Le président Abdelmadjid Tebboune a reçu, mardi, à Alger, les lettres de créance du nouvel ambassadeur du Mali en Algérie, Mohamed Amaga Dolo. Cet événement signe la fin de la brouille diplomatique et confirme le retour à la normale des relations entre les deux pays. Dans ses déclarations à chaud, le diplomate malien a dit avoir transmis au président Tebboune « les salutations fraternelles et amicales de son frère et homologue le général d’armée, Assimi Goïta ». Maintenant, il faut aller de l’avant. Mais rappelons d’abord comment en est-on arrivé là. Les deux voisins se sont querellés fin 2023. L’accueil solennel réservé par Alger à l’imam Dikou, était la cause d’un incident diplomatique. Il faut savoir que cette figure emblématique et influente du Mali était en mauvais termes avec les autorités de la Transition. À la suite de quoi, le Mali avait accusé l’Algérie d’ingérence dans ses affaires intérieures pour prétexter la dénonciation de l’accord d’Alger. Ces allégations étaient infondées sachant que l’Algérie ne badine pas avec la souveraineté des États. Pour autant, Alger n’a pas réagi à ce geste d’ingratitude. Elle n’avait pas perdu son sang-froid en étant au fait des manœuvres des forces extérieures qui cherchaient, derrière, à envenimer ses relations avec le voisinage sud. En effet, en perte de vitesse, les puissances étrangères tiraient les ficelles pour maintenir leur influence dans cette région stratégique. Prenons, par exemple, la France. Chassée jusqu’au dernier soldat dans le Sahel, Paris a perdu ce qu’elle croyait être son arrière-cour. Aujourd’hui, il y a moins d’immixtions étrangères. Les tensions avec nos voisins du sud se sont apaisées. Le temps a donné raison à l’Algérie. Et s’il fallait une preuve de plus à nos bonnes intentions, le président Tebboune les avait exprimées, avec force conviction, début février dernier, dans le journal français L’Opinion. « L’Algérie ne cherche pas à administrer le Mali que nous considérons comme un pays frère pour lequel notre main sera toujours tendue », a-t-il déclaré. Qui plus est, notre pays a mis la main à la poche pour développer des projets au Sahel. Des spécialistes algériens, eux aussi, étaient perspicaces en prévoyant un retour à l’apaisement. Le chercheur et expert en relations internationales et spécialiste de l’Afrique, Ahmed Kateb, que nous avions reçu, début février dernier, au niveau du forum du Courrier d’Algérie, était d’une analyse prémonitoire. « Rien n’empêcherait la reprise du dialogue entre deux voisins et deux frères qui présentent, l’un pour l’autre, un prolongement stratégique », a-t-il pronostiqué. En parlant du Sahel, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, fédérés dans l’Alliance des États du Sahel (AES), viennent de claquer la porte de l’Organisation internationale de la Francophonie. Encore un coup dur pour la France dont la zone d’influence se réduit comme peau de chagrin. Tenons-le pour sûr, l’Algérie aura son mot à dire !
Farid Guellil