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La « civilisation » sauvage

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Paris n’est pas une ville française comme une autre. C’est la capitale. Tout ce qui s’y passe est suivi, avec une extrême vigilance, par les plus hautes autorités françaises. Maurice Papon, préfet de police de Paris à l’époque, a seulement publié le communiqué qui « conseille de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement entre 20 h 30 et 5 h 30 du matin ». Le couvre-feu, lui, a été décidé, le 5 octobre 1961 par un conseil interministériel. Rappelons qu’à l’époque le ministre de l’intérieur français, supérieur direct de Papon, était Roger Frey. Rappelons également que le premier ministre, supérieur direct de Roger Frey, à l’époque, était Michel Debré. Son profil ? Il présenta sa démission, une première fois le 18 août 1961 au général De Gaulle qui l’a refusée. La seconde fois, le 14 avril 1962 juste après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, elle fut acceptée. Il est de notoriété publique que Michel Debré était un farouche partisan de l’Algérie française. Récapitulons : lorsque les émigrés algériens décidèrent de sortir manifester pacifiquement le 17 octobre 1961, malgré le couvre-feu décidé contre eux, Maurice Papon n’était que le dernier maillon d’une hiérarchie composée, dans l’ordre par le président de la République De Gaulle, le premier ministre Debré et le ministre de l’intérieur Frey. Ils sont coupables solidairement des massacres commis contre les Algériens qui ont été jetés dans la Seine par les policiers français. Toute la mauvaise foi française est contenue dans l’article consacré à ce massacre publié, hier, par le quotidien français « La Croix ». Il y est écrit, entre autres, « La violence de la répression du 17 octobre 1961 ne fait plus débat aujourd’hui, mais l’identité de ses responsables reste ignorée… ». Quels commentaires peut-on opposer à la bêtise humaine ? Les Algériens étaient sortis manifester pacifiquement en famille. Ils étaient loin de deviner le sort qui leur sera réservé ainsi qu’à leurs enfants comme l’adolescente de 15 ans, Fatima Beddar qui fut massacrée avant d’être jetée dans la Seine. Son corps fut retrouvé au milieu de plusieurs autres cadavres « coincés dans la septième écluse du canal Saint-Denis ». Ces massacres sont la preuve que les violences et la sauvagerie n’ont pas été, uniquement, le fait des « autorités coloniales ». La France a colonisé l’Algérie, en 1830, par la violence. Une violence qui n’a jamais cessé jusqu’au moment du départ d’Algérie, en 1962. Voilà la vérité que les historiens français tentent de travestir. Ne comptez pas sur eux pour suspecter Debré, qui ne cachait pas « son Algérie-française », d’avoir ordonné et couvert ce massacre. S’il fallait une nouvelle preuve de l’impérieuse nécessité d’écrire nous-mêmes notre histoire, le massacre du 17 octobre 1961 en France, nous la donne. Le racisme, la haine et la sauvagerie venaient de Paris avant de se répandre dans l’Algérie colonisée. Pardon, « annexée » !
Zouhir Mebarki

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