Le Discours sur l’état de la Nation prononcé devant les deux chambres du Parlement au Palais des Nations, a donné l’occasion au président Abdelmadjid Tebboune de faire le point du processus de récupération des biens et fonds pillés et détournés par les membres de la Issaba qui avaient un accès illimité aux ressources financières et foncières du pays.
Ainsi, « par le passé, les crédits bancaires ont atteint, des années durant, 5 000 milliards de dinars, dont seulement 10% ont été remboursés, car tout était transféré vers l’étranger », a fait savoir le Président Tebboune. « La lutte contre toutes les formes de corruption et la récupération des fonds détournés au peuple sous le règne de la Issaba (bande) a permis la récupération de plus de 30 milliards de dollars entre biens immobiliers, unités industrielles et sommes d’argent », a-t-il indiqué. « Le travail se poursuit pour récupérer les fonds détournés vers l’étranger », a assuré le Président Tebboune, soulignant que « nombre de pays européens ont affiché leur disposition à restituer les fonds détournés au peuple ». Le président Tebboune a révélé que « les résidus de la Issaba » avaient provoqué la pénurie des produits alimentaires et des liquidités, dans une tentative de déstabilisation et de démoralisation des citoyens pour saper leur relation de confiance avec l’État. Il a rappelé que « ces agissements s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre du plan tracé pour l’Algérie avant l’élection présidentielle, celui de ladite période transitoire pour rejoindre les pays arabes et étrangers déstabilisés à ce jour ». Dès le début de son mandat, le président Tebboune a insisté sur la nécessité de moraliser la vie publique, consacrer l’indépendance de la justice et renforcer la reddition de comptes, en veillant à mettre la gestion des affaires publiques à l’abri du pouvoir de l’argent. En septembre dernier, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption, il réaffirmait : le combat contre la corruption doit se poursuivre. Il concerne les Algériennes et les Algériens, chacun à partir de son poste, précisait-il. « Nous avons fait de grands pas ensemble dans la lutte contre la corruption et la responsabilisation des corrompus, et nous sommes toujours fidèles à cet engagement », écrivait-il sur son compte Twitter. Un mois avant, lors d’un Conseil des ministres, le président Tebboune avait appelé les Institutions de l’État à « poursuivre la lutte contre toute forme de corruption, quelles qu’en soient les ramifications, en coordination avec les instances et pays concernés ». La poursuite de la lutte contre les crimes de corruption consiste notamment dans la saisie et la confiscation de ces revenus à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Le président Tebboune a eu à faire constater que l’opération de récupération des fonds pillés et détournés, ainsi que les biens fonciers acquis de façon illégale à l’étranger exige « un effort, peut durer longtemps », mais il avait, toutefois, assuré que « l’État est déterminé à récupérer les fonds pillés, en collaboration avec les États européens ». La Cour d’Alger a déjà confisqué un nombre important de biens à l’intérieur du pays, suite à la condamnation des auteurs en vertu de jugements et d’arrêts définitifs, a rappelé le procureur général près la Cour d’Alger. La traçabilité des fonds pillés se fait vigoureusement à travers l’exécution de nombreuses commissions rogatoires destinées à plusieurs États dans le cadre de la coopération juridique internationale. Cette démarche a trouvé un écho favorable à l’international. Consacrée par la Constitution de 2020, la lutte contre la corruption est à même de jeter les fondements d’un système efficace susceptible d’éradiquer ce fléau, compte tenu des dispositions prévues à cet effet, notamment celles relatives à la protection de l’économie nationale et l’activation du rôle de la société civile pour contribuer à la gestion des affaires publiques.
M. R.