Le peuple sahraoui a tranché   

S’il fallait une preuve de plus à jeter à la figure du Makhzen et de ses alliés qui continuent à opposer le déni à la légalité internationale conférant au peuple sahraoui son droit à l’indépendance dans le cadre d’un référendum d’autodétermination, notamment dans le contexte de la réunion charnière du Conseil de sécurité des Nations unies de la fin de ce mois, devant traiter l’avenir de la MINURSO, ce même peuple sahraoui est sorti, hier, dans la rue, pour dire son mot, tout en rejetant, haut et fort, le plan d’autonomie qu’on tente de lui imposer. Ils étaient des milliers, de toutes les catégories d’âge, à avoir battu le pavé, le drapeau brandi dans le ciel, pour dénoncer le coup de force américain et pour réaffirmer que le droit à l’indépendance est incessible. Cette expression de la rue sahraouie traduit le sentiment d’un peuple qui combat contre une puissance d’occupation pendant un demi-siècle. Il faut avoir la mémoire courte et être frappé de cécité pour ne pas se rendre à l’évidence que tous les processus de lutte pour l’indépendance sont condamnés, tôt ou tard, à l’aboutissement. Autrement dit, toute « solution » qui sort du cadre du droit international, comme en témoignent la politique de l’autruche marocaine et de ses manœuvres dilatoires, est vouée à l’échec. D’autre part, en sortant dans la rue, le peuple sahraoui fait preuve d’un haut niveau de maturité politique. C’est-à-dire qu’il refuse que son avenir soit suspendu à des plans auxquels il n’a participé ni de près ni de loin. Sinon, comment expliquer le fait qu’on veuille imposer un plan d’autonomie à un peuple qui lutte pour l’indépendance depuis 1975 ? Pourquoi lui refuse-t-on une consultation référendaire pour lui permettre de décider, de lui-même, de son propre avenir ? On le sait, le Makhzen a toujours la trouille des résultats du référendum. D’ailleurs, les Sahraouis l’ont rappelé hier dans leurs slogans. « Nous ne sommes pas Marocains ! Nous refusons l’autonomie », pouvait-on lire sur des pancartes brandies à cette occasion. Le Makhzen refuse d’admettre cette réalité sociale, politique et juridique, mais ses alliés ne sont pas sans le savoir. La seule alternative de Rabat, ce n’est pas l’autonomie qui n’est qu’une forme de statu quo, mais celle d’œuvrer et de manœuvrer pour bloquer le plan onusien d’autodétermination. Mais, cette fois-ci, en s’appuyant sur l’épaule américaine en profitant du « pragmatisme de Trump », le Makhzen croit être en capacité de faire pencher la balance en sa faveur. Pour quel plan US ? Un projet de résolution soumis au CSNU pour prétendument résoudre le conflit opposant le Front Polisario et le royaume du Maroc, mais qui n’est en réalité qu’un coup de force voué à l’échec pour faire abandonner, à la MINURSO, sa mission de décolonisation d’un territoire non autonome et d’organisation d’un référendum pour d’autodétermination.
Farid Guellil