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Le général major en retraite, Medjahed, sur le rôle des pays du Golfe sur la scène arabe : «les masques sont tombés, ces monarchies défendent Israël»

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L’ex-général major de l’Institution militaire (ANP), Abdelaziz Medjahed, a bien voulu nous accorder cet entretien, lors duquel, il revient dans ses réponses, sur des faits historiques qui ont marqué la scène arabe, et qui ne trompent pas, quant à la teneur des positions des pays du Golfe, notamment Riyad, contraires aux intérêts des peuples et des États arabes.

Le Courrier d’Algérie : -Sous contrôle et la mainmise des monarchies du Golfe, la Ligue arabe est un instrument qui entretient les clivages et les guerres, sur la scène arabe, allant jusqu’à demander, en 2011, l’intervention étrangère, en Libye. Alors, à qui profite les décisions et les orientations de cette Organisation?
Abelaziz Medjahed : -Le problème de la Ligue arabe est de s’interroger sur sa création. Qui a été à l’origine de sa création, et dans quels buts elle a vu le jour ? Il y a eu une époque où les dirigeants de certains pays, tels l’Algérie, l’Égypte, l’Irak et la Syrie, ayant une orientation patriotique, avaient réussi à changer le cap politique de l’Organisation arabe, pour que celle-ci défend les intérêts des peuples de la scène arabe. Mais, la disparition de ces grands dirigeants, à l’exemple notamment de Houari Boumediene et Djamel Abd-Nasser et d’autres, la Ligue arabe a commencé à sombrer, jusqu’à adopter le cap des pays du Golfe, lesquels, il ne faut pas l’oublier, doivent leur existence à l’Empire britannique, qui est à l’origine de la création des monarchies du Golfe. Ils n’ont cessé de servir, depuis, les intérêts des grandes puissances occidentales, essentiellement les États-Unis, et défendre, surtout, Israël. Avec l’adoption -abstention de l’Algérie et l’opposition de l’Irak et du Liban- par cette Organisation arabe de la proposition de Riyad et de ses partenaires du Conseil des pays du Golfe, de classer le mouvement libanais Hezbollah sur la liste des groupes terroristes, les monarchies rejoignent clairement la position adoptée par l’entité sioniste, il y a plus de 10 ans. Il faut bien rappeler qu’Israël a été la première à considérer et classer l’organisation libanaise du Hezbollah, comme terroriste, et l’entité sioniste était aussi la première qui a appelé à ce que d’autres pays la rejoignent sur cette voie. Aujourd’hui, les masques sont tombés et les rideaux sont rivés. Je vous rappelle, qu’en 1991, c’est cette même Ligue qui a demandé l’intervention étrangère en Irak, et, plus de 20 ans après, elle récidive, en demandant, une nouvelle fois, une intervention étrangère contre un pays arabe, la Libye, en l’occurrence, sans oublier les positions de la Ligue arabe sur la Syrie, allant contre les intérêts du peuple syrien et l’État syrien. Il me revient à l’esprit, la déclaration du docteur Taleb-Ahmed Ibrahimi, qu’il avait tenu, il y a plus de cinq ans, «il faut déclarer la mort de l’organisation de la Ligue arabe parce qu’elle ne sert plus les intérêts des peuples de la région arabe, mais de ceux qu’ils ont été à l’origine de sa création, dans les années 40.

– Une opinion locale et de la scène arabe pensent qu’il est temps pour des pays, comme le notre, l’Irak et le Liban, qu’ils se retirent de la Ligue arabe, vu que celle-ci ne répond plus aux attentes et aux aspirations des peuples de cette région, notamment depuis la mainmise des pays du Golfe sur cette Organisation.
– Il me semble qu’abandonner la Ligue arabe à ces traîtres-là, (les monarchies du Golfe, ndlr), leur rendrait un grand service. Il vaut mieux continuer à siéger au sein de la Ligue arabe, dénoncer et mettre à nu tous les plans de ces monarchies. À ce titre, il faut rappeler la position exprimée par le délégué de l’Irak. Celui-ci a retourné l’argument contre l’Arabie saoudite, en la désignant comme l’acteur principal dans la création du terrorisme, insistant à classer le mouvement de Hezbollah, qui défend le Liban des agressions israéliennes, en tant qu’organisation patriotique.

– La proposition de Riyad, concernant le Hezbollah, n’était-elle pas pour être une carte que l’Arabie saoudite jouera lors de ces négociations avec le mouvement yéménite, Ansar-Allah, qui dirige la résistance populaire contre l’agression militaire saoudienne, au Yémen ?
C’est un tout pour l’Arabie saoudite, et il faut rappeler que celle-ci a été derrière tous les malheurs des pays arabes, en commençant à fomenter les complots, et nourrir les divergences pour diviser l’Union arabe qui était entre le Caire et Damas. C’est aussi Riyad qui a été à l’origine et a préparé la défaite de 1967, en usant, durant cinq années, l’Armée égyptienne au Yémen, c’est aussi Riyad qui a préparé la visite de l’ex-président égyptien, à Israël, et, là, il faut rappeler le Club-Safari, que dirigeait Torki Ibn Faycal, celui-là même qui a été en poste au Maroc, ambassadeur à Washington et à Londres, en 2006, il avait déclaré, dans une conférence, à partir des États-Unis, que le plus grand défi auquel se heurtent les dirigeants saoudiens, c’était d’amener et de convaincre les Palestiniens d’abandonner leur lutte armée contre Israël, et c’est aussi, dans ce sens, qu’aujourd’hui, Riyad cible le Hezbollah, et c’est ainsi que les monarchies du Golfe, dont l’Arabie saoudite, servent les intérêt d’Israël dans la région.

Alors que Riyad propose de classer le Hezbollah, groupe terroriste, Daech annonce qu’il s’en prendra à cette organisation libanaise ; et en politique, ne dit-on pas qu’il n’y a pas de hasard ?
– Daech, et le terrorisme en général, c’est la création de Riyad, il ne faut pas oublier que cela a commencé, fin des années 1970, précisément, en 1979, en Afghanistan, et cette même monarchie qui a poussé Saddam Hussein à mener une guerre de dix ans, contre l’Iran. C’’est aussi Riyad qui a financé et formé les terroristes, et qui a et continue d’empoisonner avec son wahhabisme les esprits de la jeunesse arabe et ailleurs.
En un mot, ces monarchies et à leur tête l’Arabie-saoudite sont les outils de la politique et du plan américain pour la région, pour ne citer que la politique de pas-à-pas de Kissinger, et, plus récemment, l’union pour la Méditerranée de Sarkosy et le nouveau Moyen-Orient de Busch et de Condoleeza Rice. Les monarchies du Golfe sont là pour être les instruments et servir leurs maîtres, ceux qui les ont créés, depuis le début du siècle dernier.
Entretien réalisé par Karima Bennour

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