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L’Algérie et l’Italie renforcent leur dialogue stratégique : la Libye au centre des préoccupations

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Abdelkader Messahel, était hier et avant-hier dans la capitale italienne pour y discuter avec les responsables de ce pays européen et méditerranéen de questions bilatérales mais également, et surtout, de questions régionales; ces dernières ayant, en effet, fait l’objet de l’essentiel de la réunion de la deuxième session du dialogue stratégique algéro-italien sur les questions politiques et sécuritaires.

Un espace dont la mise en place,dans le sillage du Traité d’amitié qu’ils ont signé en 2003, dénote de l’importance que les deux pays accordent à ces questions. Surtout que celles-ci, qui englobent aussi bien la crise libyenne et la situation prévalant en Tunisie et dans les pays du Sahel africain que la lancinante et dramatique question des migrants, constituent une menace certaine sur la stabilité, et même le devenir de certains des pays, de la sous-région méditerranéenne – la Méditerranée occidentale, à savoir – à laquelle les deux appartiennent. Et partant, une menace tout aussi sérieuse, sur le développement souhaité de leur coopération dans le domaine économique. Au demeurant, déjà consistante. Comme l’attestent et la densité des visites de hauts responsables, dans différents secteurs d’activité, enregistrées ces dernières années entre les deux pays, et le volume des échanges économiques– un peu plus de 10 milliards de dollars – existant entre eux ; un volume qui fait de l’Italie le deuxième fournisseur et client de l’Algérie. Aux premières loges des préoccupations communes, figure incontestablement la situation en Libye. Et ce, de par les menaces que toute détérioration subite dans ce pays fait peser sur leur stabilité interne.
Pour l’Algérie, du fait du risque avéré, pour ne pas dire de la certitude que l’ex-Jamahiriya ne devienne, ce faisant, un sanctuaire avéré des groupes terroristes opérant aujourd’hui à travers le monde ; notamment de DAESH, le plus important d’entre eux, qui y a pris pied depuis deux années maintenant. Et, partant, une base de départ pour des actions terroristes visant à la déstabiliser. L’exemple de l’attaque, en janvier 2013, contre le complexe gazier de Tiguentourine dans la wilaya d’Illizi est là pour rappeler aux sceptiques que de telles menaces ne sont aucunement spéculations de journaliste mal inspiré ou délires de politiciens en mal de sensationnel. Comme ne relève pas également de la spéculation le phénomène migratoire, à travers la Méditerranée, auquel est confrontée le Vieux continent. Et plus particulièrement l’Italie dont les côtes sont à portée d’embarcation de migrants partant de la Libye. Un phénomène que l’Italie a eu, longtemps, à subir seule les conséquences. Et dont les responsables redoutent la persistance.
Pour des raisons économiques : en crise, comme nombre de pays de l’Europe méditerranéenne, l’Italie, ne peut supporter longtemps un afflux régulier de nouveaux migrants. Surtout que la plupart de ces derniers ne sont pas qualifiés. Mais, également, sécuritaires : l’infiltration parmi la masse des migrants d’éléments terroristes n’étant pas, là aussi, à écarter. Une possibilité d’autant plus plausible qu’une partie du rivage libyen, celui qui s’étend, sur une centaine de kilomètres, part et d’autre de Syrte, la ville natale de Maâmmar Kadhafi, l’ancien leader libyen dont l’assassinant par de prétendus « révolutionnaires » aux ordres de l’OTAN en octobre 2011, a ouvert la boîte de Pandore du terrorisme dans ce pays, est présentement contrôlé par des groupes se revendiquant de DAESH. C’est, à l’évidence cette crainte partagée de voir la situation en Libye connaître une détérioration irrémédiable qui a poussé les deux pays, l’Algérie, par la voix de Abdelkader Messahel, son ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, et l’Italie, par celle de Paolo Gentiloni, son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, à appeler « toutes les parties libyennes à soutenir le processus politique de règlement (de la crise qui affecte leur pays) mené par les Nations unies » et ce, « à travers l’impératif d’un dialogue global et inclusif seul à même de permettre à (leur) pays de relever, dans le respect de sa souveraineté, de son intégrité territoriale, de son unité et de la cohésion de son peuple, les multiples défis politiques, sécuritaires et économiques auxquels il est confronté ». Un rappel de la nécessité, pour les parties libyennes, de s’en tenir à un règlement politique (de la crise qui ensanglante leur pays), et un net balisage des conditions – « le respect de la souveraineté (de la Libye), de son intégrité territoriale, de son unité et de la cohésion de son peuple » – que doit impérativement respecter, au final, le règlement souhaité,qui sont en eux-mêmes, l’expression de la crainte susmentionnée (de voir la situation en Libye se détériorer irrémédiablement).
Avec les conséquences attendues, rappelées ci-dessus, sur leurs situations internes respectives. Une crainte, au demeurant, parfaitement justifiée au vu de la persistance du flou chez notre voisin du Sud-est. Et ce, plus de trois mois après la constitution, au forceps, faut-il le rappeler, et son entrée au pays du Gouvernement d’union nationale (GNA).
Aucun des objectifs majeurs pour lesquels il a été formé n’a été, en effet, atteint jusqu’à présent par ce dernier. Alors qu’une bonne partie du territoire libyen continue d’échapper à son contrôle : il n’est toujours pas reconnu ni par le Parlement de Tobrouk, dans l’Est du pays, étrange paradoxe, le seul des deux parlements, ni par ce qui est présenté comme étant « l’armée nationale libyenne » que dirige le général Khalifa Haftar, il vient de subir la désaffection de quatre, sur les 18 qu’il compte, de ses ministres. Fait aggravant, tous originaires de la partie orientale de la Libye qui demeure réfractaire à l’autorité du GNA. Cette désaffection qui contient en son sein les germes d’une aggravation plus grande et plus sérieuse des menaces réelles sur l’unité de la Libye, n’a fait qu’épaissir encore plus le flou dans lequel baigne la Libye. Un flou que les informations contradictoires sur la libération de Seif-El-Islam Kadhafi, qui circulent depuis trois jours maintenant, participent à entretenir et, surtout, à épaissir. Si elles venaient à être confirmées, ces informations seraient le signe d’une évolution en profondeur de la situation en Libye. Et ce, dans le sens où la libération du fils de Maâmmar Kadhafi annoncerait le retour sur la scène politique libyenne des partisans de ce dernier. Toute la question est, aujourd’hui, de savoir si cette annonce est étayée par des faits avérés. Ou si elle n’a été diffusée que pour compliquer davantage la situation en Libye : beaucoup des forces, surtout celles se recrutant dans la partie islamiste de l’échiquier politique libyen, présentes sur le terrain n’étant pas disposées, loin s’en faut, à accepter les perspectives que la libération annoncée de Seif-El-Islam Kadhafi ne manquera pas d’ouvrir ; des perspectives qui ne seront pas à leur avantage. Ce sont tous ces faits, et les possibles dérapages auxquels ils peuvent donner lieu, qui expliquent, à l’évidence, l’insistance de Abdelkader Messahel et de Paolo Gentiloni sur la nécessité qu’ont toutes les parties libyennes « à privilégier la solution politique » comme seule voie de sortie de la crise qui ensanglante leur pays depuis plus de cinq années maintenant…
Mourad Bendris

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