Accueil À LA UNE LE CINÉMA ALGÉRIEN RÉCOMPENSÉ AU FESPACO « Le Sage Frantz Fanon » primé à Ouagadougou

LE CINÉMA ALGÉRIEN RÉCOMPENSÉ AU FESPACO « Le Sage Frantz Fanon » primé à Ouagadougou

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Le film « Le Sage Frantz Fanon », réalisé par Abdennour Zahzah, a remporté le prestigieux Prix de la Semaine de la Critique lors de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision à Ouagadougou (FESPACO). Cette récompense met en lumière une œuvre engagée qui revisite la pensée anticolonialiste à travers le parcours du célèbre psychiatre et militant Frantz Fanon.  
Organisée du 22 février au 1er mars 2025, cette édition du FESPACO s’est tenue sous le thème « Cinéma et Identités Culturelles Africaines ». Le film d’Abdennour Zahzah s’est distingué parmi plus de 230 œuvres issues de 48 pays. Ce prix est d’autant plus symbolique qu’il est décerné au Burkina Faso, terre de Thomas Sankara, figure emblématique de la lutte pour l’indépendance africaine. Selon les organisateurs, il récompense les films qui abordent les problématiques du continent avec profondeur, critique et audace.  
« Le Sage Frantz Fanon » retrace un chapitre crucial de la vie de Frantz Fanon, médecin et penseur martiniquais, devenu une figure centrale de la lutte anticoloniale. Le long métrage se concentre sur la période 1953-1956, lorsqu’il exerçait en tant que chef du service psychiatrique à l’hôpital de Blida en Algérie. Confronté aux inégalités et aux injustices du système colonial français envers les patients algériens, Fanon adopte une position radicale et rejoint le Front de libération nationale (FLN) pour soutenir la cause indépendantiste. Le film, mêlant fiction et documentaire, illustre son engagement politique, son approche humaniste et son combat pour la liberté des peuples colonisés.  
Dans un communiqué officiel, le ministère algérien de la Culture et des Arts a salué cette distinction. Il a souligné que ce prix est « une réaffirmation du rôle du cinéma comme outil de mémoire et de résistance », tout en consolidant les liens culturels entre l’Algérie et le reste du continent africain. Le ministère a également rappelé l’importance de la mémoire historique portée par des figures comme Fanon et Sankara, dont les luttes s’inscrivent dans une vision commune d’une Afrique libre et indépendante.  
 
Un intellectuel engagé pour décortiquer la pensée coloniale
Né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France, en Martinique, Frantz Fanon est l’une des figures majeures de la pensée anticolonialiste. Après des études de médecine en France, il devient psychiatre et prend ses fonctions à l’hôpital de Blida en 1953. Face aux violences coloniales et aux injustices subies par les Algériens, il développe une analyse critique des effets psychologiques de l’oppression coloniale.  
Son engagement dépasse rapidement le cadre médical. En 1956, il démissionne de son poste pour rejoindre activement le Front de libération nationale (FLN). Ses écrits, notamment « Les Damnés de la Terre » (1961), sont devenus depuis et à ce jour des références incontournables pour les mouvements de libération, notamment en Afrique et au-delà, mais aussi pour les intellectuels à travers le monde pour la compréhension de la pensée coloniale. Fanon meurt prématurément en 1961, à l’âge de 36 ans, soit peu de temps avant le jour j de l’indépendance de son pays l’Algérie, pour lequel il a tant donné, notamment dans le journal El Moudjahid, pour ne rappeler que cette étape. Il a lissé derrière lui une œuvre intellectuelle dense qui continue d’inspirer non seulement les luttes anticolonialistes à travers le monde, notamment le combat du peuple palestinien contre le colonisateur sioniste et la lutte du peuple sahraoui contre l’occupant marocain, mais aussi le monde des libres à travers le monde.  
 
Une consécration pour Abdennour Zahzah  
Né en 1973 à Blida, Abdennour Zahzah s’est fait connaître par une filmographie riche et engagée. Avant « Le Sage Frantz Fanon », il avait déjà exploré la vie du penseur martiniquais avec son documentaire « Frantz Fanon : Mémoire d’exil » en 2002. Il est également l’auteur de plusieurs œuvres remarquées, dont le court métrage « Karagoz » (2010) et le documentaire « El Oued El Oued » (2013), plusieurs fois primés sur la scène nationale et internationale.  
Produit en 2024 avec le soutien du ministère de la Culture et des Arts, en partenariat avec le Centre algérien pour le développement du cinéma (CADC) et la société Atlas Film, « Le Sage Frantz Fanon » s’inscrit dans cette continuité. Le film, d’une durée de 90 minutes, a été présenté en avant-première en octobre 2024 à Alger, avant de concourir au FESPACO aux côtés de dix autres longs métrages venus de pays comme l’Égypte, la Tunisie, le Sénégal ou encore le Cameroun.  
Le réalisateur a exprimé sa gratitude envers l’équipe du film et les institutions culturelles algériennes qui ont soutenu ce projet. « Recevoir ce prix à Ouagadougou, dans un festival aussi prestigieux que le FESPACO, est un honneur et une reconnaissance du combat de Fanon, qui résonne encore aujourd’hui à travers l’Afrique », a-t-il déclaré lors de la cérémonie de clôture.  
 
La plus grande manifestation du grand écran dédiée au continent africain
Créé en 1969, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision d’Ouagadougou demeure la plus grande manifestation cinématographique dédiée au continent africain. Ce rendez-vous biennal offre une plateforme d’expression unique aux cinéastes africains en général et les autres intervenants dans le monde du grand Ecran, favorisant les échanges professionnels et la mise en lumière des réalités sociales et culturelles ect. de notre continent.  La 29e édition, placée sous le signe des identités culturelles africaines, a mis l’accent sur l’importance et l’incontournable rôle du cinéma dans « la construction d’une mémoire collective et la préservation du patrimoine immatériel ». En couronnant « Le Sage Frantz Fanon », le FESPACO 2025 ne récompense pas seulement un film, mais affirme l’importance de l’art comme outil de lutte et de réflexion, capable d’interroger les héritages coloniaux et partant décoloniser les esprits pour aller sur la construction d’ un avenir africain commun et diversifié des référents africains et africanistes .  Avec cette nouvelle consécration, l’Algérie continue de perpétuer et de réaffirmer son rôle d’avant-garde sur la scène cinématographique africaine partant à l’international, sur fond de l’héritage légué des ainés, notamment dans le cinéma engagé, lequel ne peut être qu’au service de la promotion des valeurs humaines notamment par la transmission de la mémoire des parcours de ceux qui ont façonner les chemins de la liberté dont l’auteur « des damnés de la terre », le militant algérien Frantz Fanon, lequel a toujours appelé et ouvré à la décolonisation de l’esprit.
 Mohamed Amine Toumiat

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