Vian Dakhi s’est lancée dans ce combat en 2014 lorsque les soldats de l’organisation État islamique ont enlevé 5 000 personnes à Sinjar dans le nord-ouest du pays. Une députée irakienne s’est lancé un pari fou. Vian Dakhil, révoltée par le sort des femmes yézidies enlevées par Daech, les arrache aux mains de leurs bourreaux en les rachetant une à une. Un projet titanesque lorsqu’on sait que près de 5 000 femmes avaient disparu lors de l’arrivée à Sinjar des combattants de l’État islamique, en août 2014. C’est le déclic pour cette politique engagée, qui se lance dans cette bataille. Vian Dakhil va alors prononcer, devant un parterre d’hommes politiques irakiens, un discours qui va faire grand bruit. «Mes frères, au nom de l’humanité, je vous en supplie, sauvez-nous !» implore-t-elle, en larmes. Un plaidoyer retentissant qui va marquer les esprits, comme le rapporte le journal suisse Le Temps. Minorité dans les institutions politiques du pays, la présence au Parlement de cette parlementaire yézidie de 43 ans fait figure d’exception. Depuis deux ans maintenant, elle tente par tous les moyens possibles de faire libérer les 2 200 femmes et enfants qui sont encore retenus par l’organisation terroriste, la plupart du temps pour servir d’esclaves sexuels aux combattants.
La passionaria va utiliser sa notoriété et racheter à leurs ravisseurs les femmes et les enfants retenus contre leur gré : «Je paye entre 4 000 et 6 000 dollars par personne, un peu moins pour les enfants», confie-t-elle au journal. Elle reçoit les demandes de rançons et les appels à l’aide sur son portable personnel. «Certaines prisonnières me racontent les sévices endurés, cela dépasse l’imagination» témoigne Vian Dakhil. Depuis, certains des territoires yézidis ont été repris aux forces de Daech mais la population, traumatisée, ne veut plus cohabiter avec les habitants arabes d’Irak, tenus pour complices des traitements endurés par la minorité kurde. Évidemment, son combat en fait une cible de choix pour les membres de l’El qui ont mis sa tête à prix, « je dois vivre avec la peur», confie-t-elle.