Si le 20e siècle était marqué par des guerres dont le pétrole était au cœur des enjeux, celui que nous traversions actuellement sera un terrain propice aux conflits liés à l’eau. Les spécialistes de la géopolitique étaient formels à ce sujet. Les scientifiques n’étaient pas moins perspicaces. Pour les conflits, certains pays, comme le triangle qui se dispute le Nil, sont en plein dedans. C’est un cas symptomatique qui alerte. Autant œuvrer dès maintenant pour étouffer la guerre larvée. Si le stress hydrique est un phénomène mondial, certaines régions du globe, « moins gâtées par la nature » en termes de l’eau comme l’Algérie, sont exposées à des situations conflictuelles. Situé dans une zone aride, notre pays est classé à la 29e position parmi 44 exposés à un risque grave en matière d’indisponibilité de l’eau. Mais, la disponibilité du liquide vital, comme défi par ailleurs relevé à travers le programme stratégique de dessalement de l’eau, semble secondaire par rapport à l’aspect géopolitique. L’enjeu est à chercher en sous-sol où l’Algérie et ses voisins Tunisiens et Libyens dorment sur la plus grande réserve d’eaux souterraines au monde. A savoir, la nappe de l’Albien qui contient plus de 50 000 milliards de mètres cubes d’eau. C’est un grand défi d’ordre économique pour les trois voisins. A présent, ce qui était, par le passé, une source d’inquiétude, devient aujourd’hui un sujet assumé. Pour preuve, le 2e sommet de la Tripartie annoncé pour les prochains jours pourrait aborder le dossier. Fin février, en effet, le triumvirat a décidé d’un commun accord de réactiver le mécanisme de concertation sur la gestion des eaux souterraines communes dans cette région communément appelée le Sahara septentrional. A ce stade, ce qui était qualifié de bombe à retardement dans le Maghreb ne l’est plus désormais. C’est d’autant plus encore que des conflits larvés sévissent à travers des régions du monde. Au Moyen-Orient, et cela dure depuis des années, l’entité sioniste qui envisage une annexion de Ghaza, une reconquête de la Cisjordanie, une officialisation de l’annexion d’une partie du Golan occupé en Syrie, du sud Liban, ou encore des parties du fleuve Jourdain, ne cherche pas qu’à assouvir ses fantasmes expansionnistes. L’enjeu, c’est aussi les eaux souterraines renfermées dans les nappes aquifères de ces régions hautement stratégiques. En Afrique, au risque de le répéter, l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte sont en conflit pour les eaux du Nil et ses affluents. La construction du barrage de la Renaissance, en amont du fleuve, inquiète jusqu’à aujourd’hui. En Asie, le fleuve de l’Euphrate est une pomme de discorde entre la Syrie, l’Irak et la Turquie, dont cette dernière convoite une partie du débit pour le besoin de construire des barrages. C’est dire le grand défi de la Tripartie Maghrébine.
Farid Guellil