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LE PROJET A BÉNÉFICIÉ RÉCEMMENT D’UNE AUTRE ENVELOPPE DE 700 MILLIARDS : Les travaux de la restauration d’Alger au forceps

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Un visiteur lambda qui vadrouille dans les rues de la Capitale l’aura remarqué. Plusieurs chantiers, qui concernent la restauration des vieux bâtiments dans le grand Alger-centre, sont ouverts partout. Édifiés avant la période de l’Indépendance de l’Algérie, quelques
1 r800 immeubles imposaient depuis 2014 une restauration et une réhabilitation. L’objectif est double : conforter d’abord ces bâtisses pour les rendre habitables sachant qu’elles menacent ruine et puis donner un coup d’esthétique pour redonner à la Capitale sa beauté d’antan.

Force est de constater en effet qu’une grande partie de ce bâti est gagnée par la vétusté et la dégradation. Étant déjà vieux de plusieurs dizaines d’années, ces bâtiments, Haussmanniens pour la plupart, ont subi les aléas de la nature et du climat marin. D’autre part, outre l’altération du paysage urbanistique de la Capitale, tout ce bien architectural, avec tout ce qu’il charrie comme patrimoine historique et culturel, est voué à la disparition si les choses restent en l’état.
Autre motivation derrière ce projet de restauration : la menace qui pèse sur la vie des résidents qui n’est pas du reste. Pour cause, les habitations risquent l’écroulement avec tous les périls qui pourraient survenir sur les habitants. Dans une autre époque, la bande urbaine qui faisait la beauté du centre historique de la Capitale mérite plus d’égards pour la laisser gagner par l’érosion et la décrépitude. Les architectes-urbanistes sont unanimes : cette situation doit intéresser au plus haut point les pouvoirs publics, les autorités de la wilaya en particulier. D’où justement l’impératif de mettre les bouchées doubles dans le programme de restauration en cours, de surcroît pour une ville-vitrine du pays.
Une virée à travers les avenues et ruelles principales du Grand-Algérois, depuis la Place des Martyrs jusqu’à la rue Larbi Ben-M’hidi, fera remarquer au visiteur que des opérations de réhabilitation des vieux bâtiments y sont en cours. La cadence des travaux diffère d’un pâté de maisons à l’autre. Tous ces bâtiments, construits suivant le modèle de Georges Eugène Haussmann, haut fonctionnaire de l’administration française, sont chargés d’histoire. Ainsi, les ruelles glorifiées des noms des symboles de la Révolution algérienne, pour ne citer que les Larbi Ben-M’hidi, Zighoud-Youcef, colonel-Amirouche, Krim-Belkacem et Didouche-Mourad, font l’objet de travaux d’entretien et de restauration.
Ainsi, ces opérations d’entretien s’inscrivent dans une démarche mise en œuvre par les autorités de la wilaya d’Alger et se projette sur un plan d’envergure tracé à l’horizon 2030, qui prévoit un ensemble d’autres opérations de construction de nouvelles bâtisses à l’aura moderniste.
Si, de prime abord, les travaux concernent prioritairement les principaux immeubles du centre historique de la Capitale, il n’en demeure pas moins que ce programme est projeté à 2030.

700 milliards récemment injectés
Ainsi, sur les quelque 1 800 bâtisses Haussmanniennes concernées par la restauration, la moitié a nécessité une restauration profonde. Ce qui requiert des moyens financiers lourds. Outre les enveloppes déjà allouées à ce programme, tout récemment, le wali d’Alger a parlé d’un nouveau montant de 700 milliards de centimes injectés dans ce projet d’envergure.
Comme première étape de ce projet, l’opération porte sur la «sécurisation des habitations et la protection du patrimoine architectural», dont les travaux devant être achevés en 2029, a appris alors le maire d’Alger-centre. Et si le gouvernement a choisi d’abord Alger, c’est parce qu’elle est la capitale du pays. en effet, faut-il savoir que le patrimoine national en la matière s’élève à 1,9 million d’unités construites durant l’ère coloniale. Mais Alger, à elle seule, renferme 27% de ce patrimoine architectural sur un parc immobilier estimé à 7,2 millions d’unités habitables, à en croire les chiffres du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville.
D’ailleurs, la priorité dans les travaux de restauration est à focaliser sur le Centre mythique de la Capitale où l’urgence de confortement se fait sentir. Et pour cause, ce patrimoine architectural en décrépitude avancée abrite essentiellement les institutions publiques d’importance, à l’image de l’Assemblée populaire nationale, le Conseil de la nation.
En effet, nombre de ces bâtiments, qui relèvent du cœur d’Alger, ont été construits à partir de 1842, sous le cachet de Haussmann, alors préfet de la Seine (France), sont en décrépitude avancée. Cette dégradation est perceptible sur les façades et les murs composant ces bâtiments gagnés par l’usure, après avoir été longtemps privés d’un minimum d’entretien et de réparation, encore moins de fortification, ce qui aurait pu constituer, d’ailleurs, un «rempart» à même de résister aux multiples agressions de la nature.
D’ailleurs, les experts du domaine soulignent que ces immeubles nécessitent d’«avoir un carnet de santé et d’entretien», pour reprendre l’avis des architectes-urbanistes qui sont au fait de la situation urbanistique de la ville d’Alger, cités par l’APS. S’agissant de la mise en œuvre de ce plan de rénovation du vieux bâti, un expert estime que la procédure consiste, dans un premier temps, à un travail d’analyse, suivi d’un diagnostic du bâtiment, et enfin établir une fiche qui sert à l’élaboration d’un «carnet de santé de ces structures urbaines», avant de déterminer un autre «carnet spécifique» là encore concernant les besoins en matière d’entretien et de réparation, a-t-il indiqué. Ce même spécialiste a précisé également que cette démarche reflète une politique qu’il conviendra de mener à long terme. En effet, il s’agit d’un plan global qui devra être opérationnel, non pas d’une façon conjoncturelle, mais périodiquement et d’une manière régulière. Ainsi, selon cet expert, il sera question de rénover la plomberie tous les 20 ans, l’électricité 15 ans, la peinture 10 ans et, enfin, les travaux de renouvellement de la boiserie 25 ans, a-t-il précisé.

Les experts craignent le recours à la démolition
Ce vaste programme ne consiste pas en la seule réhabilitation et réparation des immeubles vétustes. D’autres structures urbaines, gravement atteintes par l’usure, vont devoir être tout simplement détruites et rasées. C’est ce qu’ont indiqué des architectes exerçant leur profession dans la ville d’Alger. Il s’agit de pas moins de cinq communes de la Capitale.
Le tout concerne des immeubles vétustes et mal entretenus pendant longtemps identifiés dans les commune de Bab-el-Oued, Sidi- M’hamed, El-Madania, Hussein-Dey et enfin El-Harrach. Cela toucherait également d’autres cités urbaines, dont il sera question de raser des quartiers entiers. Sur ce registre, des habitations situées sur les hauteurs d’Alger, à El-Biar notamment devraient être effacées du paysage urbain.
C’est du moins ce qu’à fait savoir, il y a quelques temps, Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts-architectes, qui regrette tout de même une démarche qu’il qualifie de «radicale», en appelant les pouvoirs publics à écouter les architectes algériens, et demander leur avis avant d’entreprendre une telle démarche. «Il faut arrêter l’hécatombe et désigner des experts-architectes, dont un millier exercent à travers le pays, et qui sont aptes à même d’établir un rapport sur l’état de santé de tous les vieux bâtiments, et suggérer des solutions par la suite, afin de sauver ce patrimoine de la démolition», a indiqué Boudaoud. En effet, les fortes pressions sur le logement semblent être à l’origine de la démarche des pouvoirs publics, qui sont animés à la fois par l’urgence de répondre à la demande des postulants à l’habitat, mais aussi à une volonté d’opérer une démarche visant à changer le visage urbain de la Capitale. En effet, les experts-architectes ne partagent pas forcément la vision des autorités. Ainsi, arguments, repères historiques et chiffres à l’appui, ils estiment qu’il est regrettable qu’un quartier, comme Bellouizdad, dont la construction a été menée entre 1875 et 1880 par des entrepreneurs français, soit délaissé et abandonné, depuis des années. C’est le cas d’ailleurs d’autres villes-patrimoines, dont le bâti commence à tomber, comme un château de cartes, telle que Bab-el-Oued, fondée à partir de 1838.
D’autres quartiers situés à Bab-Azzoun, près de l’actuelle Place des martyrs, le boulevard près de la Grande-Poste qui donne sur la baie d’Alger, celui de Franz-Fanon en allant vers l’ex-rue de la Marine ont été bâtis début des années 1942, a précisé le même spécialiste du domaine de l’architecture urbaine. Par ailleurs, s’agissant de la qualité des constructions faites durant la colonisation française, menées notamment par les architectes tels que Tuillier et Pouillon (français, ndlr) dans l’Algérois, les experts déplorent ce qu’ils considèrent de «laboratoire» du fait que ces bâtisseurs manquaient d’expérience, à tel point qu’ils se sont essayés à cet art, a-t-on indiqué. À ce titre, ils ont donné l’exemple le plus concret, notamment le quartier d’El-Madania.
Farid Guellil

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