La rencontre habituelle de samedi dernier, avec les médias nationaux a duré près de deux heures. Mais trois minutes seulement ont été consacrées à la crise créée par la France contre l’Algérie. En réalité c’est plus un point d’ordre soulevé par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qu’autre chose. Après avoir qualifié la situation que traversent les deux pays de « brouhaha (et de) capharnaüm politique (en France) autour d’un contentieux créé de toutes pièces », notre Chef de l’État a rappelé qu’il se situe au-dessus de la mêlée. Il est clair que les convulsions obsessionnelles d’un Retailleau ou d’autres, quel que soit leur place sur l’échiquier politique français, ne peuvent pas le concerner. D’ailleurs, il l’a exprimé clairement en ces termes : l’Algérie et la France « sont deux États indépendants : une puissance africaine et une puissance européenne et deux Présidents travaillant ensemble. Tout le reste ne nous concerne pas ». Pour être plus précis encore, le président Abdelmadjid Tebboune n’a pas hésité à rappeler qu’il « garde comme unique point de repère, le Président Macron. Nous travaillons ensemble… il reste le Président de la République française…tous les problèmes doivent se régler soit avec lui ou avec la personne qu’il délègue, en l’occurrence son ministre des Affaires étrangères, à juste titre ». La personne que Macron délèguera au sujet de ce « dossier contentieux créé de toutes pièces » aura pour vis à vis notre ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, qui est « très compétent et qui a toute ma confiance » a souligné le président de la République. Ceci dit, Tebboune ne s’est pas privé de dire quelques mots sur « la liberté d’expression ». Dans un langage quelque peu trivial, il a précisé que pour certaines voix françaises « la liberté (d’expression) est “je dis ce que je veux et tu te la fermes” : On ne se la ferme pas ». Pour l’illustration, Tebboune a cité les « dreyfusards » qui ont adopté cette définition de la liberté d’expression et leurs victimes comme l’influenceur algérien qui s’est vu coller une OQTF pour avoir dénoncé le génocide à Ghaza. Nous nous sommes attardés sur ce sujet, pour une meilleure compréhension par le plus grand nombre. Sinon, la plus grande partie de la rencontre a été consacré au développement économique de l’Algérie, au dessalement d’eau de mer, à l’aspect social avec les augmentations des salaires à venir. À l’international, il s’est agi de la coopération interafricaine comme la transsaharienne ou encore le gazoduc Nigéria-Algérie. Le non alignement traditionnel de l’Algérie a été également abordé par le président Tebboune, notamment avec l’accord militaire signé avec les États-Unis qui n’entame pas notre coopération avec la Russie, la Chine, l’Inde. S’agissant de l’Europe, l’exemplaire coopération avec l’Italie et l’Allemagne a été mise en avant. En conclusion, le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, a signifié aux Retailleau et à ses semblables qu’ils ne sont pas de son rang !
Zouhir Mebarki