Recevoir, en l’espace de quelques heures seulement, deux représentants diplomatiques de haut rang au palais d’El-Mouradia en dit long sur le rôle pivot de l’Algérie, passage obligé à toute voix plaidant pour le dénouement de la crise en Libye. Les derniers développements de la situation dans ce pays frère et voisin immédiat, sur lesquels Alger ne ferme pas les yeux, ont contraint deux capitales occidentales à consulter le président de la République lui-même sur ce dossier explosif.
Il s’agit, pour les ambassadeurs des Etats-Unis et de l’Allemagne reçus au palais d’El-Mouradia, respectivement lundi après-midi et lendemain mardi (Hier), de s’enquérir des efforts fournis par l’Algérie, elle qui s’est proposée le rôle de médiation dans le conflit. Lors de la conférence de Berlin à laquelle avait participé le président Tebboune, l’Algérie a coupé court à toute velléité d’ingérence étrangère, en se disant être prête à accueillir le dialogue inter-libyen. Récemment encore, le chef de la diplomatie nationale s’est prononcé sur l’initiative de l’ÉEgypte, bien qu’elle soit unilatérale, en prenant acte de sa feuille de route, prônant auprès du maréchal Khalifa Haftar un cessez-le-feu qui devait prendre effet depuis lundi dernier.
Ainsi, comme communiqué par la Présidence, « Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a reçu mardi 9 juin 2020, son excellence l’ambassadrice de la République fédérale d’Allemagne en Algérie, Mme Ulrike Maria Knotz ». Au cours de cette audience consacrée aux derniers développements de la crise en Libye, le président Tebboune a réitéré le plaidoyer de l’Algérie à la conférence de Berlin quant à la nécessité de faire taire le langage des armes, d’aller vers un cessez-le-feu. Et le tout sera couronné par un processus de dialogue politique ramenant autour de la table de négociations tous les belligérants libyens et exclusivement libyens, loin d’une quelconque intrusion extérieure. On s’en souvient, lors de la conférence de Berlin, la chancelière Allemande Angela Merkel a reconnu le rôle de l’Algérie, qui n’a jamais cédé aux «chant des sirènes », en restant attaché au principe de non-ingérence dans les pays tiers. Une position immuable qui lui a valu la prise en compte de ses propositions dans les résolutions finales de cette réunion.
Discussion « très productive », témoigne John P. Desrocher
Peu de temps auparavant, le président de la République a reçu, soit lundi après-midi, le représentant diplomatique des États-Unis en Algérie, John P. Desrocher, qui, au sortir de cette audience a tout aussi reconnu la consistance de l’échange qu’il a eu avec le chef de l’État algérien. « Lors de cette audience, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales ainsi que la situation en Libye et dans la région », indique un communiqué des services du palais d’El-Mouradia. Et si le pays de Donald Trump missionne son représentant diplomatique à l’effet de connaitre la position de l’Algérie sur les derniers développements en Libye, l’entreprise temoigne d’une solution incontournable défendue par l’Algérie, que d’aller vers un dialogue inclusif associant exclusivement toutes les parties libyennes en conflit. Preuve en est, les propos de l’ambassadeur américain. « J’ai eu une discussion très productive avec M. Tebboune. Nous avons couvert plusieurs aspects relatifs aux relations bilatérales entre les deux pays et nous avons parlé longuement aussi des défis auxquels fait face la région », a déclaré John P. Desrocher, à l’issue de sa rencontre avec le chef de l’État. Et d’ajouter : « Je pense que nous avons beaucoup de choses à faire en poursuivant nos objectifs. Je suis très content que nous ayons abordé la construction de cette relation et je suis ravi que l’on puisse continuer à travailler dans ce sens. » Au-delà maintenant d’un dossier régional qui intéresse au plus haut point les capitales occidentales, les États-Unis et l’Allemagne sont liés par des intérêts communs avec l’Algérie. Autrement dit, les relations bilatérales respectives aux deux parties avec notre pays ont été passées en revue lors des deux audiences.
Farid Guellil