Théoriquement, l’organisation des Nations unies compte dans ses tiroirs une vingtaine de dossiers de territoires classés non autonomes et qui, donc, ouvrent le droit à l’autodétermination. La liste exhaustive est consultable sur les sites de l’ONU. On pouvait y constater que la majorité des territoires désignés sont des archipels dispatchés un peu partout dans les océans atlantique et pacifique. Les peuples de ces territoires aspirent à l’indépendance et luttent, chacun par ses moyens, pour atteindre cet objectif. Ce sont des causes justes, pour n’en rappeler les exceptionnelles questions palestinienne et sahraouie, au profit desquelles l’Algérie se bat. Chez nous, en Afrique, il y a le Sahara occidental appelé communément la dernière colonie dans le continent qu’il faut libérer du joug marocain. Mais, les forces coloniales d’hier que les entités néocoloniales ont relayé aujourd’hui tentent d’effacer d’un trait leur passé sombre. Pour ce faire, ils mettent en œuvre une véritable entreprise de révisionnisme de l’histoire de la colonisation. Surtout pour le cas de l’Afrique dont les peuples ont fini par prendre leur destin en main en décidant de recouvrer pleinement leurs souverainetés. Ainsi, on abordant la question de décolonisation selon les réalités historiques, il y a un territoire, pour ne pas dire une République, qui sort du lot. Il s’agit de l’Etat- le premier à s’être vu jour en Afrique du Nord- du Rif fondé par son leader et charismatique Abdelkrim el-Khattabi. Mais, le rêve du peuple rifain n’a pas fait long feu. Entre 1921 et 1926-1927, la période qui a consacré le toute jeune République, le Rif a été déchiré par une guerre dont il n’a pas été l’instigateur. Sous le règne de sultan Moulay Youssef, le Maroc s’est rangé du côté des puissances coloniales, espagnole et française à savoir. Une trahison du voisin rifain, dont le peuple était réprimé dans le sang et sa république tombée aux mains d’une armée de quelque 400.000 mercenaires. Cette séquence douloureuse de l’histoire de notre continent a été rappelée, hier, par les représentants du Rif dont le mouvement de libération a élu domicile à Alger depuis mars dernier. Aujourd’hui, les militants du Rif, perpétuent le combat d’Abdelkrim El Khettabi et revendiquent la restauration de leur République. In fine, une colonie marocaine en cache bien une autre.
Farid Guellil