Le premier grand classique du Mondial brésilien oppose l’éternel savoir-faire tactique de l’Italie à l’inusable engagement de l’Angleterre, samedi dans le sauna de Manaus (18h00 locales, dimanche 23h00 algériennes), dans le très relevé groupe D. «Italie-Angleterre promet toujours des beaux matchs car ils opposent deux façons de jouer», selon le meneur italien Andrea Pirlo. Finaliste du dernier Euro, l’Italie et son sens de la compétition semble un poil mieux armée que l’Angleterre habituée à rater ses tournois, avec deux demi-finales depuis le Mondial gagné en 1966 (Mondial-1990 et Euro-1996).
Mais l’Angleterre version Liverpool oppose sa jeunesse triomphante, symbolisée par son buteur en feu Daniel Sturridge, aux «Azzurri» plus expérimentés, avec leur ossature Juventus. Pirlo, le joueur le plus craint par le sélectionneur anglais Roy Hodgson, voit l’Angleterre comme «une grande équipe, qui s’est beaucoup améliorée, avec de nouveaux joueurs jeunes possédant une grande qualité de course». L’Italie a l’avantage psychologique d’avoir gagné aux tirs au but lors de la dernière confrontation en compétition, en quart de finale de l’Euro-2012 (0-0, 4 t.a.b. à 2). Elle avait perdu le match de reprise du 15 août un mois et demi plus tard (2-1), mais les amicaux ne comptent guère pour l’Italie, qui ne bat même pas le Luxembourg (1-1 au dernier match avant de s’envoler pour le Brésil)… Sur le terrain pelé de Manaus, les Azzurri s’en remettront à leur force principale, la «tattica». «Personne n’est aussi bien préparé que les joueurs italiens sur le plan tactique», assure Pirlo.
Lutte de couloirs
Cesare Prandelli devrait faire évoluer son équipe en 4-1-4-1 pour contrer les virevoltants ailiers anglais en plaçant deux hommes par couloir, probablement Mattia De Sciglio-Antonio Candreva à droite et Matteo Darmian-Claudio Marchisio à gauche. Roy Hodgson, rassuré après l’Euro, a laissé peu d’indice sur les joueurs chargés d’animer ses couloirs.
Il pourrait placer à gauche Wayne Rooney, souvent décevant en équipe nationale, et Lallana ou Sterling à droite. Ou bien Rooney en soutien de la pointe Daniel Sturridge et Welbeck à gauche. «Quand on met du rythme, les Italiens ont du mal alors si on y arrive, on peut leur poser des problèmes», est convaincu Rooney, revanchard buteur de Manchester United qui dispute son 3è Mondial et attend toujours son premier but. L’Angleterre devra donc trouver le bon réglage pour mettre la pression mais éviter la crevaison.
Daniele De Rossi jouera en face son rôle habituel de milieu devant la défense, capable à la fois de faire le troisième défenseur central et d’apporter du liant par sa précieuse relance. La nouveauté italienne se trouve au milieu, où Prandelli devrait maintenir l’option des deux «regista», ces meneurs reculés, avec l’éternel Pirlo et l’étoile du matin Marco Verratti. Le patron de la défense, Andrea Barzagli, se méfie des «joueurs jeunes devant, rapides, et bons dans le un contre un» et prévient qu’il faudra «jouer balle à terre, pas en l’air, car les Anglais sont bons dans ce domaine».
Cette affiche de toujours a également des airs de Juventus-Liverpool, avec probablement cinq «bianconeri» d’un côté (Buffon, Barzagli, Chiellini, Pirlo et Marchisio) contre cinq «Reds» (Johnson, Gerrard, Henderson, Sterling, Sturridge) de l’autre. L’état délabré du terrain et le climat chaud et humide de l’Amazonie pourraient bien équilibrer les débats et celui qui gèrera le mieux ces conditions a de grandes chances de prendre le meilleur.