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LAKHDAR BRAHIMI DÉFEND LA FEUILLE DE ROUTE DE BOUTEFLIKA : «Les leaders doivent diriger au lieu de suivre la rue !»

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Pour sa deuxième sortie médiatique de suite, depuis qu’il s’est impliqué dans la crise politique que traverse le pays, le diplomate Lakhdar Brahimi, qui exclut d’être mandaté par le Président, relance son appel de dialogue en s’adressant à la classe politique, la société civile et tous les acteurs de la vie active du pays.

Intervenu hier sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, Brahimi défend la feuille de route soumise par le président Bouteflika et estime qu’elle représente, malgré étant rejetée par la rue, une opportunité pour amorcer le dialogue autour des revendications appelant au départ du régime et au changement du système politique. Mais, et d’emblée, il fait le point sur les consultations qu’il a menées jusque-là avec certains acteurs. «Il y a un blocage, j’espère que ce n’est pas une impasse. Depuis que je suis là, je n’ai qu’un seul mot dans la bouche : la nécessité de dialoguer. Et, plus tôt on commence à parler, mieux ça vaut !», fait, comme premier bilan, Brahimi qui reste optimiste surtout pour une «amorce du dialogue» en dépit des réticences de la rue et de la classe politique de l’opposition.
Si maintenant il juge de «hautement légitimes» les mots d’ordre de la rue, le diplomate estime que le Président a répondu au peuple en renonçant au cinquième mandat et faisant offre d’une sortie de crise pour aller vers une période de transition. «La rue refuse la négociation et conditionne le départ du Président et du système  Le pouvoir va-t-il concéder davantage ? Je ne sais pas, mais ce qui est absolument certain et urgent, c’est que le dialogue est indispensable. Que la rue tienne la position qui est la sienne à l’heure actuelle, je crois que c’est compréhensible», répond Brahimi à la question de savoir s’il y aura davantage de concessions du pouvoir dans un proche avenir, tant les marches de protestations poursuivent leur cours.
Toutefois, ce qui est moins compréhensible, aux yeux de celui qui a pris sa retraite dans les années 1990 déjà pour se consacrer à l’agenda international, «c’est ceux qui se disent des leaders, cadres et meneurs, qui suivent la rue au lieu de diriger ce mouvement qui a commencé il y a bientôt un mois». En d’autres termes, Brahim aurait souhaité que la classe politique de l’opposition, sans la nommer ainsi, traduise par le moyen d’une feuille de route, les aspirations de la rue algérienne, au lieu de «suivre», a-t-il employé comme terme.
«Il faut qu’il y ait un dialogue organisé, structuré et ce dont on a besoin. Pour cela, il faut commencer à parler dès maintenant, faire le premier face-à-face (Pouvoir-Opposition), mais pas tourner le dos aux autres», relance encore une fois Brahimi au moment où l’opinion publique craint une impasse politique qui précipiterait davantage le pays vers l’inconnu.
«Encore une fois, et je m’excuse de le répéter, ce changement ne pourra pas se faire tout seul. Ce n’est pas une baguette magique. Il faut que les gens s’assoient, mettre un programme pour effectuer ce changement pour aller à une 2e République. C’est ce qui manque à l’heure actuelle (…)», déplore le diplomate qui a xxeu à occuper plusieurs fonctions à l’ONU.
De retour aux parties qu’il avait eu à rencontrer dans le cadre de la recherche des solutions à la crise, Brahimi estime que «ceux qui se sont institués comme porte-paroles (rire)- je crois qu’ils ne sont pas désignés par qui que ce soit- ou plutôt ceux qui se sont proposés comme porte-paroles de la rue, m’ont dit qu’il faut un changement immédiat et qu’ils partent tous ! Ok, bien, laissez-nous partir (rire). Mais organisons-nous, on ne va pas mettre la clé sous le paillasson et partir. Partir tous ? C’est impossible et là encore j’ai parlé à plusieurs reprises de l’Irak. Regardez ce qui est arrivé à ce pays», brandit comme menace le diplomate.
Et de poursuivre qu’«ils vont tous partir, c’est ça ? Il faut savoir ce qu’est ce que c’est que l’État, l’administration et le pouvoir. Il faut préserver l’État, l’administration. Faut-il alors fermer les écoles ? Faire partir les policiers et les soldats ? Ils font partie de l’État. Vont-ils tous partir ? Voulez-vous faire ce qu’a fait breamer (Paul Bremer : administrateur de l’Irak, ndlr) lorsque l’Amérique a envalu le pays ?», argumente davantage Brahimi, qui défend un changement graduel qui ne risquerait pas d’arriver en «quelques mois, voire plus».
Farid Guellil

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