Le chanteur et compositeur Mohammad-Réza Shajarian, monstre sacré de la musique traditionnelle iranienne, a été enterré samedi dans le nord-est du pays, près du mausolée du poète épique de la littérature persane Ferdossi, a annoncé l’agence officielle Irna. Véritable monument national en Iran, Shajarian est décédé jeudi à l’âge de 80 ans à l’hôpital Jam de Téhéran, des suites d’un long combat contre le cancer. Son corps a été transporté le lendemain dans la ville sainte chiite de Mashhad, capitale de la province du Khorassan-é Razavi (nord-est), où il est né. L’artiste a été inhumé dans la ville de Tous, conformément à son testament, près de la tombe du poète du dixième siècle Ferdossi, auteur de l’épopée persane «Chahnameh» (le Livre des Rois). «En raison de la pandémie de Covid-19», une foule d’«environ 150 personnes» dont sa famille, des responsables du ministère de la Culture, des musiciens, et des admirateurs du chanteur était présente dans la cour du mausolée lors de l’enterrement, selon Irna. Des centaines d’autres personnes se sont rassemblées à l’extérieur, chantant les chansons de l’»Ostad» («Maître» en persan) et regardant la cérémonie sur de grands écrans, a ajouté la même source. La police «a tenté d’assurer la sûreté de la cérémonie avec la collaboration des forces de protection physique de la municipalité de Mashhad», a indiqué Irna. Homayoun Shajarian a remercié les participants d’assister à la cérémonie de son père, en dépit «des difficultés», d’après l’agence. Les participants aux funérailles «murmurent» des chansons de Shajarian, afin de «montrer leur admiration» pour l’artiste, écrit Irna. Le décès de Shajarian a fait samedi la Une de la majorité des journaux iraniens de tous courants politiques, même la presse sportive, et certains ont consacré des dossiers exclusifs au chanteur. Également instrumentiste, Shajarian a néanmoins entretenu des relations difficiles avec les autorités de Téhéran tout au long de sa longue carrière, d’abord sous le règne du Chah puis avec la République islamique.