C’est une visite qui a l’apparence d’une mission pompier que celle effectuée, hier en Alger, par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, après un peu plus de deux mois de brouilles diplomatiques entre les deux pays, dont l’Hexagone, au plus haut niveau de l’autorité, était à l’origine. À l’affaire de restriction des visas pour les Algériens à laquelle le président Macron a rajouté une couche, bien plus consistante en termes d’hostilité à l’égard de l’Algérie, Le Drian est dépêché à Alger pour « renouer une relation de confiance avec l’Algérie ».
Sur l’agenda, il s’agit d’une visite de « travail et d’évaluation des relations bilatérales », explique un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. Dans un premier lieu, Jean-Yves Le Drian s’est entretenu avec le chef de la diplomatie nationale, Ramtane Lamamra, explique ce communiqué laconique. Depuis le siège du MAE à Alger, le ministre français s’est dirigé, ensuite, vers le palais d’El- Mouradia où il a été reçu par le président Tebboune, selon un communiqué de la Présidence de la République, pour une audience qui a associé Ramtane Lamamra.
Au sortir de la rencontre avec le Président Tebboune, Le Drian a indiqué d’emblée que sa visite en Algérie a pour objectif de « renouer une relation de confiance », marquée par « le respect de la souveraineté de chacun », exprimant son « souhait » de travailler à « lever les blocages et les malentendus qui peuvent exister entre les deux pays ». « Ce déplacement a pour double objectif de renouer une relation de confiance entre nos deux pays, marquée par le respect de la souveraineté de chacun, mais aussi de regarder vers l’avenir pour travailler à la relance et à l’approfondissement de notre partenariat qui est indispensable », a-t-il indiqué à la presse dans des propos cités par l’Agence nationale de presse (APS).
« La France et l’Algérie ont des liens profonds animés par la densité des relations humaines entre Algériens et Français, et ancrés dans une Histoire complexe », a-t-il ajouté, précisant qu’au cours des échanges, les deux parties ont convenu de reprendre certains axes de la coopération bilatérale.
« Cela se traduira par la reprise d’un dialogue opérationnel entre partenaires sur les questions humaines et migratoires, et aussi par la reprise d’un dialogue opérationnel sur la lutte contre le terrorisme et par nos efforts communs pour assurer la sécurité de nos deux pays », a-t-il dit, exprimant aussi son « souhait que le dialogue que nous relançons aujourd’hui puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements en 2022 ».
Dans ce sens, il a fait observer qu’ « au-delà des blessures du passé que nous devons regarder en face et au-delà des malentendus qu’il nous revient de dépasser », il a exprimé une nouvelle fois son souhait de voir les deux pays « reprendre ensemble la voie d’une relation apaisée et pouvoir regarder vers l’avenir ».
« L’Algérie, partenaire essentiel pour la France dans la région »
« Je veux redire, ici, que l’Algérie est un partenaire essentiel pour la France sur le plan bilatéral, mais également sur le plan régional. Nous entendons continuer à coordonner nos initiatives diplomatiques pour favoriser le processus d’une transition politique en Libye à la suite de la Conférence de Paris à laquelle le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, avait représenté le Président Tebboune ».
« Nous avons également fait le point sur la situation au Mali où l’Algérie joue un rôle important », a-t-il indiqué, soulignant que « l’engagement de l’Algérie dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation est un élément essentiel du processus de paix au Mali ».
« Je tiens à saluer cet engagement et je forme le vœu que notre dialogue se poursuive sur ce sujet », a-t-il affirmé.
Dans le même sillage, il a indiqué que la France et l’Algérie font face ensemble à « des défis majeurs dans un environnement régional et international incertain », soulignant que les deux pays « doivent être en mesure de proposer des réponses opérationnelles aux défis que représente le terrorisme dans la région sahélienne, mais aussi l’émigration clandestine ainsi qu’aux enjeux de développement économique ».
« Sur tous ces sujets et parce que nos intérêts sont communs, notre concertation est primordiale et c’était le sens de ma présence aujourd’hui à Alger », a ajouté Le Drian qui s’est dit « heureux de revenir en Algérie » où « j’ai eu l’honneur et le plaisir de m’entretenir longuement avec le Président Tebboune et avec mon homologue M. Lamamra ».
« Je voudrais les remercier de leur accueil chaleureux », a-t-il réitéré, soulignant, pour conclure, qu’ «il était important pour moi de me rendre à Alger pour une visite de travail et d’évaluation de la relation bilatérale ».
Farid G.