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La confirmation par des chiffres aussi secs que froids Graves dérives dans notre football : bleu de … sécurité contre noirs desseins

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La police en passe de se retirer des stades au profit des seuls … «stadiers». La bonne blague. Plus que mauvaise. Qui, fort heureusement, ne passera pas. C’est les hauts responsables de nos services de sécurité, dont la présence se révèle plus qu’indispensable, voire vitale pour la survie d’un football dans la tourmente de ce côté-ci, qui le confirment une fois de plus. En présentant des arguments plus que convaincants. Pour ceux qui en doutent encore, des bilans qui en disent long sur une situation porteuse des germes d’une violence inouïe. Et des «stats» pour le rappeler. En guise d’avertissement, lourds frais en prime: pour la seule première moitié du championnat, on dénombrait la bagatelle de 80 incidents majeurs contre 92 l’année dernière, en plus des 720 arrestations (en augmentation d’une centaine, 620 étaient recensés) et plus de 300 blessés (ce n’est pas énorme ?) dont 215 agents de l’ordre.

Par Azouaou Aghiles

Trop de clémence ne tue pas la clémence ?
Un «aller» pas aussi simple que cela. Avec une tradition s’installant dans la durée. Qui veut que nos stades, touchés de plein fouet par le phénomène de la violence endémique, deviennent plus qu’infréquentables. Et un «retour» portant les germes d’une fin de saison plus que heurtée et placée à très hauts risques. Pour dire (et la DGSN- lire Direction générale de la Sureté nationale- le confirme en étalant des bilans donnant froid dans le dos) que l’exercice présent, qui vient à peine d’entamer sa seconde moitié, ressemble en tous points aux précédents et n’annonce pas que du bon. Mauvais présages et mauvaises nouvelles en perspective. Qu’on en juge. Un exemple parmi tant d’autres. Surement pas le dernier. Ligue 2 «Mobilis ». Fin de match JSM Béjaïa, dans une mauvaise passe – Wa Tlemcen, toujours en course pour une place sur le podium et donc candidat potentiel à un des trois tickets mis en jeu pour l’accession en élite. Les locaux l’emportent largement (4-1) au score face à des visiteurs étrangement dans leurs petits souliers, dans une explication présentée au départ comme équilibrée. A priori seulement. A chaud et dans des propos rapportés par les médias, l’entraîneur tlemcenien, Fouad Bouali, ne trouvera pas mieux pour appeler les responsables de notre football à «arrêter (rien que ça, ndlr, et ce n’est pas une mauvaise idée à voir la tournure dangereuse prise par les évènements) la compétition.» La raison, le mauvais traitement réservé à son équipe qui «a connu, dira-t-il, les pires sévices, avant, pendant et après la rencontre», expliquant ainsi le naufrage inattendu de ses poulains à l’occasion d’une sortie qu’il «n’oubliera pas de sitôt», lui et la délégation qui l’accompagnait ayant, ajoutera-t-il, «échappé à une mort certaine.» De l’exagération pour un coach déçu par le résultat final avec, à la clef, une lourde défaite difficile à digérer? Lundi, la commission de discipline, qui se montrera apparemment indulgente, condamnera le second club phare de Yemma Gouraya à un match à huis clos assorti d’une amende de 200 000 dinars. Pas cher payé ?
La question, il faut la poser aux décideurs qui ne se montrent pas, au goût de bien des observateurs et des férus du jeu et du respect de l’esprit sportif, assez fermes dans le prononcé des sanctions. Comme pour d’autres graves incidents, à l’instar de la formation de la 3e division, Village-Moussa (Jijel), lors de la réception du MC Alger pour le compte du récent tour de Coupe d’Algérie qui a été émaillé de graves dérapages de la part de la galerie locale et bien d’autres débordements à la gravité avérée et alignés depuis le coup d’envoi du championnat 2018-2019, le moins que l’on puisse dire est que la clémence régulièrement affichée a bien des raisons d’inciter les hooligans de tout bord à jouer les durs et de déranger la quiétude du citoyen lambda en s’adonnant à leur sport favori, qui est d’accompagner chaque étape du seul langage qu’il connaissent : l’agression caractérisée et la casse.

Agresseurs et agressés dans… le même sac
Le technicien Bouali, connu pourtant pour sa sagesse et son sens de la mesure, emboîte à son tour le pas à nombre de ses pairs en proposant de marquer une pause salutaire des compétitions, en attendant un retour improbable au calme et au respect de l’éthique. Comment et … comment ? Eternelle, lancinante question à laquelle bien des symposiums, séminaires et autres rencontres n’ont pu répondre, à part de pondre de jolis textes où il est question de la meilleure manière d’arrêter les frais et de redonner ses lettres de noblesse (chez nous bien sûr où il est désormais difficile d’exercer son métier de footballeur aussi sûrement que celui d’assumer, sans risques majeurs, son statut de supporter) à un jeu qui n’en est plus un. Source de bien des peurs et de dangers. Le WA Tlemcen, battu à plate couture en déplacement au pied de la Vallée de la Soummam et qu’on ne peut accuser de mauvais perdant, tire à son tour la sonnette d’alarme. Comme bien de formations tombées avant lui dans de véritables guets-apens. Sans que les leçons ne soient retenues. En attendant peut-être mort d’homme. Mesurant ses mots, le 1er responsable technique du Widad, comme d’autres de ses collègues avant lui, résume cette rencontre heurtée ou plutôt dénonce, en regrettant que l’on «ne puisse pas jouer au football avec des pierres. Nous avons assisté à des scènes désolantes et à un non-match et on ne pouvait prétendre à un meilleur résultat dans de telles conditions.» Du déjà-vu et entendu. Le lot même des équipes visiteuses, les «victimes» d’hier ne s’empêchant pas d’endosser le costume d’agresseur pour empocher les trois (précieuses ?) unités de la victoire. Du «pur» foot nous dira-t-on. Béjaïa, une étape parmi tant d’autres. Le pari que le pire est à venir, les menaces vives. Omniprésentes. Aussi sûr que les incidents ne manqueront pas. En nombre et en intensité. C’est le Direction de la sécurité publique, par la voix du contrôleur de police, M. Naïli Aïsa, qui l’assène. Sans démagogie et prévient, qualifiant de «déplorable» la violence dans nos stades, que le second acte du championnat «avec des enjeux importants», que le long chapitre des débordements, avec leurs lots incessants de dégâts matériels et humains (les blessés se comptant par centaines) n’est pas prêt de connaître une pause face aux noirs desseins des champions de la provocation que le bleu de la sécurité essaye tant bien que mal (plutôt bien que mal malgré les difficultés) de juguler. Face à la multiplication des actes répréhensibles enregistrés et ses graves conséquences (depuis septembre dernier et le lever de rideau, on notera la destruction de 65 véhicules, dont 52 appartenant à la Sûreté nationale, l’arrestation de pas moins de 726 personnes, dont 82 mineurs, parmi lesquelles 198 ont été présentées devant la justice) sur l’ordre et la sécurité publique, lorsqu’on saura que le nombre des blessés, confirme la DGSN, a sensiblement augmenté tant chez les supporters (115 blessés en plus par rapport à l’année dernière) que chez les policiers (en progression comparativement à la même période en 2017 et qui passe de 84 à 215) lors des incidents survenus lors de matches de football, dénotant ainsi des grosses frayeurs que nos mauvais génies, qui tiennent en otage le sport populaire, suscitent chez le grand public.

Séminaires, symposiums et tutti quanti
D’Oran à Alger, Sétif, Constantine, Tizi-Ouzou, en passant par d’autres grandes villes et petites agglomérations, le constat est le même. Désolant. Des hooligans en embuscade et prêts à tout qui auront, en outre et aux frais du seul contribuable, contraint la Dgsn à mobiliser de gros moyens, la sécurisation des 927 rencontres disputées jusque-là au plus haut niveau de la hiérarchie (on ne dispose pas de tous les chiffres, notamment pour les paliers inférieurs et les petites catégories où la violence fait également rage en dehors de toute médiatisation, au contraire des Ligues 1 et 2 qui donnent au passage le mauvais exemple) ayant nécessité le déploiement de 210 207 agents. Qui auront eu, faut-il le souligner, les pires difficultés à maîtriser les fauteurs de troubles. De graves actes de hooliganisme et de violentes échauffourées un peu partout dans nos enceintes sportives (pas seulement en football malheureusement) nécessitant (on se répète ?) d’importants déploiements des éléments en bleu («toujours en 1ère ligne face à une délinquance de plus en plus violente», nous apprend le représentant de la Dgsn qui, et à titre de rappel et pour calmer les esprits, se veut garant du respect des lois de la république, regrette, et il cite le malheureux épisode du match MCA-USMBA et cette scène qui a fait le tour des réseaux sociaux avec le tabassage brutal d’un fan, «le comportement inapproprié de certains agents de maintien de l’ordre dans l’exécution de leur mission», non sans annoncer que les auteurs de cette réaction- trois policiers identifiés formellement- ont fait l’objet de sanctions administratives et déférés devant le juge») dans un drôle de match où ils n’ont pas souvent (pointés notamment du doigt et sujets à controverses) le beau rôle. Le décor est planté, les responsabilités des uns et des autres définies. Conclusion : «la sécurité ne relève pas du seul ressort des services de police mais de tous les acteurs du secteur des sports.» Rien qu’on ne savait déjà et cette confirmation (assurance plutôt) que le bleu de la police n’est pas près de quitter ces lieux devenus infâmes, dangereux, repoussants que sont devenus nos stades. Des enceintes en piteux état et n’offrant pas la moindre garantie sur le plan sécuritaire et du confort. Le spectacle ? On repassera. La parole, le dernier mot. Toujours aux casseurs. Rebonjour les peurs. Les dégâts. Qui en est le responsable ? Débat inutile. Parce que tranché depuis longtemps. Qui ne pèse vraiment pas lourd devant l’enchaînement des scènes d’émeute que nous offrent des bandes de jeunes faisant le déplacement pour en découdre avec tout le monde. Sans se soucier des conséquences. Que faut-il en déduire et que faut-il faire. On laisse le soin à nos «spécialistes» qui se perdent en conjectures à l’occasion de conclaves dont on oublie les recommandations une fois la table (festive, et on mange bien) quittée. Des pourquoi et des comment. Et des impasses. Droit dans le mur. Comme toujours. Aux prochaines batailles rangées. On se rapproche des baisser de rideaux… Attention !
A. A.

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