C’est un véritable coup de fouet que vient de donner le président de la République à la diplomatie algérienne, qui avait connu une véritable léthargie du temps de Bouteflika. En effet, l’Algérie veut réinvestir la scène internationale. Elle veut reprendre son rôle major aussi bien sur le plan continental, régional qu’international.
Il faut reconnaitre que les enjeux et les défis sont grands. L’Algérie doit reprendre l’initiative sur le plan diplomatique. Il faut reconnaitre que depuis l’épisode de la libération des otages retenus dans l’ambassade américaine à Téhéran (1979) et la crise des Grands lacs en Afrique (1994), la diplomatie algérienne a connu un repli sur la scène internationale. Et ce ne sont pas les compétences qui manquent, puisqu’il a suffi d’une volonté politique, exprimée par le président de la République pour voir des cadres, formés par l’université algérienne et dont les compétences sont reconnues à l’échelle internationale, se mettre en ordre de marche pour devenir le porte-parole de la Patrie.
Le chef de l’État a, dans ce cadre étoffé le département du chef de la diplomatie, en nommant à des postes clé, sept envoyés spéciaux, qui permettront à ce ministère de souveraineté de reprendre des couleurs et surtout de reprendre l’initiative sur des dossiers clés à l’instar de celui du Sahara occidental, la crise libyenne ou encore la sécurité dans la région du Sahel.
À ce titre, M. Tebboune a nommé Amar Belani, qui sera chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb. Ce diplomate chevronné, pur produit de l’université algérienne, a occupé plusieurs postes dont celui d’ambassadeur d’Algérie à l’ONU, ou encore représentant de l’Algérie auprès de l’UE et l’OTAN. Sa présence dans le staff de Lamamra, lors de la dernière réunion des pays voisins de la Libye, ne pouvait pas passer inaperçue et ce n’est qu’un juste retour aux affaires pour ce diplomate chevronné.
Les autres nominations qui s’inscrivent dans le même cadre sont celles d’Ahmed Benyamina, chargé des questions de sécurité internationale, de Boudjemâa Delmi, chargé des questions africaines, en particulier de la géostratégie de l’espace sahélo-saharien et de la présidence du comité de suivi de l’application de l’accord d’Alger sur la paix et la réconciliation au Mali.
L’Algérie, qui a parrainé cet accord, compte suivre ses différentes étapes de mise en œuvre car il s’agit non seulement d’une question purement politique mais aussi de sécurité si l’on tient compte de l’activité terroriste dans le nord du Mali. Il y a lieu de rappeler que ces deux diplomates ont occupé plusieurs postes aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Ces nominations vont également constituer un frein à l’activisme du Makhzen et son allié sioniste qui sont en train de mener une véritable guerre diplomatique à l’Algérie. Fort du soutien de l’entité sioniste, Rabat, avait avancé des pions dans le dossier du Sahara occidental. Mais ce ne fut que de courte durée puisque le retour de l’Algérie sur la scène internationale a redistribué les cartes et surtout ravivé l’option du règlement du dossier sahraoui dans le seul cadre des résolutions onusiennes, ce qui constitue un camouflet pour le makhzen.
La nomination de Nouredine Aouam, qui occupe actuellement le poste d’ambassadeur d’Algérie en Allemagne et qui avait également assumé la charge d’ambassadeur auprès de l’UA, répond également à l’impératif de donner un nouveau souffle à la diplomatie algérienne. Les dernières nominations traduisent également la volonté du président de la République d’accorder plus d’intérêt à nos concitoyens expatriés. Ces derniers trouveront en Mme Taos Haddadi Djellouli, qui a déjà occupé les fonctions de cheffe de cabinet au Secrétariat d’État chargé de la Communauté nationale établie à l’étranger et d’ambassadrice d’Algérie en Roumanie, un porte-parole qui saura transmettre leurs aspirations.
La diplomatie économique aussi
Concernant le volet économique et la volonté de l’Algérie de capter l’investissement étranger, notamment dans le cadre du schéma « win to win», le chef de l’État a fait appel à Abdelkrim Harchaoui, une compétence reconnue qui a occupé, par le passé, les fonctions de ministre des finances et du commerce. Mme Leila Zerrouki, qui sera chargée du dossier des grands partenariats internationaux. Cette dernière, a accompli une longue carrière de haut fonctionnaire qui a culminé avec sa nomination au poste de Secrétaire générale adjointe des Nations unies et cheffe de la mission de stabilisation de l’ONU en République Démocratique du Congo (MONUSCO). Elle a également assumé plusieurs charges sur le plan national où elle avait occupé le poste de magistrat qui lui ont permis de révéler de grandes qualités humaines et professionnelles.
C’est dire que la diplomatie est maintenant parée pour passer à la vitesse supérieure. Aujourd’hui, elle est en mesure de récupérer non seulement son leadership dans le continent et la région, mais aussi de se montrer offensive pour défendre l’intérêt du pays sur tous les plans.
Slimane B.