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La mafia des élections

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Les Algériens savaient depuis toujours qu’une « main » invisible truquait les élections. Ils pensaient que cette « main » était tellement puissante que personne ne pouvait l’arrêter. Ils savaient aussi que la « Chkara » des législatives de 2017 faisait partie du « décor ». Pour la première fois de notre histoire, l’organisation secrète, la vraie, qui trafiquait nos élections, vient de tomber. Le procureur général près la Cour d’Alger, Lotfi Boudjemaa a agréablement surpris l’opinion publique en annonçant, jeudi dernier dans une conférence de presse, le début de la fin de la pieuvre qui tenait dans ses tentacules toutes les consultations électorales du pays.
L’événement est historique. Le procureur général a expliqué que tout a commencé par des « informations fiables faisant état d’achat de parrainages d’élus par certains prétendants à la candidature à la prochaine présidentielle ». Suite à quoi « le Parquet a ordonné aux services de la police judiciaire de diligenter une enquête préliminaire approfondie sur cette affaire » a-t-il ajouté. Ce que les enquêteurs ont découvert est édifiant. D’abord que « plus de 50 élus ont reconnu avoir reçu des sommes allant de 20 000 à 30 000 DA en échange de parrainages de ces prétendants à la candidature ».
Quelle honte, des élus qui « vendent » leur âme à 2 millions de centimes. Ensuite, les enquêteurs ont découvert « 10 personnes qui ont servi d’intermédiaires dans la collecte et la remise de fonds entre ces élus et les prétendants à la candidature ». Une véritable association de malfaiteurs pour « servir » 3 prétendants à la candidature qui ont été identifiés. Le procureur général n’a, toutefois pas divulgué leurs identités. Il a précisé que « l’enquête préliminaire se poursuit » et que « toute personne impliquée dans ces faits, de près ou de loin sera arrêtée et poursuivie ». Il faudra s’attendre donc à d’autres révélations du procureur général, au fur et à mesure que l’enquête avance. Mais déjà, des questions se posent. De quelle « sensibilité » politique se réclament les élus qui ont avoué ? Auprès de qui était effectuée la collecte des fonds ? Qu’est-ce qui a pu inciter ces donateurs à mettre la main à la poche ? Étaient-ils contraints de donner ? Quel est le profil des « intermédiaires » ? D’où viennent-ils et que font-ils en dehors de ces méfaits ? Et enfin cette question lancinante de la mafia des élections au service de 3 prétendants. Qu’ont-ils de commun, ces prétendants pour bénéficier des mêmes services ? Leur « sensibilité » politique ? Ou une appartenance à une « loge » ? Ceci étant, l’intervention de la justice dans une affaire de trafic des élections est en soi une victoire. Pour le pays et pour tous les Algériens. Ceux qui doutaient de la moralisation de la vie publique en cours dans notre pays, sont maintenant convaincus que les choses ont bien changé ces dernières années. Au final, cette affaire vient confirmer la nécessité d’amender la loi électorale. Surtout l’élection présidentielle. Voire même de criminaliser le trafic des élections !
Zouhir Mebarki

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