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Le Soudan et la main invisible

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Et si le Soudan était ce conflit qui tombe dans les oubliettes d’une communauté internationale qui a déjà fait ses preuves d’impuissance, comme à Ghaza mais aussi un peu partout où les guerres déchirent les peuples ? Le monde ne peut pas se permettre de regarder, sans bouger le petit doigt, sur la guerre fratricide que s’est livrée, depuis le 15 avril 2023, les deux factions militaires qui se disputent le pouvoir. D’un côté, il y a les Forces armées soudanaises (SAF) dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, de l’autre les Forces de soutien rapide (FSR) menées par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti ». Mais les deux parties ne peuvent être sur un pied d’égalité. La première est de facto au pouvoir et jouissant de la reconnaissance de la communauté internationale, tandis que sa rivale, soutenue ouvertement par les Émirats arabes unis, est à l’origine des hostilités. Les paramilitaires de « Hemetti » ont établi un siège autour d’El-Fasher, pendant plus de 500 jours, avant de prendre totalement le contrôle, il y a quelques jours, de la capitale de la province de Darfour. Les milices des FSR ont commis un bain de sang versé par des dizaines de civils. Le chiffre donné par l’Organisation mondiale de la santé est choquant. Plus de 460 patients et accompagnateurs ont été massacrés dans la maternité d’El-Facher. Les organisations internationales, continentales et régionales ont condamné nommément les « atrocités » des FSR. Pendant ce temps, le président de la transition, al-Burhan a donné ordre à ses troupes d’abandonner le terrain à son rival pour « éviter » d’autres bains de sang. Ces réactions ne peuvent, pour autant, absoudre la communauté internationale de sa responsabilité dans l’escalade meurtrière au Soudan. Combien de fois le représentant du Soudan à l’ONU a-t-il dénoncé et mis en garde contre l’ingérence flagrante d’Abu-Dhabi dans un conflit soudano-soudanais ? Quand bien même le Conseil de sécurité a adopté une résolution contraignante à l’égard des forces étrangères qui soutiennent les FSR, cela fait une année qu’on a fermé les yeux sur les massacres de civils, la famine, les déplacements forcés, les milliers de réfugiés à Darfour. Face à l’inertie de la communauté internationale, nous assistons à un général, Mohamed Daglo en l’occurrence, qui avance en roue libre. Il agira peut-être même impunément désormais. Après la prise d’El-Facher, il dira, chercher « l’unité du Soudan par la paix ou par la guerre ». Le Conseil de sécurité de l’ONU est, au mieux, n’a rien vu venir et, au pire, il a laissé pourrir la situation comme le souhaitaient les forces du mal qui tiraient les ficelles à partir des Émirats arabes unis. Il est temps d’arrêter le massacre des civils.

Farid Guellil

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