Il serait naïf de croire que c’est par souci d’équité et de vérité que la justice suisse a déterré l’affaire de l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, renvoyé devant un tribunal avec acte d’accusation.
C’est une grossière affaire qui sent la manipulation fomentée par des parties qui veulent nuire à l’image de notre pays. Il faut savoir que cette affaire avait connu un certain temps une fin avec l’extinction des charges décidée par un magistrat suisse. Mais cette issue n’était pas du goût de ceux qui ont voulu en faire un cheval de Troie pour porter atteinte à l’Algérie. Le timing aussi laisse supposer que des mains se cachent derrière cette résurrection.
Le monde est en pleine mutation géostratégique, la France coloniale est en train de subir des revers en Afrique subsaharienne, les initiatives diplomatiques lancées par l’Algérie pour faire barrage à l’interventionnisme occidental en Afrique, la guerre en Ukraine et les secousses que subissent les fondements du fondamentalisme Wahabite, renié par ses géniteurs aujourd’hui lancés dans une véritable ouverture vers le monde et la modernité sont autant d’éléments qui prouvent que cette affaire sent le complot à mille lieues.
Et s’il faille ouvrir la voie devant le révisionnisme, autant prendre le problème sous tous ses aspects. Au moment où l’Algérie se battait seule contre le terrorisme islamiste, des capitales occidentales déroulaient le tapis rouge devant les assassins d’enfants et ceux qui n’hésitaient pas depuis les salons cossus de Londres, Genève, Paris et même New York de revendiquer publiquement les crimes du GIA. Un petit rappel s’impose, au moment où le monde condamnait l’attentat contre le commissariat central d’Alger au Boulevard Amirouche, perpétré la veille du mois sacré, Anouar Haddam, n’avait pas trouvé mieux que de bénir ce qu’il avait qualifié de coup d’éclat des ‘’moudjahidine’’, un coup d’éclat où avaient péri des civils, innocents dont le seul tort était de passer par ce boulevard au moment de l’explosion. Ses propos ne lui avaient même pas valu une remise à l’ordre par ceux qui lui avaient offert le couvert, le gite et la protection.
Les Algériens sont en droit, puisque les occidentaux semblent vouloir rouvrir les plaies du passé, de demander des comptes à ceux qui ont accueilli tous ceux qui ont été à l’origine des drames vécus par des millions de citoyens durant la décennie rouge. Au moment où l’Armée nationale populaire avait pris ses responsabilités pour combattre le terrorisme aveugle, l’Occident se complaisait dans son « qui tue qui » mortifère qui renvoyait dos à dos la victime et son bourreau et pire encore qui lavait les assassins de leur ignominie.
Il est étonnant de voir comment cette affaire a bénéficié d’un traitement médiatique spécial. Le scoop du siècle, une « Break news », qui a déferlé sur les réseaux sociaux, les écrans de télé et les Unes de journaux. Mais quels canaux et c’est là où réside le véritable intérêt car à voir leur profil, les fils du complot se découvrent au grand jour. 84 sites d’informations et journaux marocains ont trouvé matière à écrire en se délectant des détails pour tenter de discréditer l’ANP. 170 canaux d’information proches des frères musulmans ont relayé l’affaire des poursuites contre Khaled Nezzar tout en tentant de laver leurs condisciples de leurs crimes. 35 médias français ont traité l’affaire sans s’embarrasser des principes de l’éthique et de la déontologie.
La réponse officielle de l’Algérie est à la juste mesure du préjudice que tente de causer la justice suisse à l’Armée nationale populaire.
L’acte d’accusation signé par un magistrat suisse n’est pas innocent et ne traduit pas la liberté de la justice dans ce pays. Bien au contraire c’est une preuve de plus qu’aucune institution dans les démocraties occidentales. Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a estimé dans une communication avec son homologue suisse que, « l’Algérie trouve inadmissible que la justice suisse s’arroge le droit de porter un jugement sur les choix politiques d’un État souverain et indépendant en matière de sécurité nationale ». Il n’a pas manqué de souligné que la gratitude de l’Algérie à l’égard de la Suisse demeure intacte s’agissant du rôle qu’elle a joué dans le recouvrement par notre pays de son indépendance. Il a précisé toutefois que, « cette affaire a atteint les limites de l’inadmissible et de l’intolérable et que le gouvernement algérien est déterminé à en tirer toutes les conséquences, y compris celles qui sont loin d’être souhaitables pour l’avenir des relations algéro-suisses ».
Ahmed Attaf a formulé le vœu que « tout soit entrepris pour éviter que cette affaire n’entraine les relations entre l’Algérie et la Suisse sur la voie de l’indésirable et de l’irréparable ». C’est dire qu’au moment où les criminels sont choyés dans certaines capitales européennes qui ont flanqué certains parmi eux du statut de VIP, on continue de vouloir salir l’image du rempart qui a protégé le peuple et le pays de la dérive islamiste et surtout du terrorisme barbare qui n’a épargné aucune couche et classe du peuple.
Slimane B.