Dans son dernier ouvrage intitulé « L’Algérie des temps préhistoriques, un patrimoine méconnu », l’universitaire Ginette Aumassip, préhistorienne et spécialiste du monde maghrébin et saharien, propose un rappel de la richesse des vestiges, d’un temps où l’homme n’avait pas encore inventé l’écriture, et de la fragilité de cet immense patrimoine.
Publié aux éditions Anep, sous forme de beau-livre, l’ouvrage revient en 155 pages sur les traces des plus vielles présences humaines pour remonter le temps jusqu’aux cultures néolithiques d’Afrique du nord. L’aventure de l’humanité que raconte l’ouvrage débute dans la région de Setif, où ont été découverts les plus anciens outils, pour se poursuivre à Mascara et évoluer vers Tébessa, avant que Béjaïa ne devienne le refuge de la période des grands froids et que la canicule ne pousse les hommes vers Chréa, Tiaret et Constantine ou qu’Oran ne voit se développer l’élevage et l’agriculture. L’universitaire revient sur les lieux des plus anciennes traces de présence humaine en Algérie, dans le bassin archéologique de Aïn Lahnech, près de la ville de Sétif, où des traces datées de 2.4 millions d’années ont été découvertes.
Ginette Aumassip fait également état des hauts lieux du paléolithique ancien, Tin Zaouatin, Reggan, bassin d’El Kherba près de Sétif ou encore Mansourah près de Constantine. Après les galets aménagés, l’universitaire s’intéresse aux « bifaces », considéré comme une évolution « industrielle », cet outils est un symbole d’une industrie lithique et typique de l’Acheuléen dont les principaux sites algériens sont les régions de Tiaret, de Constantine, de Béni Abbès ou encore de l’Ahaggar, en plus de gisements plus récents dans le bassin de Tighennif à Mascara ou celui de N’gaous à Batna.
L’auteure remonte le fil de l’évolution de l’humanité à travers les différents sites de présence humaine en Algérie pour arriver aux cultures néolithiques d’Afrique du nord qu’elle classe en « néolithique saharo-soudanais », « néolithique Tellien », et « néolithique de tradition caspienne ». Ginette Aumassip donne un aperçu sur les conditions climatiques et la faune et la flore de quelques régions d’Algérie à cette époque, allant jusqu’à 2500 ans avant notre ère, et évoque une organisation sociale complexe, selon divers indices « démontrant des activités donnant lieu à des spécialisations » et l’existence d’habitat sédentaire et nomade. Lors de cette même période, l’universitaire explique, l’évolution du chasseur- cueilleur vers l’éleveur et l’agriculteur, la connaissance du vêtement et de la parure, l’apparition de pratiques « magico-religieuses », en plus de l’épanouissement du graphisme et l’explosion de la peinture et de la gravure. Directeur de recherches en France, Ginette Aumassip est l’auteur de nombreux ouvrages et publications spécialisées dont « Néolithique sans poterie de la région de l’Oued Mya » (1972), « Trésor de l’Atlas » (1986), « Chronologie de l’art rupestre saharien et nord-africain » (1993), « Préhistoire du Sahara et de ses abords » (2002).
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