jour. Le chemin parcouru va de zéro à l’infini. Des souvenirs remonteront à la surface. Notamment le souvenir du grand héros et chahid Larbi Ben M’hidi qui, lorsqu’il fut présenté à la presse après son arrestation, et suite à la question d’un journaliste français qui crut pouvoir le déstabiliser en lui reprochant de faire des victimes civiles avec les bombes transportées dans des couffins, eut cette magistrale et instantanée réponse : « Donnez-nous vos avions et nous vous céderons volontiers nos couffins ». Silence admiratif dans la salle. À l’époque l’aviation militaire française bombardait au napalm nos villages faisant des victimes civiles par milliers. Aujourd’hui nos « couffins » sont au musée. Des escadrilles d’avions de combat de dernière génération les ont remplacés. Nos chouhada seraient fiers de leurs enfants, eux qui ont commencé le combat avec des armes datant de la Seconde Guerre mondiale. Comme le chahid Didouche Mourad qui trouva la mort, les armes à la main, lors d’un accrochage avec l’armée coloniale quelques semaines seulement après le 1er Novembre 1954. Sans armée de l’air, sans marine, sans chars, notre lutte de libération nationale a été menée avec courage et détermination durant huit longues années par nos moudjahidine qui crapahutaient les montagnes sans aucun moyen de transport. En face l’armée française était suréquipée. C’était une puissance militaire qui bénéficiait, en plus, des moyens de l’OTAN et même de l’aide directe d’Israël qui était venue combattre nos maquisards. Le prochain défilé militaire comportera des moments de grandes émotions. Les « couffins » sont au musée. Aujourd’hui l’Algérie est une puissance régionale. Gloire à nos martyrs !
Zouhir Mebarki