Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, qui s’est rendu hier à Rabat, a discuté, avec son homologue marocain, coopération en matière de lutte contre les narcotrafiquants. En conférence de presse, il a remercié les autorités du Royaume pour leur collaboration dans l’affaire de Mohamed Amra, surnommé dans les milieux du crime « La Mouche ». Il s’agit du fameux narcotrafiquant en cavale arrêté le 22 février à Bucarest, en Roumanie, et remis aux autorités françaises. Pour la collaboration du Maroc, elle concerne deux « acolytes » qui auraient aidé ce criminel à s’évader et qui ont été arrêtés à Marrakech. Et en quoi cela nous dérange-t-il, diriez-vous ? En rien, tant que l’affaire concerne Français et Marocains. Toutefois, les louanges de Darmanin à l’égard de ses hôtes marocains, qu’il présente comme les « champions » de la lutte contre les narcotrafiquants, nous interpelle. Pourquoi ? Parce que le voisin de l’ouest est tout sauf un acteur dans la lutte contre les crimes liés à la drogue. Un pays qui dispose d’une véritable industrie du trafic de drogue. Il traine cette mauvaise réputation dans les quatre coins du monde. Le Makhzen ne peut pas être la solution à la drogue parce qu’il en est le problème. A fortiori que le Maroc est le premier producteur et la plaque tournante du commerce mondial du cannabis. Nous n’avons rien inventé, c’est l’Office onusien contre la drogue et le crime qui le dit et le redit, de mal en pis, dans les rapports qu’il établit chaque année concernant le fléau du trafic de drogue. Et puis, l’Algérie voisine a subit plus que n’importe quel autre pays l’impact du trafic du haschich marocain, sachant que chaque jour que Dieu fait, d’importantes quantités ont été saisies à nos frontières Ouest. Par ailleurs, l’hypothèse selon laquelle le Maroc vise à produire du cannabis à des fins thérapeutiques ne tient pas la route. Car, derrière, c’est un marché juteux qui pèse des milliards de dollars comme rente qui rentre directement dans les caisses des dignitaires marocains proches du palais. C’est sans compter les revenus de la drogue dont l’argent sale est blanchi dans l’achat de biens mobiliers et immobilier par l’entourage du Roi marocain. Par ailleurs, Mohammed VI continue à chaque occasion officielle de gracier les dealers, ainsi réé-exploités pour la pérennité de l’industrie de la drogue. C’est dire que les propos du ministre français tenus à Rabat ne peuvent pas blanchir les crimes du Makhzen liés au trafic de la drogue.
Farid Guellil