«Jazzen», un concert virtuel de jazz animé par la chanteuse algérienne d’ethno-pop, rock, Amel Zen, a été présenté vendredi soir sur la chaîne YouTube de l’association « Musaika », à l’occasion du 10e anniversaire de la Journée internationale du jazz, célébrée le 30 avril de chaque année.
Diffusé sur la toile pour des raisons de sécurité sanitaire liées à la propagation de la pandémie de la Covid-19, le concert « Jazzen » a été organisé par l’association culturelle « Musaika », suite au projet de résidence musicale initié autour de l’artiste Amel Zen, en collaboration avec le Goethe Institut Algérie. Soutenue par Fayçal Maâlem au piano, Nadjib Gamoura à la basse, Arezki Bouzid au saxophone, Nazim Bakour à la guitare et Hafid Abdelaziz à la batterie, Amel Zen a entonné avec une voix présente et étoffée durant près d’une heure de temps, une dizaine de pièces, entre compositions, textes de sa plume et reprises de grands standards de jazz.
Donnant le ton avec « Nessrah », une composition de Yanis Djama rendue sur une cadence n’çraf et une interprétation vocale aux contours d’istikhbar, Amel Zen, imprime d’entrée son appartenance artistique et le registre musical dans lequel elle compte inscrire son œuvre au contenu autochtone et aux formes ouvertes sur le jazz et la World Music. Les pièces, « Kan ikoulli », « Noudjoum ellil », « Lullaby of birdland » de George Shearing, « Chkoun enta » texte d’Amel Zen sur la musique du célèbre « Liber Tango » d’Astor Piazzolla, « My Funny Valentine » de Richard Rodgers et Lorenz Hart, « Footprints » de Wayne Shorter, « Yellis Iyouraren » d’Amel Zen et Fayçal Maâlem et « Assirem » de Noureddine Boutella, ont été interprétées dans différentes cadences binaires et ternaires rendues dans un esprit d’improvisation aux arrangements et aux accords dissonants du jazz. Les musiciens ont excellé dans leurs œuvres, faisant preuve de virtuosité et de professionnalisme à travers un jeu d’accompagnement de haute facture et des solos d’improvisations aux envolées phrastiques saisissantes qui renvoient aux prestations prodigieuses des grandes soirées de jazz. Fayçal Maâlem embellissant la voix suave d’Amel Zen par des répliques intelligemment placées à l’entre-chant, a été époustouflant de technique dans ses solos et ses improvisations qu’il a mené avec une grande maîtrise et une dextérité remarquable, au même titre que l’ensemble des musiciens qui ont également fait montre de l’étendue de leurs talents respectifs. Dotée d’une voix à la tessiture large, Amel Zen n’a pas manqué de rendre hommage au grand pianiste Chick Coréa, une des icônes du jazz, disparue le 9 février dernier, reprenant dans un brassage culturel judicieux, « Armando’s Samba », un des titres qui ont fait la célébrité du compositeur de « Spain », introduit par un istikhbar au piano, puis à la voix dans le mode sehli de la musique andalouse. La cantatrice terminera son tour de chant avec « Yellis Iyouraren » et « Assirem », deux pièces interprétées en Tamazight dans des atmosphères et des cadences de Free jazz, au plaisir des internautes qui auront été nombreux à suivre le concert « Jazzen », postant leurs commentaires et compliments en temps réel. À dix ans déjà, Amel Zen manifeste un intérêt grandissant à la musique, avant d’intégrer « El Kaissaria » de Cherchell, une association de musique andalouse, puis successivement en 2002 alors qu’elle n’avait que 17 ans, les orchestres, régional d’Alger et national de musique andalouse. En 2013, elle remporte les prix du « Meilleur espoir » et celui de la « Révélation féminine », avant de sortir en 2015, de nouveaux vidéoclips, dont « El Warda » et « Tlata », reprise de l’ancienne composition du répertoire classique malhoun « Tlata Zahwa W Mraha ». Par ailleurs et dans le même cadre de célébration de la Journée internationale du Jazz, le Centre Algérien de Développement du Cinéma (Cadc) a diffusé sur sa page le documentaire, « Babylone Constantina » de Sid Ahmed Semiane, une rétrospective sur le festival « DimaJazz », fondé en 2003 par l’association musicale « Limma » et le batteur algérien Aziz Djemame, Décrétée en 2011 par l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco), la Journée internationale du jazz a été célébrée cette année dans plus de 190 pays.