L’athlétisme kényan est plongé dans la tristesse après la perte tragique de trois de ses talents en l’espace d’une semaine. Après l’annonce des décès de Kipyegon Bett, Clément Kemboi, le meurtre de Samson Kandie a davantage peiné le monde de l’athlétisme et des questions sur la sécurité, la santé et le soutien aux athlètes se sont posées, d’autant plus que le pays est connu pour avoir des décennies a fait de l’athlétisme un symbole de fierté nationale.
Le premier choc est survenu dimanche dernier, avec la mort de Kipyegon Bett, âgé à peine de 26 ans, à l’hôpital Tenwek de Bomet. L’athlète, ancien champion du monde 2016 des moins de 20 ans au 800 mètres, avait été hospitalisé, selon les médias locaux, après avoir souffert de graves problèmes de santé, jusqu’à vomir du sang. Admis une première fois au centre hospitalier, juste après l’voir quitter, son état s’est rapidement détérioré, nécessitant une nouvelle hospitalisation. Malgré quelques échanges avec ses proches, au cours de la matinée de dimanche, l’ex-champion du monde junior n’a pas survécu à cette épreuve. Bett, qui avait connu un parcours remarquable avant une suspension de quatre ans pour dopage, n’a pas réussi à retrouver son niveau après son retour aux compétitions. La détérioration rapide de sa santé a interpellé, plus d’un, sur le processus de sa prise en charge médicale, du diagnostic aux soins devant lui être administrés. Quelques jours avant l’annonce du décès de Bett, une autre tragédie avait frappé, un autre médaillé de l’athlétisme kényan. Samson Kandie, ancien vainqueur de marathons internationaux et figure de l’équipe kényane, a été tué jeudi dernier. Agé de 53 ans, Kandie a été attaqué, selon la même source, par des « voleurs » dans sa maison à Uasin Gishu, plongeant sa famille dans l’angoisse et l’incompréhension, d’un meurtre pour le vol d’un portable. Les circonstances de son décès étant « troublantes », pour une large opinion locale, africaine et même au niveau international, d’autant plus que les informations indiquent que « les agresseurs n’ont emporté que son téléphone portable », laissant planer outre les questions sur les motivations de cette violence mais aussi les dessous de ce drame. La police n’ayant pas encore identifié les coupables, le sentiment d’insécurité croissant s’est emparé des athlètes, de leurs familles et proches. La série noire des drames a continué avec la découverte, lundi dernier, du corps sans vie de Clément Kemboi, âgé à peine de 32 ans, à Iten, ville réputée pour être le berceau de nombreux champions de course à pied. Ancien vainqueur sur 3000 m steeple aux Jeux africains de 2015, Kemboi n’avait pas été vu sur les pistes depuis plusieurs années. Son corps a été transporté à la morgue de l’hôpital de référence d’Iten, une enquête a été ouverte avec notamment une autopsie pour élucider les circonstances de sa mort. Annonce qui est venue pour renforcer davantage le doute et des interrogations et rendre le climat kényan plus en désarroi au sein du monde de l’athlétisme en particulier et sportif en général
Situation troublante révélant la vulnérabilité de l’environnement de l’athlète
La perte de ces trois athlètes en si peu de temps laisse un vide immense et a soulevé des interrogations sur les défis persistants auxquels sont confrontés les sportifs, même après leurs heures de gloire. La santé fragile de Bett, le meurtre violent de Kandie et le sort mystérieux de Kemboi révèlent les vulnérabilités des athlètes et des risques qu’ils encourent. Situation interpelant les autorités kényanes, les responsables du sport africain et aussi mondial, à mener la réflexion sur les mesures à prendre et à promouvoir pour mieux soutenir et accompagner les athlètes, tant sur le plan sportif que personnel. Pour ne citer que l’instauration de programmes de soutien psychologique, d’amélioration des soins et des conditions de sécurité à même pouvant contribuer à prévenir de telles tragédies à l’avenir.
L’athlétisme kényan, qui a su briller sur la scène internationale fait face non seulement à une tragédie mais une réalité troublante. Les pertes soudaines de Kipyegon Bett, Samson Kandie et Clément Kemboi doivent servir aussi de catalyseur pour permettre au Kenya notamment, de continuer à dominer la course des couloirs, africains et de surcroît mondiaux, ce qui sera un hommage à ceux qui les ont précédés.
Mohamed Amine Toumiat
