Dans une lettre publiée dans la revue du Commissariat aux énergies renouvelables et à l’éfficacité énergétique (CEREFE), le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a fait part de la détermination du gouvernement à « s’engager dès maintenant à asseoir les fondements d’une transition énergétique adaptée aux spécificités nationales ». Ceci, a-t-il ajouté, à travers la mobilisation de « toutes les potentialités du pays pouvant mener à une concrétisation réelle des objectifs tracés, sans oublier l’instauration de mécanismes d’évaluation continue et rigoureuse des progrès accomplis ». Cela fait partie, explique Abdelaziz Djerad, de la feuille de route élaborée sur la base des 54 engagements du président de la République, que le peuple a cautionné lors des élections du 12 décembre 2019. Pour réaliser ses ambitions, l’exécutif de Djerad « accordera une grande importance à la formation et la qualification des ressources humaines, la recherche et l’innovation afin de favoriser l’émergence d’une élite en mesure de relever les défis socioéconomiques, techniques et technologiques liés à la transition énergétique ». Il veillera également à créer l’écosystème approprié à une amélioration effective des cadres réglementaire et législatif régissant l’ensemble des activités énergétiques dans le pays, notamment celles destinées à attirer et diversifier les investissements, selon une gouvernance à l’épreuve de tout acte pouvant entraver le développement serein du domaine, lit-on également dans la contribution de Premier ministre. Le gouvernement entend aller de l’avant dans la concrétisation de toutes les promesses faites aux citoyennes et citoyens du pays, en veillant à la mise en place des transformations structurelles qui s’imposent quant à l’environnement socioéconomique en vigueur et lever par la même toutes les entraves et autres comportements bureaucratiques qui ont prévalu jusqu’ici. Il s’engage également à mobiliser, sans délai, les soutiens financiers nécessaires, dans l’objectif d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables et diversifier leurs usages dans l’ensemble des secteurs d’activités, créateurs de richesses et d’emplois durables. De telles mutations énergétiques sont en fait jugées inévitables pour l’avenir du pays, afin qu’il puisse intégrer la dynamique universelle qui s’impose dans le domaine et léguer ainsi un patrimoine sur lequel les générations futures peuvent compter.
« Refonte totale de notre politique énergétique »
Dans cette perspective, le plan d’action du gouvernement pour la mise en œuvre du programme du président de la République a d’emblée placé la transition énergétique au cœur des politiques de développement du pays, selon « le triptyque d’un renouvellement économique basé sur la sécurité alimentaire, la transition énergétique et l’économie numérique ». En effet, partant de la situation économique du pays, qui a jusqu’ici reposé sur une ressource non renouvelable et fortement assujettie aux fluctuations qu’impose le monde extérieur, tout programme visant le contournement d’une telle situation conduit inéluctablement à une refonte totale de notre politique énergétique , a admis le Premier ministre dans sa contribution. Étant conscient qu’à terme toute transition énergétique d’envergure vise avant tout l’Algérie de demain, elle devrait néanmoins servir dès aujourd’hui comme catalyseur pour une véritable amorce de développement ascendant et soutenu de la nation dans tous les domaines connexes. Il suffit pour cela d’identifier de manière sereine et rigoureuse tous les critères qui peuvent mener avec succès à l’objectif ainsi tracé.
Un tel engagement pourrait même être perçu comme l’ultime devoir de la génération actuelle afin d’apporter sa pierre à l’édifice et contribuer ainsi à éclairer le long chemin du progrès réel, a souligné Abdelaziz Djerad. Ce dernier étant sous-tendu entre autres par l’ambition de frayer pour le pays une place de choix dans le monde de demain et ce, conformément à la vision globale du président de la République, inspirée des attentes exprimées de manière claire et déterminée par les citoyens et citoyennes, eu égard aux grandes potentialités dont dispose le pays. À ce propos, insiste le Premier ministre, il est indéniable que l’Algérie, qui recèle un gisement de ressources renouvelables, notamment solaire, parmi les plus importants au monde, dispose également d’une étendue territoriale qui lui permet de tirer pleinement profit d’une politique énergétique tournée vers l’avenir. Toutefois, « ces prédispositions sont loin de suffire par elles-mêmes si on ne rompt pas avec le cycle infernal de dépendance chronique de l’extérieur en termes de maîtrise réelle du savoir universel et ses applications sur le terrain, les concepts techniques novateurs qui en découlent et enfin les progrès organiques qui les accompagnent. À ce titre, le gouvernement est déterminé à tout mettre en œuvre afin d’instaurer un modèle énergétique durable, où l’efficacité serait le maitre mot ». De ce fait, toute action permettant une optimisation accrue de la consommation interne de l’énergie, serait encouragée au même titre que celle pouvant contribuer à prolonger la durée de vie de nos réserves d’hydrocarbures en diversifiant les moyens de production d’énergie alternatives, notamment à base de ressources renouvelables.
Les volumes de gaz et pétrole ainsi épargnés pourraient ouvrir dans ce cas de nouvelles perspectives à travers un élargissement effectif des activités pétrochimiques locales dont les produits finis ont des débouchés réels sur le marché international, devenu trop incertain pour les ressources énergétiques primaires à l’état brut. Cette reconversion, conjuguée au développement des énergies renouvelables notamment à travers la composante solaire, dont jouissent assez équitablement toutes les régions du territoire national, permettrait d’assurer des revenus plus stables pour le pays qui, pourrait alors mener sereinement sa politique de développement loin de certains aléas extérieurs.
Comme corollaire à la dynamique ainsi envisagée, des activités industrielles liées au secteur de l’énergie et adaptées à l’échelle des PME/PMI, créatrices d’emplois et de richesses locales, seraient encouragées dans le cadre d’un schéma étudié au préalable et visant l’atténuation des disparités régionales. Quelques-unes sont par ailleurs programmées pour être déployées assez rapidement afin d’accompagner la mise en œuvre de certaines mesures prises récemment en perspective d’un élargissement effectif du concept d’efficacité énergétique. Ainsi, des économies notables sur la consommation intérieure d’énergie seraient attendues à court terme dans le transport, notamment à travers l’incitation publique à un recours plus accru au gaz GPL/C et GNC, l’habitat, l’industrie, l’éclairage public, les ressources en eau et l’agriculture.
L’électricité solaire dans le secteur agricole
Pour rappel, le CEREFE a préconisé, dans son premier rapport annuel, cette année, la généralisation de l’électricité solaire dans le monde agricole afin d’accompagner son développement et assurer ses besoins croissants. Ainsi, il est recommandé de généraliser le concept de micro-réseau qui « colle parfaitement avec la nature des besoins, de plus en plus importants, en énergie électrique du monde agricole, et la disponibilité d’espaces appropriés au déploiement des ressources renouvelables (assiettes au sol, grandes surfaces de toits exploitables) », selon le rapport du CEREFE.
Ce concept, basé sur des technologies d’énergie décentralisées pour assurer un approvisionnement mieux sécurisé, fiable et de qualité, peut se concrétiser à travers un investissement supplémentaire qui sera amorti assez rapidement, fait remarquer la même source. En effet, les agriculteurs peuvent diversifier leurs activités en produisant localement au moins une partie de l’électricité dont ils ont besoin à base de ressources renouvelables, et peuvent même opter pour injecter les éventuels excès sur le réseau moyennant une rémunération qui reste à définir par le gestionnaire du réseau. Cette alternative est à généraliser sur l’ensemble des 2 800 grands périmètres agricoles non encore raccordés, alors que près d’un millier l’est déjà, selon les données publiées dans le rapport. En outre, le CEREFE a mis en exergue l’importance de rendre disponibles les petites installations de génération autonome d’électricité solaire photovoltaïque, avec une capacité de stockage adaptée par batteries, au profit de certaines populations en milieu rural, notamment les nomades, et ce, « moyennant des subventions ciblées, si le raccordement au réseau électrique national s’avère excessivement coûteux ». Cette démarche a déjà été initiée par le Haut Commissariat au développement de la steppe (HCDS), qui couvre les 26 wilayas des Hauts-Plateaux, la Direction générale des forêts (DGF), le Commissariat au développement de l’agronomie saharienne (CDARS) ainsi que certaines directions des services agricoles (DSA) et, récemment, par le ministère de l’Intérieur.
Hamid Mecheri