Le constructeur automobile italien, conscient de la position actuelle assez avantageuse du marché algérien, affiche de grandes ambitions d’implantation, visant à développer l’externalisation à l’intérieur du pays, ce qui pourrait potentiellement créer des milliers d’emplois et apporter une certaine stabilité au marché automobile algérien.
Autour d’un cadre juridique satisfaisant pour les deux parties, l’Algérie aurait tout à gagner, à travers le plan d’action actuel du gouvernement et les directives présidentielles, en misant sur une production locale, mieux que de favoriser une politique d’importation stérile. Le climat des affaires en Algérie n’a pas été au mieux de sa forme, et loin d’être propice pour les constructeurs automobiles et concessionnaires, depuis 2019. Date à laquelle le gouvernement a interdit l’importation de kits de démontage et de semi-démontage, ainsi que de voitures d’occasion en provenance de l’étranger. À ce titre, des producteurs comme Renault, Hyundai ou bien Kia, ont été contraints de fermer leurs portes, notamment en raison de la politique de répression de la corruption appliquée, dans un climat d’instabilité politique et économique. Aujourd’hui, l’État semble prêt à relancer le secteur et accroître la fabrication locale, en vue d’augmenter les exportations, de créer des industries locales à valeur ajoutée, de diversifier l’économie et d’augmenter le flux entrant de devises étrangères. À cet effet, c’est le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a pris les devants et annoncé la levée des restrictions sur les voitures d’occasion, ce qui portera sans nul doute le marché automobile algérien vers de nouveaux horizons, dont la récente convention en date, signée entre l’Algérie et l’Italie.
Le premier véhicule disponible fin 2023
Le récent accord-cadre signé entre les deux pays, portant sur la fabrication locale de voitures de marque FIAT, comprend également le développement d’actions commerciales, d’après-vente et de pièces de rechange, dans la zone industrielle Tafraoui dans la wilaya d’Oran. Un engagement signé jeudi à Alger, entre le ministère de l’Industrie et le groupe automobile italien, représenté par Carlos Tavares, PDG du groupe Stellantis, quatrième groupe automobile mondial, qui compte dans son portefeuille la marque FIAT. Faisant part de son entière satisfaction, Tavares avait déclaré en marge de la cérémonie de signature, que le niveau des discussions était « rassurant quant aux perspectives de répondre aux attentes des prospects algériens ». Précisant que « le groupe Stellantis a été créé en janvier 2021 et qu’il est troisième groupe automobile mondial », Carlos Tavares a souligné que pour le groupe, «la mission est très claire : avec la marque FIAT, nous allons apporter à la société algérienne ce que nous avons de meilleur pour offrir une mobilité qui soit sûre, propre et abordable. Nous apporterons les modèles, les plateformes et les technologies ». Et d’ajouter sur les intentions communes des deux parties : « Nous avons compris l’intérêt du pays et nous allons rapidement converger vers une intégration locale la plus élevée possible ». Pour sa part, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, a relevé que « les conditions d’exercice de cette activité reposent essentiellement sur la création de richesse, par l’intégration d’éléments produits localement dans les véhicules fabriqués, pour atteindre, à court terme, des taux correspondant aux investissements qui seront engagés par l’État pour assurer un climat idoine au constructeur », précisant au passage que « la vision future du développement de cette filière en Algérie confère au groupe FIAT une grande importance pour la réalisation d’un tel projet industriel au niveau local, au vu des engagements pris par cette usine pour réaliser des taux d’intégration répondant à nos attentes dans la stratégie de développement de cette filière, à court terme ». À noter que suite à cette signature, Carlos Tavares a été reçu par le Premier ministre, Aïmène Benabderrahmane.
Une économie florissante au service du citoyen
Un approvisionnement en véhicules italiens et une fabrication locale au profit de l’Algérie, qui ouvrira à cette dernière, non seulement des perspectives économiques florissantes, mais aussi une bouffée d’oxygène pour le citoyen algérien. Dans le même contexte, ce nouveau plan économique permettra de contribuer à « l’augmentation du Revenu national brut (RNB), à la faveur d’un partenariat gagnant-gagnant ». De ce fait, il est évident que ce partenariat algéro-italien, dans le domaine automobile, générera de la valeur ajoutée et de la richesse, à savoir de nouveaux postes d’emploi, l’occasion également pour le trésor public de renflouer ses caisses. Une dynamique économique résultant d’une volonté politique claire et sincère de l’administration du président Tebboune, laquelle profitera en premier lieu, outre à un citoyen satisfait, au marché de l’automobile, en le libérant après plusieurs années de restrictions et de suspension de l’importation. Pour information, Stellantis est l’un des principaux constructeurs automobiles mondiaux, ses marques comprennent Abarth, Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, DS Automobiles, Fiat, Jeep, Lancia, Maserati, Opel, Peugeot, Ram, Opel, Free2move et Leasys. Une diversité qui permettra de créer de la valeur ajoutée pour l’économie locale.
Les opérateurs italiens sont les bienvenus
Une initiative qui fait suite à des pourparlers antérieurs, qui remontent au mois de juillet dernier, à l’occasion de la visite de l’ambassadeur italien en Algérie, Pasquale Ferrara, au siège du ministère de l’industrie, lequel avait fait part de la volonté du constructeur automobile italien Fiat de s’implanter en Algérie à travers un projet d’unité d’assemblage automobile. L’opérateur italien avait, au préalable, entamé des prospections pour sélectionner des sous-traitants locaux pour ce projet. Une politique gouvernementale, où les deux responsables avaient évoqué d’autres possibilités de partenariats dans les différents domaines, notamment le développement des PME/PMI et de la sous-traitance, en vue d’accompagner la politique automobile du gouvernement. À cette occasion, l’ambassadeur italien a souligné la volonté de son pays de développer les relations bilatérales, invitant les opérateurs économiques italiens à investir en Algérie.
Un partenariat économique diversifié
Au même titre que l’industrie automobile, le secteur énergétique est un indicateur palpable et avant-gardiste des relations privilégiées établies entre l’Algérie et l’Italie. Une entente qui revêt un caractère stratégique, s’exprimant au plus haut point par le renforcement et l’élargissement de la coopération économique bilatérale, où les relations économiques et industrielles fortes et solides entre les deux Etats remontent déjà à plusieurs décennies.
En effet, si les exportations de gaz vers l’Italie devraient couvrir au moins 38% des besoins italiens au cours de l’année 2023, comme l’a déclaré le patron de la société énergétique italienne Eni, Claudio Descalzi, le secteur automobile ouvrira une brèche sur l’exploitation d’autres filières industrielles. Ce à quoi a fait allusion le ministre de l’industrie, Ahmed Zeghdar, lequel a indiqué que « cette signature avec FIAT intervient après d’intenses consultations, à la faveur desquelles nous aspirons à aller de l’avant dans les autres filières industrielles, et qui s’inscrit dans le cadre du renforcement et de l’élargissement de la coopération économique bilatérale ». Le MI a ajouté dans ce sens que « les relations économiques et industrielles fortes et solides entre les deux pays sont en constante progression pour élargir les domaines de coopération », et que « le secteur de l’Industrie veillera à la concrétisation effective de ces projets par un accompagnement soutenu, lesquels seront suivis dans un proche avenir par le lancement d’autres projets répondant aux mêmes exigences d’intégration et de valeur ajoutée ».
Citons dans le même ordre d’idée, le Forum d’affaires algéro-italien organisé à Rome le 5 octobre dernier, auquel a pris part la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), en collaboration avec son homologue italien Confindustria. Au menu de cette rencontre, des rencontres B to B et des conférences sur la nouvelle dynamique économique de l’Algérie à travers la promulgation d’une nouvelle loi sur l’investissement qui consolidera l’économie algérienne et la mettra sur la voie de la relance et de la diversification. Il est utile de rappeler également qu’au mois de juillet de la même année, plusieurs accords et mémorandums d’entente englobant divers domaines de coopération ont été signés, lors d’une cérémonie présidée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et le président du Conseil des ministres italien, Mario Draghi, en visite de travail en Algérie.
Vers une politique plus cohérente pour la stabilité du marché automobile
En Algérie, le gouvernement n’a cessé de subir une pression croissante pour revoir sa politique envers le secteur automobile. Et pour cause, ce même secteur a subi d’importants changements réglementaires, notamment en ce qui concerne les modifications apportées aux licences d’importation, aux quotas, mais également aux exigences fixées quant à l’accès au marché des entreprises qui investissent dans le pays, et la création d’emplois, notamment. Durant les années de restriction, le gouvernement algérien a fait face aux critiques, accusé de ne pas fournir suffisamment d’incitations aux investisseurs étrangers potentiels dans le secteur manufacturier, d’autant plus que le secteur automobile est considéré comme une industrie d’exportation par excellence, et source de création d’emplois. Dans ce sillage, force est d’admettre qu’en parallèle, les autorités ont dû affronter les fléaux de la corruption, essentiellement liée à l’importation de véhicules, mais aussi au marché informel sous toutes ses formes.
Ceci dit, et au regard des nouvelles orientations et recommandations du président Tebboune, les efforts se déploient progressivement, afin de réformer et moderniser le secteur, pour plus de transparence, entre autres. Ainsi, les réglementations affectant la fabrication et l’assemblage des véhicules sont plus que jamais susceptibles de changer à mesure que l’examen de la politique du gouvernement se poursuit. A ce tire, Ahmed Zaghdar a indiqué que les premiers véhicules Fiat fabriqués en Algérie devraient être disponibles à partir de la fin de l’année 2023. « À partir de la fin de l’année prochaine, nous pourrons avoir plusieurs modèles de véhicules de la marque Fiat fabriqués en Algérie qui seront disponibles sur le marché », a-t-il déclaré.
D’ici-là, Il y aura probablement des exigences plus élevées en matière de contenu local, et l’application de la législation devrait également s’améliorer, il y va de soi. À l’aube d’une Algérie en pleine mutation, le gouvernement s’efforce de donner un nouveau souffle à la production nationale, c’est un fait des plus rassurants, mais cela passera inévitablement par le renouveau du secteur industriel, sous toutes ses formes.
Hamid Si Ahmed