Abdelmadjid Tebboune est le grand vainqueur de l’élection présidentielle de 2024. C’est un fait incontestable à fortiori qu’il a obtenu un score large de 94,65% des suffrages exprimés. Un raz-de-marée qui a éteint ses deux adversaires en course. Abdelaâli Hassani Cherif et Youcef Aouchiche, à savoir, auxquels il faut reconnaitre le mérite d’avoir été fairplay. Ils n’ont pas crié au complot, loin s’en faut. C’est tout à leur honneur, en plus ça nous fait oublier les mauvais perdants d’une certaine époque que nous estimons, ici même, révolue. Autant dire qu’à ce stade les choses se sont déroulées comme prévu. Durant la période de campagne où la concurrence entre les trois candidats était seine et loyale jusqu’à l’opération électorale qui s’est déroulée dans le calme et la sérénité. Et pourtant, certains aspects liés aux résultats du scrutin, comme annoncés dimanche, par Mohamed Charfi, le président de l’Autorité nationale indépendante des élections, ont déplu. Sans exagérer, c’est la seule fausse note dans cette symphonie électorale qui aurait pu terminer en apothéose. En effet, quelques heures après un verdict de l’ANIE tiré par les cheveux, sachant que Charfi a fait l’impasse sur l’essentiel des chiffres ayant trait à la participation au vote, les directoires de campagne des trois candidats ont pondu un communiqué virulent à l’égard de l’ANIE. Les termes employés par les staffs de Tebboune, Hassani Cherif et Aouchiche pour décrire cette sortie de piste sont lourds de sens. « Des imprécisions, des contradictions, des ambiguïtés et des incohérences », a-t-on relevé. Pour résumer, les candidats reprochent à l’ANIE « l’ambiguïté » dans l’annonce des résultats préliminaires de la présidentielle, où elle a fait abstraction de « la plupart des données essentielles des communiqués d’annonce des résultats, comme il est d’usage dans toutes les échéances nationales importantes. » Par cette sortie, en catastrophe, l’ANIE nous a surpris. D’autant plus que nous avons toujours pensé qu’elle dispose de suffisamment d’expérience pour ne pas tomber dans les travers. L’ANIE de Mohamed Charfi a en effet eu sous sa coupe quatre joutes électorales que l’on peut citer en ordre croissant : la présidentielle 2019, le référendum sur la Constitution de novembre 2020, les législatives de juin 2021 et les locales de novembre 2021. Autant d’expérience qui n’a servi à rien ? Le droit à l’erreur n’est pas permis à ce niveau. Par ailleurs, certaines mauvaises langues trouvent « surprenant » que le Président candidat s’associe à la plainte de ses concurrents. Mais, ce n’est pas parce qu’il a gagné, haut la main, qu’Abdelmadjid Tebboune ne peut pas contester les résultats des urnes. Tout comme ses deux adversaires, il peut prétendre à plus – ou à moins d’ailleurs – de voix puisqu’il y aurait des irrégularités dans le décompte des bulletins de vote. Si, par le passé, il est prouvé des actes de fraude ayant entaché les élections, aujourd’hui ces pratiques sont reconnues révolues. « Autre temps, autres mœurs », dit-on.
Farid Guellil