L’ouverture, à Alger, du bureau politique du Parti national du Rif (PNR) est un jour historique qui restera immortalisée dans les archives de l’humanité. Un pas géant vers l’émancipation, la libération et l’indépendance de la République du Rif et de son peuple, selon la pensée du leader héroïque Abdel Karim Al-Khattabi, face à l’occupation arrogante et tyrannique du régime Makhzeno-sioniste.
Lors d’une conférence de presse, organisée mardi en fin de l’après-midi, trois jours après l’ouverture du bureau du PNR à Alger, son représentant et membre du CNR, Farouk Al-Rifi, a indiqué que « l’ouverture d’un bureau à Alger avait pour objectif de mettre en lumière, aux yeux du monde, la cause du Rif, et donner à cette noble cause la meilleure image qu’il soit dans le concert des nations, afin de mettre en avant le processus politique et diplomatique sur lequel se base le parti ». « Soutenu par son peuple, le Parti national rifain poursuit sa lutte pour l’indépendance et la liberté par l’action diplomatique étrangère et l’internationalisation de cette noble cause, à la lumière du mépris qu’il subit de la part du régime sioniste du Makhzen », a souligné le responsable.
« La fraternité avec les peuples du monde »
Dans son allocution, Farouk Al-Rifi a expliqué que « par respect aux relations historiques et sociales qui lient le peuple rifain à sa profondeur méditerranéenne et africaine, dont nous sommes fiers, nous voulons consolider ces relations avec les peuples de la région, dans un climat de sécurité, de prospérité et de stabilité ». « Il s’agit d’un engagement sur la voie politique et diplomatique pour construire des relations fraternelles avec ces peuples », a ajouté le représentant rifain. Alors que l’Algérie a réaffirmé, une fois de plus, qu’elle demeurera pour toujours aux côtés des peuples opprimés, et que nul ne pourra la dévier de cette valeur nationale ancestrale, Farouk Al-Rifi a tenu à « remercier le gouvernement et le peuple algériens pour leur accueil chaleureux ». « Le Parti National du Rif a décidé de transmettre au monde entier le message des Révolutionnaires du Rif, qui est de redonner de la légitimité à la République du Rif et d’accéder à l’indépendance », a encore noté l’intervenant dans son discours.
« La répression, l’emprisonnement et l’exil seules réponses du Makhzen »
Dans le souci d’expliquer les motivations diplomatiques grandissantes du parti, l’orateur a indiqué que ces démarches interviennent « après l’intensification des restrictions imposées au mouvement du Rif et à ses revendications en faveur de la justice sociale, du développement durable et d’une vie décente pour les populations du Rif ». Et d’argumenter ses dires : « Cependant, le régime du Makhzen n’a répondu que par la répression, l’emprisonnement et l’exil, ce qui a incité les partisans du Parti national du Rif à intensifier le travail diplomatique, notamment depuis la Mecque des révolutionnaires, l’Algérie, contre la politique du trône, qui menace sans précédent la sécurité et la stabilité de toute la région du Maghreb et du continent africain».
À ce juste titre, l’orateur a précisé : « Nous nous sommes imprégnés des idéaux de notre regretté président, notre héros de la résistance, l’Émir Mohamed Abdel Karim Al-Khattabi, afin de porter la question du Rif devant les instances de l’ONU, en raison des crimes odieux commis par le pouvoir marocain ». Dans ce contexte, la lutte d’Abdel Karim Al-Khattabi est devenue le modèle idéal de changement pour le peuple marocain, en particulier pour les habitants de la région du Rif. À cet égard, le responsable a fait savoir que « le régime du Makhzen continue de pratiquer un ensemble de méthodes pour obscurcir et tromper l’histoire d’Al-Khattabi, en tentant d’honorer les traîtres, parmi les agents du colonialisme espagnol, qui ont contribué à la répression de la République du Rif lors de son soulèvement en 1958 ».
« Plusieurs dossiers seront déposés auprès des Nations unies »
S’adressant aux autorités marocaines, Farouk Al-Rifi a indiqué que « Le Rif est plus africain que marocain, comme c’est le cas pour notre langue qui diffère des langues pratiquées au Maroc. Est-ce que les Britanniques peuvent prétendre être des Germains ? Nous respectons l’intégrité du Maroc de Fès, mais nous demandons en retour la même chose pour la souveraineté du Rif. D’autant plus qu’à aucun moment nous n’avons été considérés de la sorte, jamais le Maroc ne nous a soutenus ». S’appuyant sur la doctrine du regretté président, il dira également : « le peuple du Rif réclame son indépendance et il est prêt à s’unir avec tous les peuples du monde, dans le respect mutuel. Mais nous avons enduré les massacres perpétrés par les troupes espagnoles, contre un colonialisme qui n’avait pour objectif que de profiter de nos richesses ».
Et de souligner que : « Même si nous ne sommes qu’une petite République, nous nous situons néanmoins à la croisée des chemins, d’un point de vue historique et géographique. Nous avons toujours combattu pour notre indépendance et notre dignité, mais en retour, on nous a traité de criminels et sanguinaires ». « Nous étions une République indépendante, mais avec la complicité des forces étrangères, notre liberté a été violée, par les armes chimiques et l’oppression. Nous allons déposer plusieurs dossiers auprès des Nations unies, pour dénoncer tout cela », a fait encore savoir le dirigeant, ajoutant que « la lutte du peuple rifain est identique à celle du peuple algérien lorsqu’il a combattu pour son indépendance. Nous avons toujours été liés par ces valeurs de lutte pour la liberté ».
« Contre la normalisation avec l’entité sioniste »
À une question sur le pacte qui lie le Makhzen à l’entité sioniste, Farouk Al-Rifi a expliqué que « c’est la famille royale qui est à l’origine de cette normalisation », précisant qu’elle n’a « jamais consulté le peuple marocain », et affirmant : « Nous concernant, nous sommes contre toute normalisation avec l’entité sioniste ». « À l’origine, le peuple rifain est contre toute ingérence et colonisation étrangère », estime-t-il. « Il est donc évident que la normalisation avec l’entité sioniste est en totale contradiction avec les valeurs et revendications de la République du Rif et son peuple », dira encore le représentant du bureau d’Alger. Et de conclure son intervention par le fait que « tout peuple qui tendra la main au peuple rifain, recevra en retour une main tendue de sa part », n’excluant pas une « probable alliance avec le Front Polisario, à l’avenir ». Enfin, et concernant une quelconque mesure armée dans le contexte de cette lutte pour l’indépendance, le dirigeant a clarifié les choses, annonçant que « le parti avait une vocation politique, son objectif premier étant d’élargir la cause du Rif uniquement par voie diplomatique ».
Il est à noter que Mohamed Abdel Karim Al-Khattabi, né vers 1882 à Jadir, dans la tribu des Ait Warijel, s’est inspiré de sa lutte auprès de son voisin, l’Algérie, qui a résisté à l’occupation et a établi un système républicain pionnier au 19e siècle, depuis l’époque de l’Émir Abdelkader. Dès 1925, le héros Al-Khattabi mena la résistance contre l’occupation française, mais il fut exilé en 1926 et passa sa vie en Égypte, où il mourut en 1963. Ses restes se trouvent toujours dans la zone désignée pour les héros arabes, au Caire, et les autorités marocaines refusent qu’ils soient transportés vers sa terre natale.
Hamid Si Ahmed
