La chute des prix du pétrole au-dessous du seuil psychologique des 60 dollars ne cesse de faire réagir les responsables, ainsi que les spécialistes en la matière. Au moment où le gouvernement algérien prend ses dispositions pour parer à d’éventuelles incidences économiques, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, rassure les professionnels du secteur que la baisse des prix du pétrole n’affectera pas son secteur. «Vu l’importance qu’occupe l’agriculture dans la stratégie adoptée dans la sécurité alimentaire, et la construction d’une économie diversifiée hors hydrocarbure, le gouvernement maintient l’option de la relance agricole pour réussir ses objectifs», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue, hier à Alger, en marge de l’ouverture de la 21e session trimestrielle d’évaluation des programmes du renouveau agricole et rural des wilayas. Les participants à la réunion ont généralement axé leurs interventions autour de l’évaluation du plan quinquennal 2009-2014 et les prévisions du prochain quinquennat. Se voulant rassurant, le ministre estime que la situation économique actuelle n’est pas aussi alarmante, puisque le gouvernement avait pris toutes ses dispositions pour éviter d’éventuelles incidences, dans le contexte de l’instabilité des prix du l’or noir. La question de la sécurité alimentaire a été largement commentée par le conférencier, selon qui, la valeur réelle de la production agricole nationale n’est pas évaluée objectivement. Cependant, il a indiqué que le taux de la production nationale a attient plus de 2 761 milliards DA en 2014, contre 2 550 milliards DA en 2013. Annonçant une croissance de la production nationale de 11% entre 2010 et 2014. Pour lui, il y a un problème d’évaluation officielle du taux de production dans le secteur, qui assure, aujourd’hui, près de 72% du besoin national en alimentation. Il ajoutera que son département compte lancer, à partir de 2015 et en collaboration avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), une opération de recensement général objective pour identifier la situation réelle du secteur agricole en Algérie.
Plusieurs défis
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a saisi l’occasion d’hier pour dresser un tableau général du secteur, évaluer les programmes lancés durant le plan quinquennal 2009-2014, mais surtout porter un regard sur le prochain quinquennat, dont l’agriculture se taille la part du lion dans la stratégique de l’économie diversifiée hors hydrocarbure. À cet effet, il a mis le point sur les lacunes enregistrées durant les précédents plans de soutien aux agriculteurs, insistant sur la nécessité d’adapter les aides en fonction du développement enregistré, et les nouveaux besoins dans différentes filières de production. Parmi les grands challenges, l’on cite l’objectif d’atteindre, d’ici 2019, plus de deux millions d’hectares de superficie irriguée, en sachant qu’actuellement le taux est estimé à plus d’un million d’hectare. «C’est une manière d’affronter le problème du changement climatique qui n’épargne pas notre pays, d’autant que de larges superficies agricoles se situent dans des zones arides et semi-arides», soutient le conférencier. Autre chapitre de développement, le soutien à l’investissement et l’acquisition des vaches laitières, dans le cadre de la relance des filières de la production laitière et de la viande rouge. Il faut dire que ce volet constituait le maillon faible du secteur, en sachant que l’Algérie encourageait l’industrie du lait de poudre importée de l’étranger. La révision des procédures de soutien à l’acquisition des matériaux au profit des agriculteurs a été l’autre point phare abordé par Abdelouhab Nouri. Lui qui annonce que les aides seront accordées dans le but de palier au manque de la main-d’œuvre, par l’acquisition des planteuses et récolteuses de différents produits. Il sera encore question, ajoute le ministre, de renforcer les moyens de stockage et les chambres froides pour pouvoir gérer les périodes de soudure. Abdelouhab Nouri a annoncé des procédures de contrôles du travail du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Ce dernier a été, pour rappel, pointé du doigt lors de la dernière flambée des prix des produits agricoles, notamment la pomme de terre.
Signature d’un accord de coopération avec le ministère de la pêche
La réunion des cadres de wilaya du secteur de l’agriculture a été marquée par la signature d’un accord de partenariat officiel entre ce dernier et le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques. Les signataires visent à renforcer la coopération dans le contrôle sanitaire des produits de la pêche et de l’aquaculture, et protéger le consommateur des risques des produits importés pour usage dans le domaine de l’élevage. L’accord vise également à l’échange d’informations liées aux maladies des poissons, et ce, à travers le renforcement des relations entre les laboratoires des deux secteurs. Le ministère de l’Agriculture, qui veille au contrôle sanitaire des animaux, pourra apporter sa contribution dans le contrôle sanitaire des poissons. L’ensemble de ces objectifs s’inscrivent aussi dans le cadre du prochain programme de soutien à l’aquaculture dans les zones rurales, et même à l’intérieur du pays. «Des défis communs que les deux départements auront à conjuguer leurs efforts à réussir les objectifs tracés par le gouvernement», déclare, dans ce contexte, Abdelouahab Nouri. Signalons que la cérémonie en question s’est déroulée à l’occasion de l’ouverture de la réunion, en présence des ministres des deux secteurs. Elle intervient dans le cadre de la coopération effective entre différents ministères.
Salim Nasri