Au moment où le Fonds monétaire international (FMI) prévient, dans son dernier rapport publié il y a deux jours, que la «chute des prix du pétrole ne suffira pas à soutenir durablement l’économie mondiale», l’Algérie se retrouve dans un «cafouillage» total concernant les mesures à prendre pour faire face à ce genre de situation. D’abord, on annonce la réduction des importations, comme solution première, ensuite on se rétracte sur cette position. Lors du Conseil ministériel restreint qu’il a présidé, mardi 23 décembre 2014, le président de la République avait chargé le gouvernement de veiller à la rationalisation des importations du pays. Une mesure décidée en réponse à la chute du cours du pétrole, et ce, face au poids du coût des importations qui ne cesse d’augmenter, dépassant la barre des 60 milliards de dollars. Pourtant, des mesures avaient été prises auparavant par la Loi de finances complémentaires de 2009, notamment la mise en place du crédit documentaire, et qui avaient pour but de tenter de diminuer les importations, mais celles-ci ont échoué, les importations ont continué à augmenter ces cinq dernières années. Vient, par la suite, l’exploitation du gaz de schiste, alors, les dernières déclarations du Premier ministre et du ministre de l’Énergie laissent à croire qu’il y a un recul par rapport à cette idée, et ce, pour calmer les manifestants du Sud. Le lancement des premiers forages du gaz de schiste, à In Salah, avait pourtant soulagé certains qui voyaient en cette nouvelle exploitation une solution alternative à la production du pétrole. Mais cette joie n’a duré que quelques jours, avant l’éclatement des manifestations des habitants de la région qui se sont opposés à cette idée.
Pour calmer les esprits, le ministre de l’Énergie a déclaré récemment que « le gouvernement n’a pris, à ce jour, aucune décision définitive concernant l’exploitation du gaz de schiste, et effectue actuellement une évaluation technico-économique de ce projet ». Ensuite, c’est le ministre du Commerce qui vient rassurer, à sa manière, en estimant, avant-hier, que «la problématique pour l’Algérie ne résidait pas dans l’augmentation des importations», mais, «comment aller vers l’exportation de nos produits, et la facilitation de l’investissement et l’attrait des investissements étrangers. Cette déclaration est-elle rassurante, au moment où les professionnels ne sont plus convaincus des différentes mesures annoncées jusque-là pour booster les exportations nationales, sachant que ces dernières peinent à se développer, malgré toutes les annonces faites à ce sujet ? Preuves à l’appui, seulement quatre opérateurs algériens réalisent 83% des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie, et la contribution des autres entreprises reste insignifiante, puisque moins de 500 millions de dollars ont été réalisés par plus de 400 exportateurs. Bien que les exportations hors-hydrocarbures aient connu une augmentation de 39,52%, en totalisant 2,81 mds usd en 2014, soit 4,46% du montant global des exportations, ce taux reste « marginal » par rapport au potentiel du pays, selon le Cnis. Les produits hors-hydrocarbures exportés sont constitués notamment du groupe demi-produits avec 2,35 mds usd (hausse de 61,2%), des biens alimentaires avec 323 millions usd (baisse de 19,65%) et les produits bruts avec 110 millions usd (hausse de près de 1%) par rapport à l’année 2013.
Il est déploré également que le Conseil national consultatif de la promotion des exportations, qui devait être opérationnel en octobre 2004, n’ait jamais été installé à ce jour. Il faut dire que toutes les mesures présentées à ce jour pour affronter les retombées de la chute des prix du pétrole
ont du mal à se faire aboutir. Quelles solutions pourraient donc adopter le gouvernement ?
Ines B.
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