Le pays continue à faire face, depuis le début du mois de juillet, à la troisième vague de la Covid-19 qui est particulièrement sévère avec l’apparition du variant Delta. Le nombre des contaminations a désormais dépassé la barre des 1 000 nouveaux cas/jour, non sans des décès dus à la tension sur l’oxygène médical. Ainsi, lors de son passage sur les ondes de la Radio nationale chaîne 3, le Directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), Docteur Fawzi Derrar, a abordé la conjoncture épidémiologique la quantifiant de « critique » due au variant Delta. Il dira qu’ « actuellement en Algérie, 92% des contaminations sont dues au variant Delta » ajoutant qu’« on se rapproche de 100% et ça, ce n’est pas surprenant et on l’a vu dans les pays européens qui sont arrivés très vite à 90% des cas », a-t-il révélé. Pour Dr Derrar, cette troisième vague est un avertissement pour ce qui va venir. Il a estimé que si on n’est pas correctement vaccinés, on n’est pas à l’abri de plusieurs vagues de la Covid-19. « Il est extrêmement important de vacciner vite pour essayer d’éviter d’autres vagues qui pourraient être aussi meurtrières », a-t-il dit. « Pour diminuer la pression sur les hôpitaux ». Le DG de l’Institut Pasteur a fait savoir que le taux de vaccination en Algérie tourne autour de 20%, soit 4 millions de personnes vaccinées. Selon lui, la campagne de vaccination est amorcée, et maintenant « il s’agit d’aller plus vite d’autant plus que le vaccin est disponible, parce que chaque personne vaccinée est un gain et nous rapproche de plus en plus de l’immunité collective qui est notre objectif majeur pour les mois à venir », a-t-il dit. Cependant il est impératif pour lui de tout faire pour avoir une rentrée sociale avec un taux de vaccination très satisfaisant. Il faut atteindre très vite un taux de 50% » recommande-t-il, pour arriver par la suite à 75%.
20% des citoyens vaccinés
Il est à rappeler que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé les citoyens à « la nécessité d’aller se faire vacciner afin d’atteindre une immunité collective », mettant en garde contre les campagnes appelant à boycotter la vaccination sur les réseaux sociaux, avant de souligner que les responsables de ces campagnes veulent provoquer une catastrophe sanitaire dans le pays ». Précisant au passage que « jusqu’à présent, 20% des citoyens ont été vaccinés au niveau national ». Le président de la République a dit avoir observé ces derniers jours, « une forte affluence sur la vaccination en raison du sentiment de danger qui, selon lui, a dépassé les rumeurs ».
Réception de 3 millions de doses dimanche prochain
S’agissant des quantités de vaccins anti-Covid-19 disponibles, l’hôte de la chaîne 3, Fawzi Derrar, a indiqué que « jusqu’à l’heure actuelle, on est à un contrat de 17 millions de doses avec nos amis chinois (Sinovac), et nous sommes progressivement en augmentation. Nous avons déjà reçu pratiquement 8 millions de doses, en plus des doses de vaccins qui étaient disponibles comme l’Astra Zeneca et le Sputnik-V. Et nous recevons ce mois-ci 9 millions de doses, dont 3 millions de doses seront réceptionnées dimanche prochain. Ce qui est très considérable et ce qui peut aider réellement à accélérer cette campagne durant le mois d’août », a-t-il détaillé. Par ailleurs le DG de l’IPA a précisé l’importance du respect des gestes barrières, ajoutant qu’il y a aujourd’hui des données scientifiques qui montrent qu’une personne vaccinée peut être contagieuse comme une personne non vaccinée.
Des médecins soutiennent la vaccination « obligatoire »
Alors que le Dr Derrar a exclu que la vaccination soit obligatoire, comptant sur la conscience des citoyens et les campagnes de sensibilisations, le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat des praticiens de la santé publique (SPSP) a insisté sur l’impérative vaccination des personnels de la santé jusqu’à
« la rendre obligatoire», vue du fait qu’ils sont quotidiennement, fortement exposés au virus. « Il faut rendre la vaccination obligatoire, le personnel de santé est exposé directement à la maladie. On doit être protégé, car le bilan macabre est devant nous, nous comptons plus de 266 décès dans nos rangs depuis le début de la pandémie dont 85 décès durant cette troisième vague », déplore-t-il. Par ailleurs le médecin a regretté « le manque de moyens de protection auquel fait face le personnel de la santé », ajoutant que
« certaines structures sanitaires ne disposent même pas du minimum en terme de protection », à savoir « les bavettes, sur-blouses, gants, pare-visage… etc. » De son côté, le Pr. Réda Djidjik, Chef de service immunologie au CHU Beni Messous, a aussi insisté sur la poursuite des campagnes de vaccination, et a fait savoir que « les personnels de santé décédés n’ont pas été vaccinés ».
Sarah Oubraham