Accueil MONDE La Grèce rembourse le FMI : l’incertitude demeure sur les prochaines échéances

La Grèce rembourse le FMI : l’incertitude demeure sur les prochaines échéances

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Cette fois-ci, cela s’est encore bien passé. Mais après ? Le gouvernement grec sera-t-il en mesure, dans les prochaines semaines, d’honorer tous les remboursements d’emprunts auxquels il doit faire face ? Ou, pour tenir ces engagements, aura-t-il besoin de bénéficier de l’aide financière de ses créanciers internationaux ? La question est toujours ouverte. Et le flou continue à régner sur la situation financière réelle de la Grèce, les déclarations des différentes parties – à commencer par celles du gouvernement d’Alexis Tsipras – étant souvent contradictoires. En tout état de cause, jeudi 9 avril, Athènes semblait devoir tenir ses engagements. Un ordre de payer 459 millions d’euros au FMI, soit l’échéance du mois d’avril de son plan de remboursement, est parvenu à la Banque de Grèce, selon une source anonyme citée par l’agence AFP. « Le paiement est programmé et sera effectué dans la journée », a déclaré un responsable gouvernemental à l’agence Reuters. La source citée par l’AFP a ajouté qu’« il est impossible que la Grèce ne serve pas toute sa dette ce mois-ci ». Mais, pendant ce temps, les discussions entre le gouvernement grec et ses créanciers pour trouver un terrain d’entente sur les réformes à mener, et donc débloquer la dernière tranche des aides financières prévues (7,2 milliards d’euros au total) se poursuivent. Elles n’ont pas abouti à ce stade.

Demande d’aide rejetée
Les institutions de Bruxelles, où s’est réuni une nouvelle fois, mercredi 8 avril, un groupe d’experts (Euro Working Group) chargé d’examiner les pistes de réforme proposées par la Grèce, étaient toujours dans la plus grande expectative, jeudi, alors que le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, poursuivait sa visite à Moscou. Le groupe technique devait poursuivre ses travaux dans la journée et examiner en détail les 26 pages de propositions déposées récemment par Athènes et jugées, pour une bonne part, encore trop floues. L’hypothèse d’une visite dans la capitale belge du ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, restait évoquée. Mercredi soir, lors de la réunion à Bruxelles, Athènes a soumis aux autres pays de la zone euro une nouvelle demande d’aide financière. Mais celle-ci a été rejetée, les partenaires européens de la Grèce lui donnant six jours ouvrés pour préciser son programme de réformes, rapporte l’agence Reuters. « Côté grec, il y a eu une déclaration forte sur le fait que sa situation de trésorerie commençait à devenir vraiment mauvaise et on a appelé à dégager une aide de trésorerie avant la réunion des ministres des Finances [l’Eurogroupe] de la zone euro du 24 avril », a déclaré une source de la zone euro.

Rendez-vous clé le 24 avril
Le week-end dernier, le ministre avait voulu rassurer quant à la solvabilité de son pays. Il avait eu, à Washington, une rencontre impromptue avec la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, au cours de laquelle il avait confirmé le remboursement du 9 avril. En mai, le gouvernement grec devra verser encore 760 millions au FMI, 320 millions d’intérêts mais aussi renouveler des bons du Trésor à hauteur de 2,8 milliards. Il y a donc urgence et une date butoir : celle du 24 avril, où l’Eurogroupe, réuni à Riga, doit prendre une décision : c’est-à-dire donner son aval aux projets de réformes et commencer à débloquer les aides. Dans une note récente, les analystes de la banque HSBC ont indiqué qu’ils ne voyaient pas de difficultés pour le gouvernement grec jusqu’à fin avril (y compris pour le paiement des salaires et des pensions des fonctionnaires), mais que la situation leur apparaissait plus compliquée à compter du 12 mai, date à laquelle Athènes doit rembourser 767 millions d’euros au FMI.

«Un froid»
Les analystes de la banque UBS évoquent, quant à eux, une probabilité de 50 %-60 % que la Grèce fasse défaut. À l’évidence, les membres de la zone euro gèlent actuellement leurs démarches en attendant les conclusions précises du voyage de M. Tsipras en Russie. La Commission s’efforce depuis plusieurs jours de minimiser la portée de sa rencontre avec Vladimir Poutine et d’autres responsables. Bruxelles refuse « toute déclaration sur un Etat membre, qui fait partie de la famille », insistait mercredi un porte-parole. « Nous sommes tous unis et espérons le rester », poursuivait-il, dans une probable allusion aux débats sur les sanctions à l’égard de la Russie, qui devront aboutir au plus tard au mois de juin. Avant son voyage à Moscou, M. Tsipras les a jugées « insensées » et estimé qu’elles conduisaient à « une impasse ».
Chypre, la Hongrie, l’Autriche, la République tchèque et d’autres ne sont pas loin de penser la même chose. Jeudi matin, un expert bruxellois ne niait pas que le voyage moscovite du Premier ministre grec avait « jeté un froid », mais préférait s’en tenir aux déclarations du président Vladimir Poutine, selon lequel, son interlocuteur n’a pas réclamé d’aide financière à la Russie. Pour ce haut fonctionnaire, les choses sont « plus ambiguës » quant à la possible levée de l’embargo russe sur les produits alimentaires grecs et l’implication éventuelle de la Grèce dans les projets gaziers russes. D’où la prudence des négociateurs qui doivent préparer la décision du 22 avril.

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