Affichant une assurance sur l’état de santé des finances de l’état, près d’une année après la chute du prix du pétrole, de près de 70%, depuis juin 2015, le ministre des Finances Abderrahmane Benkhelfa a indiqué, hier, que les dépenses du pays sont garanties pour les « 23 mois prochains», a-t-il précisé, dans son passage hier, au Forum de la Radio nationale, Chaîne 1.
Ne manquant pas plus loin de souligner que la dynamique en cours de diversification de l’activité économique du pays pour sortir de la dépendance des recettes pétrolières, «est sur la bonne voie» selon lui.
S’abstenant de donner les grandes lignes du nouveau modèle économique, laissant le soin de le faire à son responsable, mais aussi celui qui l’a évoqué, en l’occurrence le premier ministre Abdelmalek Sellal, le ministre des Finances s’est contenté d’assurer qu’il drainera « le développement » économique du pays. Ajoutant sur cette même question, qu ‘ « il y a réflexion actuellement» avant d’indiquer que « Sellal aura à s’exprimer sur ce nouveau modèle économique»a déclaré Benkhalfa. Pour celui-ci, la situation financière des caisses de l’état n’est pas « critique», dans la mesure, explique-t-il, que le pays n’est pas endetté,« le délai» en référence des 23 mois, couvrant la période de la capacité financière de l’état à couvrir ses dépenses, est « confortable » dira-t-il en comparaison à d’autres pays, pour souffler une cadence soutenue des activités économiques, génératrices de revenus, à condition, souligne l’invité de la Radio nationale « de maîtriser les dépenses» et « la mobilisation optimale de nos ressources d’épargne » selon lui. Il est urgent, semble dire le premier responsable des finances du pays, de voir le PIB, comprendre des pourcentages importants» généré par des secteurs hors hydrocarbures, citant notamment, le domaine de l’agriculture, l’industrie et celui des services, dont le tourisme. Ce qui l’amène en ce sens de lancer, que la dynamique en cours pour y parvenir «se poursuivra » même si « le prix du pétrole rebondit à la hausse et atteigne les 100 $» a déclaré Benkhalfa. Assurant par ailleurs que l’Etat continuera d’assurer et de promouvoir « une politique sociale» dans des secteurs précis, citant l’Education, la Santé et la Solidarité, indique-t-il. Défendant la politique financière qu’il mène depuis qu’il a été nommé à la tête du ministère des Finances, Benkhalfa est revenu longuement sur les dernières mesures prises par son département pour ouvrir les voies à des sommes importantes circulant hors le circuit financier et bancaire, pour qu’elles y soient injectées mais aussi celles ayant trait à la «régularisation fiscale et la conformité fiscale» selon ses propos. Son département a pour mission principale «la sensibilisation » que « le contrôle et les sanctions» a-t-il déclaré. Assurant plus loin que la rationalisation et la maîtrise de nos dépenses sont les conditions nécessaires, pour éviter toute surprise, à court et moyen terme, pouvant mettre à mal les finances de l’état. Insistant en ce sens sur l’importance outre d’être «vigilant» mais aussi, selon lui, faire preuve d’ « innovation et de prévisions» ainsi que a-t-il ajouté «de compréhension». S’agissant des dettes, celles-ci, selon le ministre sont « de 8% à 9% » pour la dette intérieure, et de « 1,7% à 1,8% » pour la dette extérieure, «soit 10% approximativement du PIB». Sur l’obligation de déclaration des voyageurs, à l’entrée ou à la sortie du pays, des devises en leur possession, laquelle mesure prise dans le cadre de la Loi de finances 2016, l’invité de la Radio nationale, après avoir indiqué que notre pays est «celui qui a le plus de comptes en devises dans la région et avec des sommes financières considérables » a-t-il précisé. Rebondissant sur cette question, le ministre explicite que «Les voyageurs sont soumis à l’obligation de déclarer, à l’entrée et à la sortie du territoire national, les billets de banques et/ou tout instrument négociable, libellés en monnaies étrangères librement convertibles qu’ils importent ou exportent » souligne-t-il, et d’ajouter « dont le montant est égal ou supérieur à l’équivalent de 1 000 euros». Aussi, il indiquera toujours à ce propos, mais concernant les voyageurs non-résidents, que ces derniers «peuvent exporter les billets de banques et/ou de tout instrument négociable en devises librement convertibles, importés et non utilisés en Algérie » sur présentation, précise l’invité du Forum de la Radio nationale Chaîne 1 « au bureau des Douanes, du formulaire de déclaration d’importation». Il est à noter que le lancement de l’ opération permettant aux membres de la communauté algérienne établie à l’étranger d’ouvrir des comptes bancaires en devises, est prévue, juin prochain, selon l’annonce faite par le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, jeudi dernier, en déplacement à Oran. Une mesure qui selon lui, permet aux Algériens résidents à l’étranger de « sécuriser leur argent dans leur pays» a-t-il déclaré, hier.
L’emprunt obligataire
Sans apporter une réponse claire, sur le résultat atteint après un mois du lancement de l’emprunt obligataire, le ministre est revenu longuement sur la teneur et la portée de cette mesure, notamment sur l’économie du pays, appelant une nouvelle fois, à adhérer à l’emprunt obligataire, afin de « mobiliser les ressources financières pour le financement de l’économie nationale ». Indiquant à propos de cette mesure «n’est pas une fin, mais un moyen pour attirer des milliards de dinars, qui sont hors des banques » sans avancer qu’il s’agit aussi de l’argent informel, il indique que cette mesure contribuera à l’édification de l’économie nationale». Ce qui semble être aussi selon le ministre une alternative « au recours à l’endettement extérieur » comme il l’a déclaré récemment, il dira que «l’endettement extérieur n’est plus sous sa forme classique » mais « à travers des partenariats avec des étrangers» a-t-il répondu, à la question de savoir si le pays recourra à l’endettement extérieure.
Karima Bennour