Le Forum des chefs d’entreprise (FCE) s’intéresse de plus près à la question de la diversification de l’économie nationale. De par son rôle premier dans la promotion de l’investissement et la production nationale, l’organisation dirigée par Ali Haddad a organisé, hier, à l’hôtel El-Aurassi d’Alger, une journée consacrée à la problématique de la transition énergétique qui se pose à l’Algérie.
En effet, l’Algérie qui assoit son économie sur la production des hydrocarbures ; depuis les années 70, est appelée, aujourd’hui, à créer d’autres sources d’énergie, à même de sortir de la dépendance aux ressources engrangées de l’exportation du pétrole. Néanmoins, si cette nouvelle orientation est imposée par la fluctuation et l’incertitude liées aux marchés pétroliers, il n’en demeure pas moins, que la transition ne pourrait se faire du jour au lendemain. Dans les participants à cette deuxième rencontre du Club Energia du FCE, Ali Haddad a indiqué que «le secteur de l’énergie a toujours constitué le socle de l’économie nationale et l’Algérie restera, certainement pendant encore plusieurs décennies, un acteur majeur sur le marché des hydrocarbures. Cependant, les différents chocs pétroliers que nous avons subis ont démontré que ce modèle économique n’est pas viable à long terme». Ainsi, en dépit des bouleversements qui ont affecté le prix du pétrole sur le marché mondial, Haddad estime qu’«il y a d’autres nouvelles donnes nous interpellent et parmi celles-ci l’émergence d’un marché d’hydrocarbures non conventionnels grâce aux avancées technologiques qui en facilitent l’exploration et l’exploitation». Ceci, comme pour gérer une période de transition avant d’aller vers une production diversifiée, basée de prime abord sur le financement de la rente pétrolière, avant qu’elle ne soit affranchie du «tout hydrocarbure». Pour ce qui est des autres énergies susceptibles de replacer le pétrole, le patron du FCE, pense que «la réflexion sur la transition énergétique porte aussi sur la nécessité d’avoir une industrie non polluante qui respecte l’environnement et qui n’aggrave pas les facteurs qui contribuent au changement climatique». Pour ce faire, «nous devons ainsi trouver des solutions pour réduire la consommation des secteurs énergivores et en améliorer l’efficacité énergétique et les performances tout en réduisant l’impact sur l’environnement», a-t-il préconisé, au courant de cette rencontre à laquelle ont pris part des chefs d’entreprise, des experts, des économistes et des spécialistes des questions énergétiques. Abordant la problématique des énergies renouvelables, Haddad a rappelé le programme du président de la République, qui prévoit à l’horizon 2030 une puissance totale de 22 000 Mégawatts dédiés à la seule consommation locale. Il projette de développer un large éventail de filières technologiques où le photovoltaïque et l’éolien se taillent la part du lion avec respectivement 13 575 Mégawats et 5 010 Mégawats, le reste étant réparti entre l’énergie solaire thermodynamique, la biomasse, la cogénération et la géothermie. Pour lui, à présent, charge aux pouvoirs publics de traduire ces politiques sur le terrain. «Il appartient désormais aux différents acteurs publics et privés de créer une véritable filière, de construire le marché des énergies renouvelables autour des acteurs locaux et étrangers, des technologies, du financement et des marchés cibles». Enfin, le premier responsable de l’organisation patronale a exposé les questions qu’il juge nécessaires et lesquelles devront avoir une réponse au cours des débats de cette journée d’étude. Il s’agit de savoir comment concilier dans un premier temps les besoins croissants du marché interne avec les engagements de l’Algérie en matière de production commerciale destinée à l’exportation. Ensuite, il en sera question de savoir si l’Algérie continuerait à exporter les hydrocarbures à l’état brut ou doit-elle encourager le développement d’une industrie de la transformation. Enfin, le chef du FCE s’est interrogé de savoir comment doter l’Algérie d’une industrie nationale de production de biens et de services dans le secteur de l’énergie et comment encourager l’innovation et la formation dans ce domaine.
F. Guellil