Accueil Edito Le Maroc « ramassé » au palais Bourbon

Le Maroc « ramassé » au palais Bourbon

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Assemblée nationale française, mercredi dernier. Les membres de la commission des affaires étrangères examinent divers projets de loi. L’intervention de Jean Paul Lecoq, député de Seine-Maritime a été très remarquée. Il a insisté sur le véritable début de la crise franco-algérienne en balayant tous les autres prétextes (l’arrestation de Boualem Sansal, les OQTF, etc.) « On oublie, dit-il, qu’au mois de juillet (2024), le président de la république (Macron) a décidé tout seul, sans l’avis de qui que ce soit dans notre pays, de donner le Sahara occidental aux marocains et c’est à ce moment-là, sur ce fait là » que tout a commencé « puisque l’Algérie a tout de suite rappelé son ambassadeur et les relations diplomatiques se sont dégradées ». De ce moment-là on ne parle pas. Y compris les médias qui voient le début des hostilités dans les faux prétextes. « Cette lecture de la vie politique internationale devrait questionner la commission des affaires étrangères ». Il poursuit : « Je voudrais m’insurger parce que la carte (qui est accrochée au mur) a été changée. Il y a un mois ce n’était pas cette carte-là. C’était la carte conforme à l’ONU, conforme au droit international. La carte qui est là (en la montrant du doigt) est celle qui est conforme au désir du président de la république. Il y a un mois, sur la carte accrochée, le Maroc et le Sahara occidental n’étaient pas de la même couleur et aujourd’hui ils ne forment qu’un pays. C’est l’image de la diplomatie parlementaire, l’image de notre commission. Quelqu’un a pris cette décision (de changer la carte) ici dans cette commission. Il ne faut pas accepter cela. La séparation des pouvoirs (législatif et exécutif) exige de dire que les députés de la commission décident de respecter le droit international n’en déplaise au président de la République ». Le président de séance, Alain David, avoue ne pas être au courant de ce problème et qu’il faudra donc poser la question au président de la commission (absent), Bruno Fuchs. Alain David promet que la remarque sera inscrite au procès-verbal. La députée Clémentine Autain se joint à la position de Jean Paul Lecoq et déclare être « absolument très choquée par cette nouvelle carte et nous allons demander des comptes au président Fuchs sur le choix de changement de carte ». Nous avons choisi de rapporter in extenso les interventions à nos lecteurs pour leur permettre de constater par eux-mêmes le tripatouillage politique qui a cours au sein même d’une institution française. Par quels moyens le Maroc réussit-il à obtenir des complicités parmi le personnel politique français ? Et pour quelles raisons les médias français, par leur silence, cautionnent-ils un tel maquignonnage ? Cet épisode rappelle celui du maillot (que vient de bannir la CAF) des footballeurs marocains qui portait la carte falsifiée du Maroc englobant le Sahara occidental. Une question se pose : le Maroc est-il lui-même autonome depuis la normalisation ?
Zouhir Mebarki

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