L’Algérie célèbre aujourd’hui la Journée nationale de l’étudiant, marquant le 68e anniversaire de la grève historique du 19 mai 1956, une halte importante pour évoquer les acquis de l’université algérienne et son apport au processus d’édification postindépendance, ainsi que les réformes en cours pour faire de cette institution une locomotive de développement de l’Algérie nouvelle.
La grève du 19 mai 1956 demeurera le témoin du degré élevé de la conscience politique des étudiants algériens durant la Guerre de libération nationale, eux qui ont choisi de sacrifier leur avenir scientifique et professionnel pour rallier les rangs de la lutte. Un tournant qui fut décisif dans la guerre de libération, de l’avis de nombreux historiens et moudjahidine. La participation des étudiants à la Révolution avait d’ailleurs réussi à conférer une dimension politique et médiatique à la cause algérienne qui avait tant besoin des compétences de ses élites. À ce titre, rappelons que cette organisation estudiantine a compté d’illustres noms de la Glorieuse Révolution, dont certains sont tombés au champ d’honneur comme Taleb Abderrahmane, Amara Lounis, Ben Zerdjeb, Benbaâtouche et biens d’autres, paix à leurs âmes. Dans leurs écrits, les historiens font état de 157 étudiants ayant rejoint les rangs de l’ALN au niveau de la wilaya IV historique, quelques jours seulement après le début de la grève. Un coup dur pour les autorités coloniales qui misaient sur l’assimilation de l’élite algérienne, mais la maturité des étudiants algériens et leur sens du patriotisme ont faussé leurs calculs. Dès les premiers jours de leur ralliement des rangs de la lutte, les nouveaux arrivants se virent confier des missions à différents niveaux, tant sur le plan politique que militaire. Mais on ne peut évoquer cet engagement des étudiants algériens durant la Guerre de Libération en faisant l’impasse sur le jeune Taleb Abderrahmane, étudiant en Chimie à la faculté d’Alger, guillotiné le 24 avril 1958 à la prison de Barberousse (Serkadji). Il n’avait que 28 ans. Quelques minutes avant son exécution, il lance à l’adresse de ses bourreaux : «Pour ma patrie, pour mon idéal et pour mon peuple, périr n’est qu’un sublime sacrifice auquel je suis résigné… Je saurai mourir. L’Algérie sera libre envers et contre tout ».
Le CSJ au rendez-vous
À l’occasion de cette commémoration, le Conseil supérieur de la jeunesse (CSJ) organise depuis vendredi une cérémonie spéciale au Centre universitaire Sidi-Abdellah, à Alger, sous le slogan «L’étudiant algérien… de la résistance et de la libération à la science et à l’édification », en coordination avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit. Un événement réunissant les différentes composantes de la communauté étudiante et les hautes autorités du pays, en vue de promouvoir la vision de la nouvelle Algérie. Au menu de cette rencontre, plusieurs activités et ateliers de formation au profit de plus de 1000 étudiants représentant diverses institutions et universités en Algérie.
« Les célébrations de la Journée de l’Étudiant se dérouleront cette année dans un contexte différent qui impose la nécessité de consolider les acquis et les résultats obtenus ces dernières années et d’affirmer l’ère de la nouvelle Algérie qui considère l’université comme moteur de la construction d’une économie forte», a déclaré le Conseil dans un communiqué, ajoutant que cet anniversaire marque « un tournant décisif dans le processus de lutte nationale pour la liberté, avec une jeunesse d’élite apportant un soutien de qualité à la Révolution de libération en rassemblant ses rangs en 1956 ». Soulignant « l’importance de l’élite étudiante dans la réalisation de la vision de développement et de progrès », le CSJ a rappelé que « les hautes autorités du pays veillent aujourd’hui à accorder un intérêt majeur à cette marge en orientant l’université vers une contribution active à la construction de la nouvelle Algérie ».
Hamid Si Ahmed
