En 2005, sous Jacques Chirac, la France avait reconnu que les massacres du 8 mai 1945 en Algérie étaient « une tragédie inexcusable ». En 2012, sous François Hollande, la France avait reconnu qu’avec ces massacres du 8 mai 1945 en Algérie « la France avait manqué à ses valeurs universelles ». Sous Emmanuel Macron qui avait reconnu « les crimes contre l’humanité » de la colonisation en Algérie, pas un mot sur les massacres du 8 mai 1945 en Algérie. Dans ces trois cas, le pouvoir français a fait preuve d’une remarquable ambiguïté. Par sa posture « d’un pas en avant, deux en arrière » et par sa politique « entre deux chaises ». Que reste-t-il de crédibilité et de courage à la France lorsqu’elle est incapable de se positionner clairement sur des pans de sa propre histoire ? Au point où sous Jacques Chirac, le traité d’amitié entre les deux pays a été sabordé. Au point où François Hollande s’est permis d’être insolent avec son « alacrité ». Au point même où Emmanuel Macron s’est permis un inqualifiable retournement de veste, qui a jeté les deux pays dans une crise sans précédent. Donnant toute la signification au silence de l’Élysée sur le 80ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945 en Algérie. Il ne faut pas croire que ce « pas de deux » est nouveau.
Lorsque les massacres du 8 mai 1945, qui ont causé la mort de 45.000 Algériens par l’armée coloniale, ont eu lieu, la France était dirigée par le général De Gaulle. Il a laissé entendre ne pas être au courant de l’événement. Après l’enquête « infructueuse » du général, Paul Tubert, l’affaire fut étouffée. Simple hasard ? Lorsque le 17 octobre 1961, toujours sous la gouvernance du général De Gaulle, la police de Paris, massacra les Algériens qui manifestaient pacifiquement, en jetant beaucoup d’entre eux dans la Seine. Dans les deux cas, le pouvoir français mit en avant des sous-fifres. Le sous-préfet André Achiary pour les massacres du 8 mai et le préfet de police Papon pour les assassinats du 17 octobre 1961. C’est la manière adoptée par le régime français pour falsifier l’histoire depuis le début de la colonisation en 1830.
Si l’on ajoute à cette attitude de faux-fuyants, la mauvaise foi sur les tortures durant la Guerre d’Algérie, des disparus, des victimes des essais nucléaires et des gaz chimiques ou encore du vol de notre patrimoine mémoriel, de notre trésor d’Alger, de nos archives nationales, sans compter le vol de nos ressources naturelles durant près d’un siècle et demi, etc. Que restera-t-il de crédibilité à la France auprès des Algériens ? Seule consolation, des voix françaises, comme celles de Gisèle Halimi, de l’historien Christophe Lafaye, ou des élus français qui sont venus en Algérie, à l’occasion du 80ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945, en signe de solidarité, commémorer avec nous l’événement, sauvant quelque peu la perception des valeurs de la France. Ceci dit, les Algériens ne supportent plus l’hypocrisie d’une France assise « entre deux chaises » et encore moins ses racistes haineux. 132 ans + 63 ans, ça suffit !
Zouhir Mebarki