Le gouvernement a fixé la moyenne minimale d’admission au Baccalauréat à 9/20, selon le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Ouadjaout, lequel en a fait l’annonce hier. « Les candidats ayant obtenu une moyenne égale ou supérieure à 9/20 à l’examen du Baccalauréat, session 2020, seront admis à titre exceptionnel ». En effet, dans une déclaration à la presse au siège de son département ministériel, Ouadjaout a précisé qu’ « il a été décidé, en complément des dispositions de l’arrêté numéro 25 du 2 octobre 2007 fixant les modalités d’organisation de l’examen du Baccalauréat, modifié par l’article 23 bis, que tout candidat ayant obtenu une moyenne égale ou supérieure à 9/20 est considéré admis, à titre exceptionnel, à l’examen du Baccalauréat session 2020 ». Cette décision intervient, selon le ministre, « en application des dispositifs et mesures exceptionnelles relatives à l’organisation des examens scolaires session 2020, dans le contexte de la propagation de la pandémie de la Covid-19 ». Les dispositifs consistaient, poursuit le ministre, en la suppression de l’examen de fin de cycle de l’enseignement primaire, le report des examens du Brevet de l’enseignement moyen (BEM) et du Baccalauréat, respectivement à la 2e semaine et à la 3e semaine du mois de septembre 2020, tout en limitant les sujets des épreuves aux cours présentés en présentiel lors des 1er et 2e trimestres. Les mesures exceptionnelles portaient également, rappelle le ministre, sur « le passage des élèves de la 4e année moyenne à la 1ère année secondaire, tel que le stipule la circulaire ministé-rielle numéro 619 du 27 juin 2020 ainsi que les autres circulaires y afférentes, et ce, a ajouté, afin d’accorder à nos enfants une chance de réussir dans leur parcours scolaire au vu de ce qu’ils ont enduré, plus de 8 mois durant, de pression psychologique sans précédent induite par le confinement à domicile, la rupture de la scolarité et par les conditions sanitaires difficiles que nous avons tous vécues suite à la propagation du Coronavirus », a-t-il indiqué. Egalement, le ministre a fait savoir que « les résultats de l’examen du Bac session 2020 seront proclamés incessamment juste après les délibérations ». Si maintenant cette décision prise en application des dispositifs et mesures exceptionnels dans le contexte de la situation sanitaire difficile causée par le Coronavirus, pourquoi le ministère a-t-il attendu jusqu’à hier pour l’annoncer ? La logique ne voudrait-elle pas que la décision soit prise au moment des consultations avec le partenaire social avant même de fixer la date des examens ? LA PRIME SCOLAIRE OCTROYÉE AVANT LE 25 OCTOBRE Par ailleurs, le premier responsable du secteur de l’Éducation nationale a annoncé concernant la prime de solidarité scolaire de 5.000 da, que cette dernière sera attribuée aux élèves nécessiteux avant le 25 octobre courant. Pour rappel le 23 juin passé, le ministère de l’Éducation nationale a ordonné aux directeurs d’établissement de suivre de près, dès la première semaine de la rentrée scolaire, l’opération d’attribution de la prime de solidarité de 5.000 DA et la remise des manuels scolaires, le département d’Ouadjaout avait fixé la date butoir du 30 novembre passé comme dernier délai pour la réception des dossiers des bénéficiaires de cette aide.
Sarah Oubraham
Salve de critiques sur la Toile
Dès l’annonce par le ministère de l’Éducation nationale de fixer la moyenne d’obtention de l’examen de fin de cycle secondaire, le baccalauréat à 9/20, arguant « en raison des conditions sanitaires » allusion à la pandémie du Covid19, la Toile s’est enflammée, jusqu’à associer cette annonce à celle prise par le personnage du feuilleton de Hachour el-Achir, dénonçant par la même occasion une décision qualifiée par les internautes de « populiste ». Ceux qui se sont vu privés de la connexion durant les jours d’examen du Bac, mesure pour contrecarrer toutes tentatives de triches ou de diffusion de sujets, ont été aussi de la partie. Un internaute a écrit « on nous a servi une connexion pourrie pendant toute une semaine, pour donner le Bac avec 9/20, ma parole, c’est de la caricature » lit-on. S’adressant aux examinés ayant obtenu moins 10 /20, sur leur copies du bac, un internaute les félicite, après être passé du statut de recalés du bac aux admis au monde universitaire, après avoir revu à la baisse la moyenne de réussite à l’examen du baccalauréat. Il a écrit « je félicite les recalés du Bac pour leur réussite ». Et un autre d’attirer l’attention du ministère en lui rappelant que dans les pires moments qu’a vécu le pays, il n’y a pas eu ce genre de décisions, en soulignant que « dans les années 90 l’Algérie avait vécu des conditions autrement plus exceptionnelles et plus dramatiques, mais personne n’a osé toucher au Bac »
K. B.
RÉACTIONS
La Fédération des parents d’élèves : « Excellente nouvelle ! »
Contacté, hier, par nos soins, la présidente de la Fédération nationale des parents d’élèves, Djamila Khiar, s’est félicitée de cette décision annoncée par le ministère de l’Education «c’est quelque chose que nous avions demandé et attendu » « nous félicitons nos enfants pour leurs réussite », « c’est une excellente nouvelle »dit-t-elle. Et poursuivant « en tant que Fédération des parents d’élèves nous avons dépensé beaucoup d’énergie et déployé assez d’efforts pour arriver à cela » a-t-elle indiqué en ajoutant qu’il «n’y a pas de raison pour que cette décision ne soit pas appliquée pour le Bac alors qu’elle a été décidée pour la 5ème et le BEM » conclut Djamila Khiar.
L’UNPEF : « Une décision inattendue, nous ignorons ses motivations »
Pour le président du Bureau national de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef) Sadek Dziri, la décision du ministre de l’Education est une «surprise » et « inattendue » « nous n’avions pas été consultés » indique-t-il, en poursuivant que l’UNPEF ignore carrément les raisons et les motivations de cette décision. « On ne sait pas si c’est à cause de la situation sanitaire actuelle ou à cause d’autre chose.. » s’interroge-t-il en laissant entendre d’autres raisons. Tout en soulignant l’impact négatif qu’elle aura sur le niveau éducatif de l’élève notamment à l’université, ainsi que son impact négatif sur le Baccalauréat lui même en touchant à sa crédibilité.
Le SATEF : « Une mascarade qui touche à la crédibilité du Bac »
Pour le secrétaire général du SATEF, c’est une décision « inacceptable » et «incompréhensible». Contacté, hier, par téléphone, Boualem Amoura nous a affirmé qu’il s’agit d’une « mascarade, que le SATEF refuse d’encourager », « c’est de la médiocrité, déjà notre syndicat était contre le passage des élèves à des niveaux supérieurs avec une moyenne de 9/20 et de 4.5 /10 en 5ème année, cette fois-ci c’est la crédibilité du Baccalauréat qui est touchée de plein fouet » dit-t-il, parce que c’est un examen qui a une crédibilité internationale. En indiquant également qu’il y’aura sans aucun doute des répercussions catastrophiques à tous les niveaux, « parce qu’en temps normal nos bacheliers ayant le bac par 10 jusqu’à 13/20 ne trouvaient pas quoi choisir comme filière à l’université, le choix était déjà limité », ce qui l’a poussé à s’interroger « alors quoi dire avec un Bac de 9/20 ? Quelle filière va-t-il choisir ? poursuivant : « nous n’avons jamais pensé arriver à toucher le fond, et nous continuons à creuser encore » regrette-t-il, affirmant au passage que « c’est une décision du gouvernement ou d’une autre autorité de l’État pas celle du ministère de l’Éducation » a conclu le SG du SATEF.
S. O.