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LA COMMISSION MIXTE D’HISTORIENS A REMIS NEUFS RECOMMANDATIONS AUX PRÉSIDENTS TEBBOUNE ET MACRON : L’Algérie rapatriera ses archives

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Le document prévoit la restitution à l’Algérie de 2 millions de documents d’archives issus de la colonisation française, de 5 mètres linéaires d’archives de l’époque ottomane, ainsi que les effets et objets de l’émir Abdelkader, d’Ahmed Bey et la clé et étendards de Laghouat.
En quête des archives, objets et symboles matériel et immatériels datant de l’époque coloniale que la France détient illégalement chez elle, l’Algérie, qui réclame légitimement le droit de recouvrer ce patrimoine mémoriel, a décidément fait du chemin. Grâce au travail laborieux mené par le président de la République qui, dans son engagement numéro 43, a promis « La préservation de la mémoire nationale (…)», et bien que le chemin reste long à cause des embûches dressées par les lobbies anti-algériens, les efforts communs, semble-t-il, commencent à donner les premiers fruits. Après la récupération, juillet 2020, des restes de 24 crânes des symboles de la résistance algérienne contre l’occupation française, un autre dossier, celui des archives, serait sur le point de connaitre son épilogue. C’est du moins ce que suggère la commission mixte d’historiens algériens et français, dans un document transmis ce 3 janvier, aux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Ce document de résolution que nous avons pu consulter est le résultat des travaux de la commission mixte qui s’est réunie en session plénière le 25 janvier passé à Paris, aux Archives nationales, alors que les membres de cette commission ont, entre le 23 janvier et le 3 février, fait 12 déplacements en France à travers les visites dans des musées, des centres d’archives et d’autres institutions publiques disposant de ressources à leur mission. À l’issu de ce programme de visites, la commission co-présidée par les historiens Mohamed Lahcen Zeghidi côté algérien et Benjamin Stora pour la France, a émis neuf recommandations dont le texte a été transmis aux chefs d’Etat des deux pays. Dans ce document, on pouvait constater qu’une bonne partie des propositions issues de la rencontre de la commission, en novembre 2023, à Constantine, ont été reprises. Au titre du premier point, la commission recommande la restitution de 5 mètres linéaires d’archives de l’Algérie remontant à l’époque ottomane ainsi que de 2 millions de documents numérisés des archives nationales d’outre-mer. Pas que, puisque d’autres documents seront progressivement restitués à l’Algérie au fur et à mesure de la poursuite de la numérisation, notamment des fonds documentaires comme les archives militaires et diplomatiques du XIXe (19e) siècle.

La bibliothèque de l’émir Abdelkader
Deuxième point, suggère les membres algériens de la commission, la restitution à l’Algérie, d’une liste non exhaustive de « biens symboliques » ayant appartenu aux personnalités historiques algériennes. Par exemple, l’épée, le burnous et le coran de l’émir Abdelkader, la tente d’Ahmed Bey, la clé et les étendards de Laghouat, etc. Chemin faisant, certains musées français comme le Louvre et les Quai Branly se sont engagés auprès de la commission à réaliser un inventaire des items provenant d’Algérie. Dresser une chronologie commune de la colonisation est le troisième point de cette liste, dont la commission mixte préconise de poursuivre le travail en ce sens pour toucher les aspects militaires, politiques, économiques, sociaux et culturels, et ce tout au long des 132 ans de colonisation française en Algérie. Quatrièmement, les membres de la commission ont poursuivi les discussions concernant l’élaboration d’une bibliographie qui permettra de recenser et de classifier par thématique l’ensemble des publications (en français, en arabe et en d’autres langues) autour de l’histoire de la colonisation française en Algérie. Ils souhaitent par ailleurs que ce travail permette l’identification de certains importants ouvrages à numériser et, éventuellement, à traduire. En cinquième point, la commission confirme la nécessité de créer un portail numérique sous forme de « bibliothèque partagée » entre la Bibliothèque nationale d’Algérie et la Bibliothèque nationale de France. L’objectif visé étant de mettre, sur un site internet commun, les ouvrages, les périodiques, les ressources audiovisuelles, les archives et les manuscrits déjà numérisés. Ce qui, d’autre part, permettre de reconstituer numériquement des fonds d’archives, comme la correspondance et la bibliothèque de l’émir Abdelkader.

Renforcer le travail de recherche
Renforcer la recherche autour du XIXe siècle est une autre recommandation, dans laquelle la commission a choisi 15 doctorants et chercheurs algériens en France et vice-versa qui seront chargés de participer à l’inventaire et d’étudier les archives de la période coloniale dès la rentrée universitaire 2024-2025. Les membres de la commission se sont accordés sur le fait que ces chercheurs doivent s’attacher des objets d’étude exclusivement dédiés au 19e  siècle et avoir toutes les facilités d’accès aux fonds d’archives. Septièmement, la commission mixte a appelé à poursuivre le travail d’identification et de recensement des cimetières, des tombes et des noms des détenus algériens du XIXe siècle décédés et enterrés en France, souhaitant aussi que ces lieux de mémoire soient valorisés par des plaques commémoratives, comme les 12 lieux identifiés à  Toulon, Pau, Amboise, Sainte-Marguerite, Sète, Agde, Porquerolles, Calvi, Corte, Ajaccio, la Guyane et la Nouvelle-Calédonie. En sus, elles devront renvoyer vers un site internet sur lequel des précisions historiques seront données sur ces lieux de détention et les personnes qui y étaient emprisonnées. En sus, la commission, qui avait décidé lors de ses premières réunions de renforcer la cadence des cadres scientifiques conjoints, a préconisé, dans son huitième point, l’organisation d’une toute première rencontre dédiée aux archives. L’idée émise par la commission pour ce premier rendez-vous, c’est qu’il se déroule à la fois en France et en Algérie, en présentiel et en virtuel, avec la participation d’historiens et d’archivistes des deux côtés, voire d’autres nationalités. Enfin, la numérisation de l’état-civil de la période coloniale est la dernière proposition de la commission qui recommande le parachèvement de l’opération concernant les registres de l’état-civil et des cimetières de la période coloniale conservés en Algérie. À ce titre, la partie française a demandé à ce que les cimetières chrétiens et juifs en Algérie soient cartographiés et leurs registres numérisés.
Farid Guellil

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