Le 8 mars est une journée de lutte, comme tous les jours de l’année, pour la femme palestinienne et sahraouie, qui ont et continuent d’être à l’avant-garde de la lutte du peuple de la Palestine et celui du Sahara occidental, pour le premier contre le système colonial sioniste et contre l’occupant marocain, pour le second.
La journée internationale des droits des femmes, que célèbre le monde et les femmes en particulier, aujourd’hui, pour mettre en avant les avancées enregistrées, en matière de droits des femmes, dans des États souverains et indépendants, mais pour les femmes palestiniennes et sahraouies, c’est tout autre. Le 8 mars est l’occasion pour elles de rappeler à tout ce monde que les femmes palestinienne et sahraouie font face à un système politique colonial, qui nie leurs droits nationaux, car étant fondamentalement en opposition et en violation du Droit international, et donc à l’ensemble des points contenus dans la Déclarations des droits de l’homme et les conventions onusiennes sur la femme. Cette journée, qui revient chaque année, est importante à célébrer pour la femme palestinienne et sahraouie, pour s’inspirer davantage de leurs aînées outre leur rendre un vibrant hommage en évoquant la longue liste de nombreuses contributions et la portée du rôle qu’elles ont joué et assumé, tout au long de la lutte du peuple palestinien et le peuple sahraoui, pour briser les chaînes du joug colonial, sioniste en Palestine et marocain au Sahara occidental.
La lutte sans intermittence des Leila, Hanane, Abeer et Ahed Tamimi contre l’occupation sioniste
Si Leïla Khaled, du Front populaire pour la libération de la Palestine (PPLP) de Georges Habache, a été la première femme palestinienne, qui dans son combat contre le colonisateur israëlien, a réussi à détourner, en août 1969, un avion de la ligne Rome-Athènes, pour le faire exploser, sans faire de victimes. Auparavant, elle avait fait descendre tous les passagers de l’appareil. Cette militante, devenue depuis grand-mère, a déclaré, en février 2016 : «Je ne regrette pas mes actes», dans un entretien à un médias occidental. Des années plus tard, la militante Hanan Ashrawi, de l’OLP, fut la femme palestinienne élue au Conseil législatif palestinien. Des exemples illustrant, à plus d’un titre, que la femme palestinienne a et continue d’être, sur tous les fronts et à l’avant-garde de tous les combats de son peuple, pour épouser la liberté et l’indépendance, à l’instar des autres peuples qui ont connu le même système colonial. Aujourd’hui, les Leïla de la Palestine continuent à être au premier rang dans le combat du peuple palestinien, qu’elles soient en Palestine de 48, dans les territoires occupés, dan les prisons israéliennes, dans le refuge, à travers le monde, à Ghaza comme en Cisjordanie, la Palestinienne est la première à faire entendre sa voix, celle de son peuple. La première à descendre dans les rues pour protester contre la brutalité militaire des soldats israéliens, l’oppression et violations de l’entité sioniste contre le peuple palestinien. La première à organiser des sit-in, des marches, des conférences pour exiger la libération des prisonnières et des prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes. Elles sont les premières à braver les troupes de soldats israéliens armés jusqu’aux dents, venant kidnapper, chercher ou tuer, son frère, son père, son voisin, son fils. Elles sont le maillon fort dans la mobilisation et le soutien aux détenus et détenues palestiniens dans les prisons de l’entité sioniste. Depuis 1967, elles sont plus de 15 000 femmes palestiniennes sur plus des 800 000 qui ont été détenues par l’entité sioniste et pendant la première Intifada, elles étaient 3 000 femmes qui ont été emprisonnées dans des conditions dramatiques et inhumaines. Au cours de l’Intifada d’Al-Aqsa, plus de 900 Palestiniennes ont été enfermées derrière les barreaux israéliens.
La femme palestinienne a été et demeure à ce jour au cœur de tous les combats et toutes les luttes de son peuple, contre la colonisation sioniste, depuis 1948, date de l’occupation israélienne de la Palestine. Dans les prisons israéliennes, enfermées derrière les murs de la colonisation, les pires violations sont commises contre le détenu palestinien en général et la prisonnière palestinienne, en particulier, de l’isolement, à la négligence médicale, les détenues dans la majorité subissent des tortures physiques et psychiques et sont privées de visites familiales, et souvent et sont soumises au confinement solitaire. Et c’est dans ces conditions de la colonisation sioniste, à l’intérieur des prisons sionistes ou dehors, et depuis des générations, que les femmes palestiniennes, les Leila, Meriem, Latifa, Muna, les Souad,les Abeer, Hanane et Ahed Tamimi mènent avec leurs frères palestiniens, la lutte de libération de leur peuple, du joug colonial israélien, au quotidien, faisant ainsi de chaque jour de l’année une journée internationale pour les droits de la femme, dont le plus élémentaire et fondamental, vivre libre et indépendant, dans leur État souverain, la Palestine et sa capitale El-Qods. Les récits des souffrances des Palestiniennes pleurant, sur la perte de leurs frères, sœurs, pères, maris et enfants morts martyrs, sous les balles assassines ou des bombardements de l’armée sioniste, ou sous la torture des autorités coloniales de l’entité sioniste. Aussi, les récits des souffrances des femmes palestiniennes sont poignants, quand il s’agit des méthodes brutales qu’elles ont subies lors de leur détention, dans les geôles israéliennes. De la torture physique et psychologique, avant, pendant et après les interrogatoires et le traitement inhumain de leurs geôliers sionistes et en dehors des murs des prisons, les confiscations de leurs terres, la démolition de maisons, les conséquences dramatiques du blocus qu’impose Israël sur Ghaza, depuis plus de dix ans, outre les guerres que livrent, périodiquement l’entité sioniste contre les Palestiniens. Mais la détermination de la femme palestinienne à vouloir caresser les rayons de la liberté et l’indépendance est sa principale arme qui l’anime pour ne pas flancher à arracher son droit le plus fondamentale, ces droits nationaux, l’autodétermination et l’édification d’un État palestinien libre et souverain.
Depuis 43 ans, la femme sahraouie est au cœur de la lutte de libération contre l’occupant marocain
Depuis plus de quarante-deux ans, avec l’invasion militaire marocaine, en 1975, du Sahara occidental, la femme sahraouie mène le combat nationaliste anticolonial dans le dernier foyer du colonialisme en Afrique, le Sahara occidental. Le 8 mars pour la femme sahraouie est aussi une autre journée de combat pour réaffirmer son attachement au droit de son peuple à l’autodétermination, pour lequel elle a dans les années auparavant, défendu par les armes, durant la lutte armée du peuple sahraoui, avant la conclusion du cessez-le-feu, en 1991, sous les auspices de l’ONU, entre le Front Polsiario et le Maroc, pour l’organisation du référendum, non tenu à ce jour. Pour la femme sahraouie, son combat pour l’indépendance de son pays, le Sahara occidental, demeure à l’ordre du jour, tant que la fin de la colonisation marocaine ne sonne pas dans les cieux du Sahara occidental. Si les femmes, au Maghreb, en Afrique, en Europe et ailleurs, ont travaillé durant des décennies pour bénéficier des mêmes chances et droits que les hommes, les femmes sahraouies se sont lancées dans une lutte d’un autre type, celle pour l’indépendance, qu’elles ont entamée, d’abord contre la colonisation espagnole puis l’occupation marocaine. De génération en génération, les Rabeha, Nuena, Fatimatou, Khadidjetou et Aminatou ont et continuent comme le reste du peuple sahraoui, d’affirmer leur attachement à l’exercice du droit à l’autodétermination, pour pouvoir aller conquérir les autres droits que des femmes, dans des pays indépendants, en Afrique, comme en Europe et ailleurs ont pu arracher. Pour les Aminatou et Khadijdatou, le combat de la femme sahraouie est mené essentiellement pour se libérer du joug colonial marocain, et ce, depuis 43 ans, au quotidien, chaque année, avant et après le 8 mars, la journée internationale de la femme. Une lutte contre le système politique colonial érigé par le Maroc au Sahara occidental refusant à ce jour à se conformer à la légalité internationale, laquelle consacre le droit du peuple sahraoui de décider de son destin et de son territoire, le Sahara occidental. Convaincues d’embrasser l’indépendance, au bout du comabt du peuple sahraoui et notamment celui de ses femmes, ces derniers marchant dans le sens de l’Histoire, celle-ci leur a appris ainsi qu’à tout le monde qu’aucun système colonial n’a réussi à se maintenir sous le tremblement que provoquent les luttes des peuples des territoires colonisés, la volonté des colonisés à briser leurs chaînes à toujours triompher. Au fil des générations, la femme sahraouie a toujours su montrer et affirmé sa détermination à récupérer ce qu’il lui a été spolié par la force, son territoire, le Sahara occidental. Et c’est ce quelle ne cessent de faire entendre, comme c’est le cas de son frère sahraoui, dans ce combat, pour mettre un terme à l’occupation marocaine, dans les territoires sahraouis occupés ainsi que dans les forums et les institutions, des espaces régionaux, continentaux et internationaux. En cette journée du 8 mars, son action et sa voix porteront, comme les autres jours de l’année, le combat du peuple sahraoui pour l’autodétermination, l’intégrité territoriale du Sahara occidental, l’arrêt des violations marocaines des droits des sahraouis dans les territoires occupés, la cessation du vol des richesses naturelles, dans la dernière question de décolonisation en Afrique inscrite, à l’ONU et à l’UA, la libération des détenus sahraouis, dans les geôles marocaines et l’arrêt des détentions abusives et arbitraires, pratiques marocaines courantes dans les territoires encore sous son occupation. Mais ce qui vient en tête de tous les combats que mène la femme sahraouie, celui de faire triompher la légalité internationale pour mettre un terme au système colonial. Leur combat, depuis 43 ans, s’est transmis de générations en génération, il s’inscrit au cœur du mouvement national du peuple sahraoui pour sa liberté et son indépendance. Au cœur de la lutte du peuple sahraoui, l’occupant marocain l’a ciblé, durant son invasion, en 1975 du Sahara occidental, durant la lutte armée du peuple sahraoui et après le cessez-le-feu, précité, dans les territoires sahraouis encore sous occupation marocaine. Les femmes sont à la tête des manifestations pacifiques, réclamant le droit à l’autodétermination, dans les territoires occupés, elles sont les premières cibles de la répression violente des différents services de sécurité des autorités coloniales marocaines. En cette journée du 8 mars, encore une fois, depuis le cessez-le-feu, la femme sahraouie exige des Nations unies, notamment son Conseil de sécurité, de faire valoir son droit, celui de son peuple, à l’autodétermination, pour qu’elle puisse, après avoir brisé les chaînes de la colonisation, célébrer la journée internationale de la femme, comme ses autres sœurs des pays indépendants.
Karima Bennour