Le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Yeslem Beissat, a présenté la nouvelle proposition politique du Front Polisario pour résoudre le conflit du Sahara occidental. Une proposition décrite comme initiative « démocratique, guidée par des options possibles dans le cadre de la décolonisation et de l’exercice du droit à l’autodétermination. »
Lors d’une conférence de presse tenue, hier, au siège de l’ambassade sahraouie à Alger, Beissat a révélé que le Front Polisario a transmis un document officiel à l’ONU, au Conseil de sécurité et à la présidence tournante de l’Union africaine. Ce texte, intitulé « Proposition du Front Polisario pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable garantissant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental et restaurant la paix et la stabilité régionales », s’inscrit dans la continuité de l’initiative de 2007, déjà tournée vers un règlement pacifique avec le Maroc. « À l’époque, notre mouvement aspirait à dépasser la guerre et les différends avec notre voisin marocain, dans le respect du droit international et des aspirations des peuples du Maghreb », a rappelé le ministre.
Selon Beissat, le nouveau projet sahraoui répond volontairement aux appels répétés du Conseil de sécurité, tout en s’alignant sur les principes du droit international et des décisions des Nations unies. Il s’agit, a-t-il dit, d’une initiative pacifique, sincère et crédible, qui exprime la volonté du peuple sahraoui de parvenir à une solution juste, durable et globalement acceptée. La proposition repose sur les mécanismes démocratiques du droit à l’autodétermination, tels que reconnus par l’ONU : l’indépendance, l’intégration ou toute autre option librement choisie par le peuple sahraoui.
«Prêts à négocier directement avec le Maroc»
Le chef de la diplomatie sahraouie a insisté sur la disponibilité du Front Polisario à engager des négociations directes avec le Maroc pour faciliter la naissance d’un accord juste. « Nous sommes prêts à signer des accords avec le Maroc et à lever tous les obstacles sur la voie d’une paix durable », a affirmé Beissat, avant de souligner, par ailleurs, que « Les luttes de libération ne se décident pas à New York, mais sur le terrain et dans les couloirs des organisations internationales. »
Il a rappelé que le Conseil de sécurité traite la question sahraouie depuis plus de trente ans sans jamais imposer une solution, preuve que « le choix final appartient exclusivement au peuple sahraoui ». Pour le ministre sahraoui des affaires étrangères, le véritable chemin de la paix ne passe ni par la force ni par les manœuvres diplomatiques, mais par le dialogue sincère et le respect mutuel. Il a lancé un appel clair à la communauté internationale en soulignant que « Les puissances mondiales doivent cesser de soutenir un camp contre l’autre. Elles doivent être partie de la solution, et non du problème. » Beissat a par ailleurs évoqué le précédent historique de la paix entre le Sahara occidental et la Mauritanie, présenté comme un modèle de transition réussie « de la guerre vers la coopération et le bon voisinage ».
Un pari sur l’avenir et la stabilité du Maghreb
« Après cinquante ans de conflit, il est temps de tourner la page du passé et de miser sur l’avenir », a plaidé le ministre sahraoui, précisant que « l’initiative sahraouie est un pari sur l’espoir », appelant le Maroc à « saisir cette opportunité historique pour bâtir un avenir commun fondé sur la paix, la stabilité et le développement. La balle est désormais dans le camp du Maroc. » Beissat a également mis en garde contre toute tentative de modifier les frontières héritées de la colonisation par la force, qu’il considère comme une menace directe pour la sécurité et la paix régionales, contraire à la Charte des Nations unies et aux principes de l’Union africaine. La nouvelle proposition sahraouie apparaît comme une démarche de maturité politique, combinant réalisme diplomatique et fidélité au droit international. Elle réaffirme l’attachement du Front Polisario au règlement pacifique du conflit, à travers la négociation, la démocratie et le respect de la volonté populaire. « Notre initiative, a conclu Beissat, est un engagement envers la paix, la stabilité et le développement. »
M. Seghilani