Le secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, va animer un meeting populaire, samedi prochain, dans la wilaya de Skikda. Il s’agit de sa première sortie à la rencontre des citoyens et de sa base militante, depuis notamment son retour aux commandes du parti.
Au-delà de marquer l’anniversaire de la création du RND qui coïncide avec le 21 février, Ouyahia fera de cette halte, une occasion, tentons-nous de le dire, pour l’entame de sa propre campagne électorale, en prévision du congrès extraordinaire du parti, prévu les 5, 6 et 7 mai prochains, devant accoucher d’un néo SG à la tête de la formation politique crée en 1997. Tel semble être l’objectif numéro un assigné au meeting de l’Est du pays, dans la mesure où l’échéance en question est toute proche. Pour ce faire, l’actuel directeur de cabinet de la présidence de la République abordera les questions importantes de la scène nationale pour apporter les éclairages qui lui sont légions, au sujet du contexte politico-économique en cours dans le pays. Il ne fera pas appel à la lecture et à l’analyse politiques, mais il aura à adopter un langage d’essence électoraliste, à même de réhabiliter son aura auprès des citoyens en général, et de ses militants en particulier, en vue de faire grimper sa côte et de conforter par la même ses chances de garder son statut qu’il occupe depuis le 10 juin dernier. La tâche n’est pas de tout repos. Et pour cause, si par le passé récent Ouyahia n’a pas trouvé des difficultés à être rappelé en «rescousse» pour reprendre le contrôle du RND, en remplacement de son prédécesseur, Abdelkader Bensalah, accusé, lui, par les cadres dirigeants d’avoir délaissé les affaires du parti, le contexte prévalant au RND à l’heure actuelle diffère et les nouvelles donnes ne vont pas forcément en faveur du candidat «providentiel». Quand bien même lorsqu’il a été reconduit à la tête du parti, le Conseil national l’a plébiscité dans une rencontre où la forme a primé sur ce qui n’était qu’une partie jouée d’avance. En effet, l’ex-chef du gouvernement ne sera pas le seul prétendant à sa propre succession lors du prochain rendez-vous du parti. Certes, il n’aura pas en face le candidat le plus cuirassé par la haute sphère du pouvoir soit-il, Bensalah notamment, mais d’autres cavaliers sont à l’affut et se disent même prêts à croiser le fer avec l’homme fort du RND, éjecté du trône en 2013, puis réhabilité quelques mois plus tard pour assurer l’intérim de l’actuel président du Conseil de la nation. De plus en plus de cadres dirigeants parmi les plus ambitieux d’occuper la tête du parti, ou tout au moins ceux qui jouissent de parrainages de l’entourage partisan, veulent rompre avec les traditions courantes au sein du RND, notamment le plébiscite des chefs. L’un des plus en vue est Belkacem Mellah, cadre et membre du Conseil national du parti. Lequel responsable politique ne cachant pas son ambition de se porter candidat au poste de SG, il annonce d’ores et déjà entamer sa campagne électorale, après qu’il se soit déchargé de son statut d’officiel en tant que directeur de la communication du Premier ministre, comme il l’a porté récémment à la connaissance de l’opinion publique. Pour lui, les pratiques consistant à la désignation du premier responsable du parti comme cela se faisait depuis sa création doivent changer, prônant que le SG tout comme les responsables du Bureau national et des coordinateurs de wilayas de cette formation politique doivent être élus par les urnes. Néanmoins, Mellah a-t-il assez de poids politique et de soutien à même de braver le candidat à sa propre succession ? Même si cet ex-Secrétaire d’état auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports, en charge de la jeunesse dit ne pas avoir de divergences avec Ouyahia et même avec Bensalah, il compte sur la base militante à laquelle il fait confiance pour le propulser à la tête du parti. D’autre part, le même responsable politique dit qu’il peut tout de même compter qu’une partie de la direction politique, même si la majorité des instances dirigeantes du parti semblent porter leur soutien à l’ex-chef du gouvernement. D’ailleurs, le choix de débuter la campagne dans cette partie du pays n’est pas fortuit pour Ouyahia.
Ce dernier sait pertinemment que son potentiel rival est issu de l’Est algérien, donc, autant investir dans un terrain qui lui semble être le fief de Mellah, afin de lui couper l’herbe sous les pieds. L’ex-responsable de la communication auprès d’Abdelmalek Sellal, tout en indiquant prendre part au meeting de Skikda, entend organiser quelques cinq rencontres du même genre à son compte.
Comme crédo et argument électoraliste, Mellah prône une réorientation du parti vers la base militante et soutient que le RND doit s’ouvrir à d’autres formations politiques. En tout état de cause, une fois n’est pas coutume, la deuxième force politique nationale risque une traversée du désert dans les jours à venir, dès lors que la concurrence pour le poste de SG du parti est ouverte pour la première fois à d’autres prétendants, en dehors d’Ouyahia et de Bensalah.
Farid Guellil