Placée sous le thème « Développement local : évaluation et perspectives », la rencontre Gouvernement-walis, organisée par le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, a eu lieu, jeudi, au Palais des Nations (Alger), sous la direction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Cette « tradition » s’inscrit dans le cadre de l’évaluation des actions entreprises ces trois dernières années en matière de développement local.
S’adressant directement aux walis, en tant que premiers magistrats de wilayas en charge du développement local, le chef de l’Etat a invité, lors son allocution à l’ouverture des travaux de cette rencontre, ces commis d’Etat « à se libérer de l’hésitation et à faire preuve d’esprit d’initiative et d’audace, d’autant que cette étape est celle des défis stratégiques de la sécurité énergétique, alimentaire et hydrique. »
« Si nous avons porté notre choix sur vous ; c’est parce que vous êtes intègres. Les délits de gestion sont de deux natures : les délits administratifs relatifs (des erreurs) et les délits volontaires (intentionnels). Vous êtes ainsi protégés par la loi », a déclaré le président Tebboune pour « exorciser » cette peur de l’initiative, handicapante, qui s’est emparée de certains walis, et les encourager, par la même, à s’acquitter de leurs missions en toute quiétude.
Il a également tenu à rappeler les walis qu’ils sont des représentants de l’Etat au niveau local et qu’ils sont les premiers responsables dans leurs circonscriptions. Des statuts qui leur permettent d’agir en toute liberté dans le développement social et économique de leur région par la promotion de l’investissement et la diversification des sources de financement au niveau des wilayas en exploitant les moyens disponibles et l’amélioration des méthodes de gestion. « Vous êtes des chefs de gouvernement dans votre région. Libérez-vous donc et n’attendez pas les instructions du pouvoir central. Car en dehors de la Défense nationale, et de l’Éducation (la pédagogie), vous avez toute la latitude d’intervenir dans les autres secteurs, étant donné que vous êtes la cheville ouvrière de l’État algérien.», a ajouté le président Tebboune. Pour « motiver » encore plus les walis, le premier magistrat du pays, a salué leurs efforts et leurs contributions dans le « règlement des problèmes qui entravaient les entreprises pour des raisons bureaucratiques ou des vides législatifs », assurant que les décisions prises par les walis avaient permis, la création, en un laps de temps, de 600 à 700 unités économiques, en générant quelques 52 000 postes d’emplois, contribuant ainsi au développement local, au moment où le reste du monde se débattait dans une crise aigüe.
« J’attends de vous plus d’efforts »
Dans ce cadre, le président Tebboune, a appelé les walis à redoubler d’efforts pour consolider les acquis réalisés durant ces trois dernières années en œuvrant davantage pour l’amélioration des conditions de vie des citoyens, la promotion de la performance des structures et services publics, la levée des obstacles dressés devant les investisseurs, le développement de l’agriculture pour réaliser de meilleurs résultats avec la création de postes d’emploi au profit des jeunes, la création de petites et moyennes entreprises (PME), entre autres exigences du développement durable.
Le président de la République, a sommé, par ailleurs, les walis à être à l’écoute, du citoyen et de ses préoccupations à travers les instances constitutionnelles représentant les différentes composantes du peuple.
Les codes de commune et de wilaya pour consacrer de vrais élus
S’agissant de l’amendement des Codes communal et de wilaya, le chef de l’Etat a assuré que l’année 2023 sera celle du changement dans le fonctionnement des collectivités locales, précisant, à l’occasion, que les deux codes- communal et wilaya- subiront, à la lumière d’un nouveau projet, un changement significatif et non pas de simples modifications, et ce, pour avoir de vrais élus, et parachever ainsi le socle de l’édification participative, loin de l’autoritarisme et de l’autocratie.
« Le P/APS n’est pas un simple gestionnaire ou exécuteur de décisions. Il a ses prérogatives en tant qu’élu. Des prérogatives qu’il exerce dans un cadre démocratique et dans le respect de la loi.», a expliqué le chef de l’Etat qui croit dur comme fer que les collectivités locales sont la force motrice pour tout développement national. Mais pour bien faire, l’élu doit avoir la maitrise de tous les textes juridiques disponibles.
Le chef de l’État a relevé, à ce sujet, l’importance d’assurer « une formation périodique aux élus locaux » afin de leur permettre d’agir dans le cadre de la loi et de ne pas tomber dans des erreurs de gestion contraire à la loi comme par exemple dans l’octroi des autorisations pour l’exploitation des assiettes de terrain et le foncier en général entre autres.
Le président Tebboune a mis, toutefois, en garde les élus locaux contre tout dérapage pouvant découler de l’accomplissement de leurs fonctions.
« Eloignez-vous de l’autoritarisme et des décisions personnelles », qui vont à l’encontre des intérêts des citoyens et de l’Etat, a déclaré le chef de l’Etat à l’adresse de ceux qui ont la charge de gérer les APC.
L’année 2023 sera celle de la consolidation des acquis
Revenant aux perspectives 2023, le président Tebboune a assuré que l’année en cours sera « celle du renforcement des acquis et de l’amélioration des conditions de vie du citoyen » et qu’à travers cette rencontre, les autorités du pays tendent à « conférer une plus grande efficacité à l’action des collectivités locales avec une nouvelle approche capable d’amorcer le changement des mentalités et de rompre avec les pratiques bureaucratiques et parasitaires ».
Il a tenu à préciser, dans ce contexte, que l’opérateur économique, est un accompagnateur dans le chemin tracé par l’Etat et non pas un ennemi tant qu’il agit dans le respect des lois en vigueur, révélant au passage que des poches de résistance aux changements persistent toujours et que l’Etat va frapper avec une main de fer pour imposer son autorité. Pour couper court à toute mauvaise interprétation de ces propos, le chef de l’Etat, a précisé que l’Etat tend à imposer son autorité et non pas un autoritarisme.
Des indices de développement encourageants
Le chef de l’Etat a affirmé, dans un autre cadre, que l’Algérie a triomphé face à ceux qui ont misé sur son effondrement. Chiffres à l’appui, le chef de l’Etat a souligné que les réserves de change dépassent à présent « les 60 mds dollars », de quoi à assurer, en cas de crise économique, rassure-t-il, des importations sur deux ans et sans difficultés.
Evoquant les exportations hors hydrocarbures, le président Tebboune, a fait savoir que le pays a exporté et pour la première fois de son histoire, près de 7 milliards de dollars en 2022, avec une croissance économique de 4,1% au cours de la même année, et qui devrait atteindre 5% en 2023. Pour les importations, le président Tebboune a affirmé que celles-ci qui rodaient autour des 63 milliards de dollars en raison surtout de la surfacturation, ont été ramenées à un peu plus de moitié, et ce, sans que le citoyen ne soit privé de quoi que ce soit.
Brahim Oubellil