Par Ali El Hadj Tahar
Avec le président Tebboune, aussitôt qu’annoncées, les décisions sont exécutées et mises en pratiques, sans tergiversations ni reculs. La déclaration ne sert plus à bluffer ou à gagner des supporters comme cela se faisait par le passé, avec d’innombrables exemples de commissions, suivies de tant d’autres paroles en l’air durant vingt longues années de vaines promesses. Le non-respect de la parole tenue a décrédibilisé l’État et les institutions ; et c’est ce qui a induit la crise de confiance actuelle voire, cette volonté de tabula rasa qui se manifeste encore chez certains. La parole donnée par une autorité publique est sacrée, semble dire M. Tebboune, qui donne l’exemple lui-même.
C’est dans cette perspective que s’inscrivent la réception de M. Mouloud Hamrouche par le Président, ainsi que la visite de ce dernier au domicile d’Ahmed Taleb Ibrahimi, après les rencontres qu’il a eues avec MM. Ahmed Benbitour et Abdelaziz Rahabi. Ces rencontres s’inscrivent dans le cadre des consultations lancées par le Chef de l’État avec des personnalités nationales, des présidents de partis et des représentants de la société civile sur la situation globale du pays et la révision de la Constitution.
Un communiqué de la présidence de la République rappelle que «l’objectif de ces consultations est l’édification d’une nouvelle République répondant aux aspirations du peuple et de procéder à une réforme globale de l’État à même de consacrer la démocratie dans le cadre d’un État de droit préservant les droits et les libertés des citoyens». Les observateurs considèrent M. Hamrouche comme un acteur politique incontournable. L’ancien Chef du gouvernement sous Chadli Bendjedid a toujours affiché sa disponibilité à s’exprimer lorsque nécessaire, même s’il a annoncé sa retraite politique. Il n’a d’ailleurs pas manqué de le faire, notamment dans une contribution publiée dans un quotidien national où il a écrit, s’inscrivant d’emblée dans le sillage du Hirak, que « le pays a cruellement besoin non pas d’un simple consentement ou un changement d’hommes, mais d’un vrai modèle institutionnel politique et étatique.» Depuis la publication de cette contribution, le président Tebboune a été élu, de surcroît avec une large victoire sur les autres candidats dans un scrutin qu’aucun pays n’a remis en question. Attendons de connaître la position de M. Hamrouche sur la situation actuelle et les propositions concrètes qu’il aurait faites au Président.
Affichant une réelle volonté d’écoute, M. Tebboune a même effectué une visite, lundi, au domicile d’Ahmed Taleb Ibrahimi, ce qui est une première dans les annales de la pratique politique du pays. La méthode de la main tendue a encore agi, à l’endroit d’un aîné, aujourd’hui âgé de 88 ans. Les opposants aux idées du fils du Cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi, également fondateur en 1955 de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), ne peuvent nier qu’il a été lui-même victime du régime de Bouteflika puisque son parti, Wafa, n’a pas obtenu d’agrément. Son retrait de la scène politique ne l’a pas empêché de signer en 2017 un appel, avec Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyellès, demandant à exiger l’état d’incapacité du président Bouteflika.
Sofiane Djilali a été le premier responsable d’une formation politique à être reçu par le Président. Le président du parti Jil Jadid a été l’un des plus réfractaires au dialogue, avant de changer de cap. Convaincu de la bonne foi du Président, il a prouvé que l’opposition constructive existe et que seul l’esprit fair-play peut faire avancer les choses, d’autant, a-t-il insisté auparavant, que « refuser tout dialogue » signifie « s’organiser en dehors de l’État, et donc aller vers la désobéissance civile et ainsi vers la révolution […] Sinon il reste deux autres options : abandonner et se taire ou alors commencer dès maintenant à travailler pour organiser les forces plurielles du Hirak en organisations plurielles qui peuvent remplacer le vide dans le pays ».
Ainsi donc, le Président est en train d’ouvrir une ère de dialogue pour mettre en place la forme de gouvernance promise et qui est également en train de voir le jour avec la mise en place du Comité d’Experts qui travaille sur l’amendement de la Constitution. C’est dans le cadre de cette dynamique que l’Autorité nationale indépendante des élections a annoncé la poursuite de ses activités en vue de préparer l’organisation du référendum en question.
Il est donc logique que l’ANIE soit reconduite, après le satisfécit de tous les observateurs de l’élection du 12-12. Cette reconduction atteste que le Président ne change pas l’équipe qui gagne ni ne cherche à imposer ses éléments, contrairement aux pratiques du passé qui ont engendré tant de népotisme et de clanisme.
A.E.T.